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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/263

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le roi. Il convenait aussi que la sagesse de ce juste fût manifestée avec éclat. Si l’eunuque l’oublie, c’est afin que l’Égypte ainsi que le roi apprennent à le connaître. S’il eût été délivré plus tôt, il eût peut-être désiré de revoir sa patrie. C’est pour cela que mille nécessités, l’arrêtent, d’abord la servitude, puis la prison, enfin le service du roi ; c’est par ces ménagements que Dieu arrivait à ses fins. Il était donc comme un jeune cheval de bonne race qui brûlait de s’élancer librement dans l’espace pour rejoindre les siens, et que Dieu retenait là pour des motifs glorieux. Qu’il désirât de revoir son vieux père et de le délivrer de son chagrin, cela est évident puisque aussitôt il l’appelle près de lui.
4. Voulez-vous que nous considérions d’autres embûches pour faire voir, plus clairement encore qu’elles sont utiles à ceux qui y sont exposés, non seulement parce qu’elles sont toujours suivies d’une récompense sûre, mais encore parce qu’elles, sont accompagnées d’avantages actuels et présents ? L’oncle de Joseph persécuta le père, de celui-ci, il le contraignit à quitter son pars. Hé bien ! il ne fit que l’éloigner du péril et le mettre en sûreté. Il contribua à le rendre plus sage, il lui procura la faveur d’une vision. On objectera qu’il servit sur une terre étrangère. Mais il « arrive dans sa parenté, et ii y prend une épouse, et se fait estimer de son beau-père. Il est vrai que celui-ci voulut aussi lui tendre des embûches. Or, ces embûches tournent encore à son avantage, en le ramenant dans son pays. Un bonheur sans mélange lui eût fait oublier ce retour. J’avoue qu’on lui fit perdre la récompense à laquelle il avait droit, mais par suite cette même récompense se trouva encore augmentée. Plus la persécution multipliait ses attaques, plus la prospérité de Jacob fleurissait. S’il n’eût pas épousé l’aînée des filles de Laban, il ne se serait point vu promptement père de tant d’enfants, il eût passé d’assez longues années sans enfants, et dans le chagrin comme Rachel. Celle-ci avait un motif de pleurer étant si longtemps stérile, tandis que lui trouvait de la consolation, et pouvait repousser les plaintes de sa femme. De plus, s’il n’avait été privé de sa récompense, le désir ne lui serait pas venu de revoir sa terre natale, sa sagesse n’eût pas été mise en évidence, il n’eût pas vu Rachel et Lia s’attacher à lui plus étroitement qu’auparavant. Écoutez ce qu’elles dirent : « Votre père ne nous a-t-il pas dévorées nous et notre argent ? » (Gen. 31,15) Ainsi donc, à être persécuté, il gagna d’être aimé d’avantage. Il eut desservantes au lieu d’épouses, et il fut aimé d’elles, possession à laquelle nulle autre n’est comparable : Nul trésor, en effet, ne vaut l’amour qu’on se porte mutuellement entre époux. « Et une femme vivant en parfait accord avec son mari » (Sir. 25,2) : béatitude unique proclamée par le Sage. Cette condition existant, tout le reste, richesse et prospérité, vient par surcroît ; si au contraire elle manque, tout le reste devient inutile, tout se trouve bouleversé, tout se remplit d’amertume et de confusion. Recherchons donc ce point – avant tout. Celui qui recherche l’argent, ne recherche pas autre chose. Recherchons ce qui peut être durable. Ne recherchons pas en mariage les femmes riches, de peur que la disproportion de la fortune ne donne à l’épouse des sentiments de hauteur qui pourraient devenir une cause de discorde. Voyez ce que Dieu a fait, comment il a soumis la femme à son mari. Pourquoi n’avez-vous ni reconnaissance ni bon sens ? Cessez de pervertir le don de Dieu. Ne recherchez donc pas une femme gui soit riche, mais une femme qui soit votre compagne dans la vie, pour la procréation des enfants. Dieu a donné la femme à l’homme, non pour qu’elle lui rapporte des revenus, mais pour qu’elle soit son aide.. Celle qui vient avec une riche dot vient en ennemie, en souveraine, et non simplement comme une femme. Riche, elle se croit en droit d’être arrogante. Rien de plus vil qu’un homme qui a résolu de s’enrichir par cette voie. Si la richesse est déjà par elle – même remplie de tentations, que dire de la richesse ainsi acquise ? Ne considérez pas si un tel ou un tel a quelquefois réussi de cette manière par hasard, et contre toute vraisemblance. Ces heureuses fortunes ; qui arrivent extraordinairement à quelques-uns, ne méritent guère qu’on s’y arrête. Or, si l’on examine cette question au point de vue de la raison, il est certain que ces sortes d’unions sont remplies d’amertume. De plus le déshonneur ne vous atteint pas seul, il atteint encore vos enfants que vous laisserez pauvres si vous vous en allez le premier, car votre femme ne manquera pas de prétextes pour contracter un second mariage. N’en voyons-nous pas un grand nombre se remarier sous le prétexte