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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/272

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le retient-il après l’avoir absous ? Pour ménager les Juifs, ou encore parce qu’il espère recevoir de l’argent. Voilà pourquoi il mande de nouveau Paul devant lui ; et pour nous montrer clairement que c’est pour cela qu’il le mande, l’historien sacré ajoute : « Quelques jours après, Félix étant revenu à Césarée avec Drusille sa femme, qui était juive, fit appeler Paul, et écouta ce qu’il lui dit de la foi en Jésus-Christ. Mais comme Paul lui parlait de justice, de chasteté, et du jugement à venir, Félix en fut effrayé et lui dit : C’est assez maintenant, allez ; je vous appellerai quand il en sera temps ; et parce qu’il espérait que Paul lui donnerait de l’argent, afin qu’il le mit en liberté, il l’envoyait chercher souvent et s’entretenait avec lui (24-26) ». Voyez quel caractère de vérité s’attache à l’Écriture. Il l’envoyait chercher souvent, non qu’il fût dans l’admiration à son sujet, ni qu’il donnât des éloges à ses paroles, ni qu’il fût disposé à croire ; mais pourquoi donc ? « Parce qu’il espérait qu’il lui donnerait de l’argent ». Considérez que, en relatant cette circonstance, l’écrivain sacré nous laisse assez comprendre quelle était l’opinion du juge. Certes, s’il eût condamné Paul, il n’eût pas agi de la sorte, et n’aurait pas voulu s’entretenir avec un criminel, avec un homme condamné par la justice. Et remarquez que Paul, admis aux entretiens du gouverneur, ne lui dit rien de ce qu’il fallait dire pour le toucher et le fléchir, mais lui tient des discours qui l’effrayent, qui jettent le trouble dans ses pensées : « Il parlait de justice, de chasteté et du jugement à venir ; Félix en fut effrayé ». Telle était la force des paroles de Paul, qu’elles épouvantaient le gouverneur. Puis un successeur est donné à celui-ci ; il n’en laissa pas moins Paul en prison, ce qu’il ne devait pas, faire, au lieu d’en finir en rendant son jugement. Mais c’est encore pour ménager les Juifs qu’il agit de la sorte. Et ceux-ci y mettaient untel acharnement, qu’ils revinrent à la charge auprès du juge ; jamais ils n’avaient poursuivi ainsi aucun des apôtres ; après avoir commencé à les attaquer, ils se désistaient. La Providence avait permis que Paul s’éloignât de Jérusalem où il avait à lutter contre ces bêtes féroces et voilà qu’ils demandent qu’il y soit amené de nouveau pour y être jugé. Mais ici encore se manifesta l’action de la Providence qui ne permit pas que le gouverneur fît ce qu’on lui demandait, comme on pouvait s’y attendre de la part d’un homme qui, venant à peine de prendre possession de son gouvernement, était naturellement disposé à leur accorder quelque faveur. Et quand ils furent arrivés ; ils eurent l’impudence de renouveler leurs accusations avec plus de force ; et comme ils n’avaient pu le surprendre en faute contre leur loi, ils recoururent à leur ruse accoutumée, et qu’ils avaient déjà employée contre le Christ, et qui était de le représenter comme rebelle à César.
En effet, que Paul ait eu à se justifier d’offenses contre César, c’est ce qui est évident par ces mots que l’écrivain sacré, l’entendant ainsi, ajouté immédiatement : « Deux ans s’étant passés, Félix eut pour successeur Porcins Festus ; et voulant plaire aux Juifs, il laissa Paul en prison (27). Festus, « étant donc arrivé dans la province, trois jours après, monta de Césarée à Jérusalem. Et les princes des prêtres et les premiers d’entre les Juifs vinrent vers lui pour accuser Paul, et demandèrent en, grâce qu’il le fît amener à Jérusalem, préparant des embûches sur le chemin pour l’assassiner. Mais Festus leur répondit que Paul était gardé à Césarée, et que lui-même irait bientôt. Que les principaux d’entre vous, leur dit-il, y viennent avec moi, et s’il y a quelque crime en cet homme, qu’ils l’accusent. Or, après avoir demeuré huit ou dix jours à Jérusalem, il descendit à Césarée ; et le lendemain, il s’assit sur son tribunal et commanda qu’on amenât Paul. Quand on l’eût amené, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem, l’entourèrent, accusèrent Paul de plusieurs grands crimes dont ils ne pouvaient apporter aucune preuve. Et Paul se défendait, disant : Je n’ai péché en rien contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. Festus, qui voulait plaire aux Juifs, demanda à Paul : « Voulez-vous aller à Jérusalem, et y être jugé devant moi sur ce dont on vous accuse ». (25, 1-9) Voyez de quelle manière Festus cherche à satisfaire les Juifs, le peuple tout entier, et la cité. Une seconde fois Paul l’épouvante, en n’employant à cet effet que des armes honnêtes, écoutez de quelle manière : « Mais Paul dit : Me voici devant le tribunal de César, c’est là qu’il faut que je sois jugé. Je n’ai fait, aucun tort aux Juifs, comme vous le savez vous-même fort bien. Car, si