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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/281

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faisait mourir, j’y ai donné mon consentement. J’ai été souvent dans toutes les synagogues où je les contraignais à blasphémer à force de supplices, et étant transporté de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères. Un jour donc, que j’allais dans ce dessein à Damas avec un pouvoir et une commission des princes des prêtres, et que j’étais en chemin, je vis, ô roi, briller du ciel, en plein midi, une lumière plus éclatante que celle du soleil, qui m’environna ainsi que tous ceux qui m’accompagnaient. Et étant nous tous tombés parterre, j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutez-vous ? Il vous est dur de regimber contre l’aiguillon. Et moi je dis : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Je suis Jésus, que vous persécutez. Mais levez-vous et vous tenez debout ; car je vous ai apparu, afin de vous établir ministre et témoin des choses que vous avez vues, et aussi de celles, que je vous montrerai, vous ayant délivré de ce peuple et des gentils auxquels je vous envoie maintenant, pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils se convertissent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, et que, pour la foi « qu’ils, auront en moi, ils reçoivent la rémission des péchés et aient leur part à l’héritage des saints (9-18) ». Considérez avec quelle douceur Paul s’exprime : « Dieu m’a dit : je vous ai apparu afin de vous établir a ministre et témoin des choses que vous avez vues, et de celles aussi que je vous montrerai, vous ayant délivré de ce peuple et des gentils auxquels je vous envoie maintenant, « pour leur ouvrir les yeux, afin qu’ils, se convertissent des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, et qu’ils reçoivent la rémission des péchés ». C’est comme s’il disait : J’ai cru à ces paroles, c’est par cette vision qu’il m’a ramené à lui, et qu’il m’a tellement convaincu que je n’ai pu différer d’un seul instant. « Je ne résistai donc pas, ô roi Agrippa ! à la vision céleste ; mais j’ai annoncé premièrement à ceux de Damas, et ensuite dans Jérusalem, dans toute la Judée et aux gentils, qu’ils fissent pénitence, et qu’ils se convertissent à Dieu, en faisant de dignes œuvres de pénitence (19-20) ». Moi donc qui enseigne aux autres à vivre le plus saintement qu’il est possible, comment ai-je pu, dit-il, me faire le chef et l’instigateur de séditions et de disputes ? « Voilà le sujet pour lequel les Juifs s’étant saisis de moi dans le temple, se sont efforcés de me tuer. Mais par l’assistance que Dieu m’a donnée, j’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant témoignage de Jésus aux grands et aux petits ! et ne disant autre chose que ce que les prophètes et Moïse ont prédit comme devant arriver ; à savoir que le Christ souffrirait la mort, et qu’il serait le premier qui ressusciterait d’entre les morts, et qui annoncerait la lumière au peuple et aux gentils (21-23) » : Voyez comme tout ce discours est exempt de vanité et de vaine gloire, et comme il rapporte tout à Dieu. Voyez aussi avec quelle noble liberté il s’exprime : « Et maintenant même je ne me désiste pas de mon dessein ». Voyez son assurance : « Je suis fortifié dans ma croyance par les prophètes qui ont prédit que le Christ souffrirait la mort, et qu’il serait le premier qui, ressuscité d’entre les morts, annoncerait la lumière ». Comme s’il disait : « Le premier ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ». (Rom. 6,9) Il est clair que cette vérité, étant annoncée à tous, tous doivent s’attendre à ce qu’elle se réalise pour eux-mêmes.
Festus voyant la liberté avec laquelle Paul parlait au roi, sans cesser d’avoir les yeux sur lui, lui dit comme s’il ressentait quelque chose en lui-même : « Vous êtes insensé, Paul ». Et la suite vous prouve l’émotion qui le fait parler ainsi : « Lorsqu’il disait ces choses pour sa défense, Festus s’écria : Vous êtes insensé, Paul ; votre grand savoir vous met hors de sens (24) ». Et que fait Paul ? Il se borne à répondre avec douceur : « Je ne suis point insensé, très-excellent Festus ; mais a l’es paroles que je viens de dire sont des paroles de vérité, et de bon sens (25) ». Il expose ensuite les raisons qu’il a pour adresser au roi son discours. « Car le roi devant lequel je parle avec liberté est bien informé de tout ceci ; je sais qu’il n’ignore rien de ce que je dis, parce que ce ne sont pas des choses qui se soient passées en secret. O roi Agrippa ! ne croyez-vous pas aux prophètes ? Je sais que vous y croyez ». Il s’exprimait ainsi avec une sorte d’ironie ; car c’est comme s’il leur disait : Je sois qu’Agrippa connaît ces choses parfaitement, et vous, vous devriez être les premiers à les savoir (car c’est à cette conséquence