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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/275

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la mort, je ne refuse pas de mourir ». C’est comme s’il disait : Je prononce la sentence contre moi-même. Et ce n’est pas là le discours d’un homme qui se condamne lui-même à la mort, mais d’un homme qui croit fermement à ses propres paroles. En effet, pour qu’une plaidoirie puisse convaincre et loucher, il faut qu’une noble assurance l’accompagne, « Mais s’il n’y a rien de véritable dans toutes les accusations qu’ils dirigent contre, moi, personne ne peut me livrer entre leurs mains ». Qu’est-ce à dire ? Il ne le pourrait pas, quand même il le voudrait. Il ne dit pas : Je ne mérite pas la mort, ou bien, je ne mérite pas d’être absous. Il se borne à dire : Je suis prêt à être jugé par César, et se souvenant en ce moment du songe qu’il avait eu, il n’en a que plus d’assurance pour en appeler à César. Et il ne dit pas : « Vous ne pouvez pas », mais : « Personne ne peut » ; et il ajoute : « J’en appelle à César », parole qui n’a rien d’offensant pour le gouverneur. « Alors Festus, après en avoir conféré avec l’assemblée, répondit : Vous ; en avez appelé à César, vous irez devant César ».
Avez-vous remarqué avec quelle faveur il traite les Juifs ? En effet, conférer avec les accusateurs, c’est, de la part d’un juge, un acte de faveur ; c’est le propre d’un esprit déjà gagné et séduit, et qui trouble l’ordre rigoureux qui doit présider à un débat judiciaire. Voyez-le ajournant de nouveau son jugement, et, par suite de cet ajournement, voyez comme Paul trouve, dans les embûches : qu’on lui tend, une occasion nouvelle de prêcher sa doctrine. En effet, la Providence permet qu’il soit amené à Jérusalem, entouré de gardes ; et sans que, personne, dans le trajet, l’importune ou lui tende des pièges. Autre chose était d’arriver purement et simplement à Jérusalem, autre chose d’y arriver pour un pareil motif. Son arrivée même fut pour les Juifs une occasion de s’y rassembler de toutes parts. Puis un certain temps se passe pendant son séjour à Jérusalem, afin que vous appreniez que, même quand ils ont tout le temps nécessaire pour préparer leurs attaques, ses ennemis ne sauraient prévaloir contre luit quand Dieu ne le leur permet pas. « Le roi Agrippa et Bérénice descendirent à Césarée ». Cet Agrippa, qui est aussi appelé Hérode Agrippa, me paraît être un autre que celui qui mit Jacques à mort ; il est le quatrième des Hérode, immédiatement après celui-ci. – Voyez maintenant les ennemis de Paul s’accordant et se concertant entre eux, comme malgré eux. Comme il y avait foule pour assister à cette affaire, Agrippa éprouva aussi le désir d’entendre les débats ; et il ne se borne pas à venir les entendre, il y a plus : il se rend en grande pompe dans l’assemblée. Et voyez la manière dont le gouverneur se justifie : « Comme lui-même en a appelé à Auguste, j’ai résolu de lui envoyer cet homme sur le compte duquel je n’ai rien de certain à écrire à l’empereur ». Telle est la décision de Festus, et ainsi se montre au grand jour la cruauté des Juifs. Car en parlant de la sorte, le gouverneur n’est pas suspect. Mais Dieu permet qu’il parle ainsi, pour que les Juifs soient condamnés même par sa bouche ; et après que tous les auront ainsi condamnés, alors Dieu lui-même enverra son châtiment. Or, examinez bien : Lysias les a condamnés, Félix les a condamnés, Festus, et ceux-là même qui voulaient leur être agréables, les ont condamnés, Agrippa les a condamnés. Que faut-il de plus ? Les pharisiens eux-mêmes les condamnèrent. Et que Festus lui-même les ait condamnés, c’est ce que vous pouvez entendre de sa bouche. « Ils n’intentaient contre lui aucune accusation touchant les choses dont je m’étais attendu qu’ils l’accuseraient ». Ils ont bien avancé certaines choses, mais ils n’ont rien prouvé les embûches dressées par eut à Paul, et l’audace même avec laquelle ils l’accusaient, faisaient bien conjecturer qu’ils seraient en état de donner cette preuve ; mais l’examen de l’affaire a fait tomber ces conjectures. « Relativement », dit-il, « à un certain Jésus mort ». Cette expression : « Un certain », est ici bien placée dans la bouche d’un homme élevé en dignité, et qui ne s’occupe pas des détails. C’est pour la même raison qu’il ajoute : « Ne sachant donc quelle résolution je devais prendre dans cette affaire ». Effectivement, la recherche de ces sortes de choses dépassait là portée d’esprit d’un tel juge. – Mais si tu es dans l’embarras, pourquoi l’entraînes-tu à Jérusalem ? C’est pourquoi Paul, qui décline son jugement, en appelle à César, en disant Me voici devant le tribunal de César ; c’est là qu’il faut que je sois jugé » ; car on l’accusait de rébellion contre César. Entendez-vous cet appel ? Entendez-vous les Juifs formant de nouveaux complots, préparant de nouveaux troubles ?