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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/288

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par les uns en Lycie, par les autres en Asie, Remarquez que Dieu n’innove rien, ne change rien quant à la marche des phénomènes naturels, et qu’il permet ainsi que Paul navigue avec des vents contraires. Mais c’est à cette occasion même qu’éclate l’action de la Providence.: pour les sauver de tout danger, pendant leur navigation, il ne les expose pas en pleine mer, mais il permet qu’ils ne s’écartent jamais des côtes. « Nous allâmes fort lentement pendant plusieurs jours, et nous arrivâmes avec de grandes difficultés vis-à-vis de Cnide, et, comme le vent nous empêchait d’avancer, nous côtoyâmes l’île de Crète vers Salmone. Et allant avec peine le long de cette côte, nous abordâmes à un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Lasée. Mais, parce que beaucoup de temps s’était écoulé, et que la navigation devenait périlleuse, le temps du jeûne, étant déjà passé, Paul donna cet avis à ceux qui nous conduisaient : Mes amis, je vois que la navigation va devenir très-fâcheuse et pleine de périls, non seulement pour le vaisseau et pour sa charge, mais aussi pour nos personnes et pour nos vies. Mais le centenier ajoutait plus de foi aux avis du pilote et du maître du vaisseau, qu’à ce que Paul disait (5-11) ». Je pense qu’on veut parler ici du jeûne que gardent les Juifs ; car ce ne fut que longtemps après la Pentecôte qu’ils repartirent de Bons-Ports ; de sorte qu’on peut conjecturer que c’est dans le cœur même de l’hiver qu’ils étaient venus dans les parages de la Crète. Et ce n’est pas une petite merveille de voir que c’est à cause de lui que tous ceux qui montaient avec lui ce navire sont préservés du naufrage. « Mes amis, je vois que la navigation va devenir très-fâcheuse et pleine de périls ; non seulement pour le vaisseau et pour sa charge, mais aussi pour nos personnes et nos vies ». Paul donc les exhortait à rester, et leur prédisait ce qui devait arriver ; mais eux, pressés de partir, et ayant d’ailleurs quelque difficulté à aborder en cet endroit, voulaient aller passer l’hiver à Phénice.
2. Et considérez, je vous prie, les desseins de la Providence : ils commencèrent par lever l’ancre et ils partirent ; ensuite le vent ayant soufflé avec violence ; ils furent forcés de s’abandonner à sa discrétion, et eurent beaucoup de peine à se sauter. « Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart furent d’avis de se mettre en mer pour tâcher de gagner Phénice, qui est un port de Crète qui regarde les vents du, couchant d’hiver et d’été, afin d’y passer l’hiver. Le vent du midi commençait à souffler doucement, ils pensèrent qu’ils viendraient à bout de leur, dessein, et ayant levé l’ancre, ils côtoyèrent le plus près qu’ils purent l’île de Crète. Mais il se leva peu après un vent impétueux de nord-est ; qui donnait contre l’île ; et comme il emportait le vaisseau, sans que nous pussions y résister, nous le laissâmes aller au gré du vent. Nous fûmes poussés au-dessous d’une petite île appelée Claude, où nous pûmes à peine être maîtres de l’esquif. « Mais rayant enfin tiré à nous, les matelots employèrent toutes sortes de moyens, et lièrent le vaisseau par-dessous, craignant d’être jetés sur des bancs de sable ; ils abaissèrent les voiles, et s’abandonnèrent ainsi à la mer. Et comme nous étions rudement battus par la tempête, le jour suivant ils jetèrent les marchandises dans la mer, et le troisième jour, ils y jetèrent aussi de leurs propres mains tous les agrès du vaisseau. Le soleil ni les étoiles ne parurent durant plusieurs jours, et la tempête était toujours si violente que nous perdîmes tonte espérance de nous sauver. Mais comme il y avait longtemps que personne n’avait mangé, Paul se levant au milieu d’eux, dit…… » ##Rem Remarques qu’à la suite de cette violente tempête, il ne leur parle pas avec insolence, mais qu’il veut simplement lés disposer à ajouter, à l’avenir, plus de foi en ses paroles qu’ils ne l’ont fait. Voilà pourquoi il allègue ce qui vient de se passer comme confirmant la vérité de ce qu’il va dire. Et il leur prédit deux choses, à savoir : qu’ils seront jetés par les flots dans une île, et que le navire périra, mais que les passagers seront sauvés «(ce qui n’était pas une pure conjecture, mais une prophétie) ; et qu’il doit lui-même comparaître devant César. « Et ces paroles : « Dieu vous a donné tous ceux », ce n’est pas par vaine jactance qu’il les prononce, mais pour amener à la vraie foi ses compagnons de navigation : il ne leur parle pas ainsi pour qu’ils lui soient reconnaissants de ce qu’il a fait ; mais, pour qu’ils croient à la vérité de ses paroles : En disant : « Dieu vous a donné », c’est comme si Paul disait : « ils ont mérité la mort, car ils n’ont pas voulu t’écouter. Mais en ta faveur, je consens à leur faire grâce.