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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/265

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sorte de confusion. « Et Paul ayant été appelé, Tertulle commençai à l’accuser en ces termes : Comme c’est par vous, très illustre Félix, que nous jouissons d’une profonde paix, et que plusieurs mesures très salutaires à ce peuple ont été arrêtées par votre sage prévoyance, nous le reconnaissons en toutes rencontres et en tous lieux, et notes vous en rendons de très humbles actions de grâces. Mais ne voulant pas vous détourner plus longtemps des affaires de votre gouvernement, je vous prie d’écouter avec votre bonté ordinaire ce que nous avons à vous dire en peu de paroles ». (Chap. 24, l, 4) Mais c’est vous-mêmes, grand prêtre et anciens du peuple, qui avez tout fait ; quel besoin aviez-vous donc d’un orateur ? Voyez comme celui-ci, dès le début, cherche à présenter Paul comme un novateur et comme un séditieux ; comme il cherche, par ses éloges, à capter l’opinion du juge. Remarquez aussi que, comme s’il avait beaucoup à dire, il court rapidement d’une chose à l’autre, et se borne à dire ceci : « Afin de ne pas vous détourner glus longtemps des affaires de votre gouvernement ». Voyez en même temps de quelle manière il fait naître dans le cœur du juge le désir de la sévérité, puisqu’il ne s’agit de rien moins pour lui que d’arrêter les menées du perturbateur de l’univers, et que c’est un grand intérêt qui excite leur zèle. « Ayant trouvé cet homme qui est une peste publique, qui pousse à la révolte tous les Juifs de l’univers, quai est le chef de la secte des Nazaréens, qui a même tenté de profaner le « temple, nous nous étions saisis de lui, « et le voulions juger suivant notre loi. Mais le tribun Lysias étant survenu, nous l’a arraché d’entre les mains avec une grande violence, ordonnant que ses accusateurs viendraient comparaître devant vous ; et vous pourrez vous-même l’examiner et reconnaître la vérité de toutes les choses dont nous l’accusons (54 »). – « Il excite », dit-il, « le trouble parmi tous les Juifs répandus dans le monde ». Ils l’accusent d’être le fléau, l’ennemi publie de la nation, et le chef de la secte des Nazaréens. Rien n’était plus infamant que cette dénomination de Nazaréen », à cause du mépris qu’on affectait à l’égard de Nazareth. C’est pourquoi ils mettent en avant cette particularité, et cherchent à y trouver un nouveau sujet d’accusation contre lui. « Ayant trouvé cet homme », dit-il. Remarquez avec quelle méchanceté ils le décrient comme un criminel qui a pris la fuite, et qu’ils ont eu de la peine à atteindre, bien qu’il eût passé sept jours dans le temple. « Nous nous étions saisis de lui, et le voulions juger suivant notre loi ». Voyez comme ils outragent cette loi elle-même, à moins qu’il ne fût permis par la loi de frapper, de tuer, de dresser des embûches. Puis vient l’accusation dirigée contre Lysias. « Mais le tribun Lysias étant survenu, nous l’a arraché d’entre les mains avec une grande violence », action, semble-t-il dire, qu’il ne lui appartenait pas de faire, et qu’il s’est pourtant permise. « Vous pourrez vous-même, en l’interrogeant, reconnaître la vérité des choses dont nous l’accusons. Les Juifs ajoutèrent que, tout cela était véritable ». Mais que fait Paul pendant ce temps ? Est-ce qu’il garde le silence sur tout cela ? Nullement. Il prend de nouveau la parole librement et sans crainte, il répond, et cela par ordre du procurateur ; car lé texte ajoute : « Mais le procurateur ayant fait signe à Paul de parler, il répondit en ces termes : J’entreprendrai avec d’autant plus de confiance de me justifier devant vous, que je sais que, depuis plusieurs années, vous gouvernez avec justice cette province, et qu’il vous est aisé de savoir qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis venu adorer à Jérusalem, et ils ne m’ont point trouvé disputant avec qui que ce soit dans le temple, ni amassant le peuple, soit dans les synagogues, soit dans la ville, et ils ne sauraient prouver aucun des chefs dont ils m’accusent maintenant (9-13) ». Rendre témoignage à l’équité du juge, ce n’est pas le langage de la flatterie, langage que nous trouvons bien plutôt dans ces paroles : « C’est par vous que nous jouissons d’une profonde paix », ce qui revient à dire : Mais vous, pourquoi excitez-vous injustement des séditions ? Remarquez que les Juifs poussaient le juge à, l’injustice ; Paul ne cherche que la justice, et c’est pour cela qu’il dit : « J’entreprendrai avec d’autant plus de confiance de me justifier ». Il se prévaut ensuite du temps : « Je sais que depuis plusieurs années vous rendez la justice dans cette province ». Cela importait-il beaucoup à sa démonstration ? Sans doute : car par là il fait voir que le gouverneur lui-même sait que Paul n’a rien fait de ce dont il est accusé. Si, en effet, il eût excité quelque trouble,