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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/273

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j’ai nui à quelqu’un, ou si j’ai fait quelque chose qui mérite la mort, je ne refuse pas «.de mourir ; mais s’il n’y a rien de véritable dans leurs accusations, personne ne peut me livrer entre leurs mains. J’en appelle à César (10, 11) ». Quelqu’un dira peut-être ici : Pourquoi, après avoir entendu ces paroles : « Il faut aussi que tu rendes témoignage de moi à Rome » (Act. 23,11), Paul agissait dans cette occasion comme s’il n’y croyait pas ? Loin de nous une telle pensée ! Tout au contraire, il était plein de foi en ces paroles. C’eût été tenter Dieu que de se prévaloir de cette déclaration pour se précipiter en mille périls, en disant ensuite : Voyons si Dieu pourra me, délivrer. Mais ce n’est pas ainsi que Paul se conduit : il emploie pour sa défense tous les moyens qui sont en lui, et s’en remet à Dieu de j’issue de cette affaire. Et en se justifiant de cette façon, il fait une certaine impression sur l’esprit du gouverneur ; car c’est comme s’il lui disait : Si je suis coupable, c’est à bon droit que vous me livrez à mes ennemis ; mais si je suis innocent, pourquoi me livrez-vous à eux ? « Personne », dit-il, « ne peut me livrer entre leurs mains ». Il lui inspire une certaine crainte qui l’empêche de le livrer, alors même qu’il y serait enclin, et cet appel à César est pour lui une excuse auprès d’eux. « Alors Festus, ayant délibéré avec le conseil, répondit : Vous en avez appelé à César, vous irez vers César (12) ».
2. Considérez que le gouverneur communique cette affaire à Agrippa, pour que d’autres que lui-même, à savoir : le roi, l’armée et Bérénice en soient informés. Et Paul est ainsi amené à présenter encore une fois sa défense : « Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice vinrent à Césarée pour saluer Festus. Et comme ils y demeurèrent plusieurs jours, Festus parla de Paul au roi, disant : Il y a un homme que Félix-a laissé prisonnier ; et que les princes des prêtres et les anciens des Juifs vinrent accuser devant moi pendant que j’étais à Jérusalem, me demandant sa condamnation je leur répondis : Ce n’est point la coutume des Romains de condamner à mort un homme avant que l’accusé ait ses accusateurs présents, et qu’on lui ait donné la liberté de se justifier du crime dont on l’accuse. Après donc qu’ils furent arrivés ici, je m’assis, sans différer, et dès le lendemain, sur le tribunal, et j’ordonnai qu’on amenât cet homme. Ses accusateurs ayant paru, ne lui reprochaient aucun des crimes dont je le soupçonnais. « Ils l’accusaient seulement de quelques débats touchant leur superstition, et sur un certain Jésus mort, que Paul assurait être vivant. Et ne sachant comment décider cette question, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem, et y être jugé sur les points dont on l’accusait : Mais Paul en ayant appelé, et voulant que sa cause fût réservée à la connaissance d’Auguste, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoie à César. Et Agrippa dit à Festus : Je voudrais moi-même entendre cet homme. – Vous l’entendrez demain, dit Festus (13-22) ».
Considérez ce nouvel exposé de l’accusation des Juifs, tel qu’il est fait, non plus par Paul, mais par le gouverneur. « Les princes des prêtres et les anciens des Juifs », dit-il, « vinrent l’accuser devant moi, me demandant sa condamnation. Je leur répondis… » Voyez ce qu’il répond à leur confusion : « Ce n’est pas la coutume des Romains de livrer un homme à ceux qui demandant sa mort », c’est-à-dire, qu’il est absolument impossible de vous le livrer, avant de lui avoir permis de rendre compte de sa conduite : Ayant donc suivi cette coutume avant de condamner Paul, il n’a trouvé aucun grief : et voilà pourquoi il est dans la perplexité touchant cette affaire, comme la suite le montre : « Ne sachant comment décider cette question ». Il ne parle ainsi que pour voiler sa propre faute. Et pendant qu’il cherche à la voiler, Agrippa désire voir Paul. Remarquez que les gouverneurs, tout en ne cessant de repousser la haine des Juifs, sont souvent forcés d’agir contrairement à la justice, et de chercher des prétextes pour ajourner leur décision ; car ce n’était pas sans savoir ce qu’il faisait, que Festus venait d’ajourner sa sentence. Mais Agrippa, non seulement ne manifeste contre Paul aucun sentiment de répulsion, mais il veut même l’entendre : et il y a lieu de s’étonner qu’il ait aussi vivement désiré voir un homme qui était à ses yeux un accusé, bien qu’il le fût injustement. Et ceci serait encore une permission de la Providence. Aussi là femme même d’Agrippa entend Paul, comme son mari, et est admise dans l’assemblée. Et non seulement ils l’entendent, mais encore c’est en grande pompe qu’ils y viennent dans ce dessein, tant