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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/267

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comme il atténue les torts des Juifs dans toute cette affaire. « Nous nous étions saisis de lui », dit-il, « et le voulions juger suivant notre loi. Mais le tribun Lysias étant survenu, nous l’a arraché d’entre les mains avec une grande violence ». Il fait voir ici que c’est par suite d’une sorte de violence qu’ils comparaissent ainsi devant un tribunal étranger, et qu’ils n’importuneraient pas en ce moment le procurateur, si Lysias ne les y avait forcés, et qu’il n’avait pas le droit de leur enlever cet homme. C’est contre – nous que cet homme a commis ses méfaits ; c’est donc chez nous qu’il devrait être mis en jugement. – Pour reconnaître que c’est bien là ce qu’il veut dire, vous n’avez qu’à voir la suite : « Avec une grande violence », dit-il, c’est là en effet de la violence. « Vous pourrez savoir de lui ». Il n’ose pas lui-même se porter accusateur, car c’était un homme indulgent pour ses semblables, et il ne veut pas non plus passer outre sans raison. Puis, pour qu’on ne croie pas qu’il vient, il fait de Paul son propre accusateur. « Vous pouvez », dit-il ; « l’examiner et reconnaître la vérité de toutes ces choses ». Viennent ensuite les témoins qui doivent confirmer ses allégations : « Les Juifs ajoutèrent que tout cela était véritable ». Les accusateurs sont ici à la fois témoins et accusateurs. Paul répond : « Sachant que depuis plusieurs années, vous gouvernez avec justice cette province ». Puisque depuis plusieurs années il connaît le juge, il n’est donc ni un étranger, ni un barbare, ni un novateur. Et c’est avec raison qu’il ajoute ce mot : « avec justice », par lequel il exclut toute idée de partialité, soit à L’égard du grand prêtre, soit à l’égard du peuple, soit à l’égard de son accusateur. Remarquez qu’il s’abstient de toute invective, bien qu’il y soit poussé pair sa situation même. « Croyant », dit-il « toutes les choses qui sont écrites dans la loi ». Il dit cela pour montrer que ce dont ils l’accusent ne saurait être le fait d’un homme qui croit à la résurrection, résurrection qu’ils attendent eux-mêmes. Il n’a pas dit, en parlant d’eux, qu’ils croient à ce qui est écrit dans les prophètes, (car ils n’y croyaient pas). Comment croyait-il, lui, à tous ces prophètes, et non les Juifs ? C’est ce qu’il serait trop long d’expliquer en ce moment.
On pourrait s’étonner qu’énonçant tant de choses, nulle part il ne fasse mention du Christ. Je réponds que, dans ce terme croyant », il a compris tout ce qui avait trait au Christ, mais il s’en tient pour le moment au sujet de la résurrection, parce que cette croyance était commune aux chrétiens et aux Juifs, et qu’ainsi il écarte – tout soupçon de sédition. Vient ensuite la raison de son voyage à Jérusalem. « Je suis venu faire des aumônes à ma nation et à Dieu des offrandes », et cela depuis plusieurs années ». Comment donc aurait-il mis le trouble parmi des gens auxquels il est venu faire l’aumône, après avoir entrepris à cet effet un si grand voyage ? « Sans attroupement », dit-il, « sans tumulte ». Il s’attache partout à ôter à sa conduite tout caractère séditieux. C’est bien à propos qu’il fait appel, pour être ses accusateurs, aux Juifs d’Asie, disant : « Ils devraient paraître devant vous et m’accuser, s’ils avaient quelque grief contre moi ». Il est si assuré de son innocence quant aux choses dont on l’accuse, qu’il croit pouvoir leur porter ce défi. Et il accepte pour accusateurs ; non seulement les Juifs d’Asie, mais encore ceux de Jérusalem, et il presse ces derniers de se présenter aussi, en ajoutant : « Ou bien que ceux-ci même déclarent ». Car ce qu’ils supportaient avec peine dès le commencement, c’est que Paul annonçât la résurrection. Et il avait raison d’en agir ainsi : car ce point établi, il lui, était facile d’amener ce qui concerne la résurrection du Christ. « Quelle iniquité », dit-il, « ont-ils trouvée en moi, « lorsque j’ai comparu dans leur assemblée ? » Il dit : « Dans leur assemblée », pour montrer qu’ils n’ont rien trouvé contre lui, non pas à la suite d’une enquête faite à son sujet en particulier, mais en présence d’une multitude de gens examinant cette affaire avec le plus grand soin.
3. Que ce que je dis soit vrai, c’est ce que prouvent ceux-là même qui l’accusent sur ce point. C’est pour cela qu’il a dit : « C’est pourquoi je travaille incessamment à conserver ma conscience exempte de reproche devant Dieu et devant les hommes ». En effet, la vertu parfaite consiste à ne pas donner prise aux reproches des hommes, et à s’efforcer d’être également irréprochable devant Dieu. « J’ai crié », dit-il, « dans l’assemblée », montrant par cette expression : « J’ai crié », leur violence à son égard, comme s’il disait : Ils ne sauraient alléguer que j’ai fait cela sous prétexte de faire l’aumône ; car il n’y a eu autour