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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/266

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Félix, en sa qualité de juge, l’aurait su, et un fait aussi grave ne se serait pas dérobé à sa connaissance. Puis, comme l’accusateur n’a rien pu prouver sur les prétendues menées de Paul dans la ville de Jérusalem, voyez ce qu’il ajoute : « Il excite le trouble parmi tous les Juifs répandus dans le monde », accumulant ainsi mensonge sur mensonge. Voilà pourquoi Paul le chassant de cette position, dit : « Je suis venu pour adorer », à peu près comme s’il disait pour se justifier : tant je suis éloigné de chercher à exciter des troubles. Et il insiste sur ce solide argument, en ajoutant : « Ils ne m’ont point trouvé disputant avec qui que ce soit, ni dans le temple, ni dans la ville, ni dans la synagogue », ce qui était vrai. Et Tertulle lui donne la qualification de chef. », comme dans un combat ou une émeute ; mais Paul se borne à répondre avec douceur : « Il est vrai, et je le reconnais devant vous, que selon cette religion qu’ils appellent secte, je sers le Dieu de nos pères, croyant toutes les choses qui sont écrites dans la loi et dans les prophètes ; espérant en Dieu, comme ils l’espèrent eux-mêmes, que tous les hommes justes injustes ressusciteront un jour (14, 15) ».
2. Considérez ceci : les Juifs s’attachent à le séparer, à l’isoler, d’eux : mais lui se confond avec eux en s’unissant à la, loi par les raisons mêmes qu’il fait valoir pour sa justification. Et pour donner plus de force à ce qu’il a dit, il ajoute : « C’est pourquoi je travaille incessamment à conserver ma conscience exempte de reproche devant Dieu et devant les hommes. Mais étant venu, après plusieurs années, pour faire des aumônes à ma nation et des sacrifices à Dieu ; lorsque je vaquais encore à ces exercices, ils m’ont trouvé purifié dans le temple, sans rassemblement du peuple et sans tumulte.(16, 18) ». Pourquoi êtes-vous monté à Jérusalem ? Pourquoi êtes-vous venu ? Pour adorer », répondit-il, « pour à faire des aumônes ». Ce n’était pas le fait d’un séditieux. Ensuite, il fait tomber les masques, en disant, sans rien particulariser : « C’est dans ces exercices que m’ont trouvé quelques Juifs d’Asie, qui auraient dû comparaître devant vous, et se rendre accusateurs, s’ils avaient quelque chose « contre moi ; mais que ceux-ci déclarent « s’ils ont trouvé en moi quelque iniquité, lorsque j’ai comparu dans leur assemblée, à moins que l’on ne m’accuse de cette parole que j’ai dite hautement en leur présence :.C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui traduit en justice par vous (19-21) ». Le propre d’une justification complète, c’est de ne pas reculer devant ses accusateurs, et d’être prêt à rendre compte à tous de sa conduite. « C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui », dit-il, « traduit en justice par vous ». Et il ne dit rien de tout ce qu’il pouvait dire à bon droit, à savoir : qu’ils l’ont épié, qu’ils l’ont détenu, qu’ils lui ont dressé des embûches : (car tout cela, ceux-ci racontent qu’ils l’ont fait, mais lui, quelque danger qu’il coure en ce moment, il n’en dit rien) il garde le silence à ce sujet ; et bien qu’il eût mille choses à dire, il borné ##Rem sa justification à ce seul point, dans la ville de Césarée, où son arrivée, au milieu d’une telle escorte, a eu un certain éclat. « Pendant que je vaquais à a ces exercices, ils m’ont trouvé purifié dans le temple ». Comment donc l’a-t-il profané ? La même personne n’a pu se purifier et adorer en même temps qu’elle profanait les saints lieux. Le soin qu’il a – de s’interdire les longueurs ajoute à la force de sa défense. Et cela même fait plaisir au juge ; et c’est aussi dans ce dessein que Paul me paraît resserrer le champ de sa justification. Mais reprenons ce qui a été dit plus haut.
Comme Tertulle avait précédemment fait de longues harangues, il ne dit pas simplement : écoutez l’exposé de l’affaire, mais pour ne pas vous détourner plus longtemps des soins, de votre gouvernement, je vous prie de nous écouter avec votre bonté ordinaire », montrant par là qu’il a l’intention d’abréger. Peut-être arrange-t-il ainsi son discours pour gagner la faveur de Félix, ou plutôt, n’y a-t-il pas quelque chose de bienveillant à ne dire que quelques mots pour ne pas être importun, alors qu’on aurait beaucoup à dire ? « Nous avons trouvé cet homme qui est une pesté, publique… Il a même tenté de profaner le temple ». – Il ne l’a donc pas profané effectivement. – Mais peut-être a-t-il commis ailleurs cette profanation. – Nullement ; car, dans ce cas, Tertulle en eût parlé. Or, il se contente de dire ici : « il a tenté », mais le « comment » il ne l’ajoute, pas. En même temps qu’il s’attache ainsi à mettre en relief et à exagérer tout ce qui est contre Paul, voyez