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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/280

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Agrippa, de pouvoir me justifier devant vous de tous les griefs que les Juifs élèvent contre moi, parce que vous êtes pleinement informé de toutes les coutumes des Juifs, et de toutes les questions, qui sont entre eux ; c’est pourquoi je vous supplie de m’écouter avec patience ». (Chap. XXVI. 1-3) Certes, si sa conscience lui eût reproché quelque chose, il n’eût pas manqué de se troubler à la pensée d’être jugé par celui qui savait tout : mais c’est le propre d’une conscience pure, non seulement de ne pas refuser comme juge celui-là même qui sait exactement ce qui s’est passé, mais encore de s’en réjouir voilà pourquoi il s’estime heureux de cette circonstance, et dit : « Je vous supplie de m’écouter avec patience ». Et c’est parce qu’il avait quelques développements à donner à son discours, et qu’il avait quelque chose à dire sur lui-même, qu’il a pris celte précaution oratoire ; puis il ajoute : « Premièrement, pour ce qui regarde la vie que j’ai menée dans Jérusalem parmi ceux de ma nation depuis ma jeunesse, elle est connue de tous les Juifs. S’ils veulent rendre témoignage à la-vérité, ils savent déjà que dès mes plus tendres années, j’ai vécu en pharisien, faisant profession de cette secte qui est la plus exacte de votre religion (4-6) ». C’est comme s’il disait : Comment pourrait-il se faire que j’aie été un séditieux, étant encore si jeune, et alors que je puis invoquer le témoignage de tous ? Et pour qu’on ajoute foi à ce qu’il avance, il rappelle la secte à laquelle il appartient : « J’ai vécu faisant profession de cette secte qui est la plus exacte de votre religion ».
Et comme quelques-uns auraient pu lui adresser cette objection : Mais quoi ! ne peut-il pas se faire que ta secte soit admirable et que tu sois un méchant ? Voyez comme il prévient cette difficulté, en invoquant le témoignage de tous les Juifs qui connaissent sa vie et tout l’ensemble de sa conduite. « C’est ce que savent tous les Juifs, dit-il, s’ils veulent rendre témoignage à la vérité, m’ayant déjà connu dès mes plus tendres années. Et voilà que maintenant on m’oblige à paraître devant des juges ; parce que j’espère en la promesse que Dieu a faite à nos pères : de laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu sans relâche nuit et jour, espèrent obtenir l’effet. « C’est cette espérance, ô roi Agrippa ! qui est le sujet de l’accusation que les Juifs forment contre moi : est-ce que l’on regarde donc, parmi vous, comme incroyable que Dieu ressuscite les morts (6-8) ? » – Il donne deux preuves de la résurrection : l’une est tirée des prophètes ; il ne cite aucun prophète en particulier, mais se contente de dire que telle est la croyance des Juifs ; l’autre, qui est plus forte, il la tire des faits mêmes. Et quelle est-elle ? Que le Christ, après être ressuscité des morts, s’est entretenu avec lui. Et cette preuve elle-même, il l’entoure d’autres preuves, en racontant, dans tous ses détails, son ancien emportement contre les chrétiens ; et il la relève ensuite par l’éloge des Juifs : « De laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu nuit et jour, espèrent obtenir l’effet ». C’est comme s’il disait : Alors même que ma vie ne serait pas irréprochable, ce n’est pas sur ces choses que je devrais être jugé. Ô roi Agrippa ! Vient ensuite une autre raison : « Eh quoi, est-ce que l’on regarde parmi vous comme incroyable que Dieu ressuscite les morts ? » Car si telle n’était pas leur croyance, s’ils n’avaient pas été élevés dans ces dogmes, et que maintenant on vînt les mettre en avant, il y aurait probablement des gens qui fermeraient leurs oreilles à ce discours de Paul. Il rappelle ensuite ses persécutions contre les chrétiens, et cet exposé ne peut que donner plus de force à son raisonnement ; il invoque le témoignage des princes des prêtres, et des villes étrangères, et t’appelle la voix qui s’est fait entendre à lui, et qui lui a dit : « Il vous est dur de regimber contre l’aiguillon ». Après cela, il fait voir combien est grande la miséricorde de Dieu, lui apparaissant à lui, Paul ; qui le persécutait. Et il n’a pas seulement été bon envers moi, l’a-t-il entendre ##Rem, mais encore envers les autres hommes, auprès desquels il m’a envoyé pour leur enseigner la vérité.
2. Il cite ensuite la prophétie qu’il a entendue : « C’est pour cela que je vous ai apparu, vous délivrant de ce peuple et des gentils, auxquels je vous envoie maintenant ». Et pour mieux montrer les caractères divins de sa mission, il expose les faits en ces termes : « Pour moi, j’avais cru d’abord qu’il n’y avait rien que je ne dusse faire contre le nom de Jésus de Nazareth. Et c’est ce que j’ai exécuté dans Jérusalem, où j’ai mis en prison plusieurs dès Saints, en ayant reçu le pouvoir des princes des prêtres ; et lorsqu’on les