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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/296

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ces paroles de l’Écriture : « L’ouvrier mérite de recevoir sa nourriture ». (Mt. 10,10) Or, il est manifeste que ceux qui l’accueillirent ainsi durent recevoir de lui la parole de l’Évangile ; il ne se serait pas écoulé trois mois dans ces entretiens, s’ils n’avaient cru et produit de dignes fruits de leur foi. Et l’on peut induire de là que le nombre de ceux qui crurent fut considérable.
Et nous nous embarquâmes », dit le texte, « sur un vaisseau d’Alexandrie, qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pou enseigne : Castor et Pollux ». L’image de ces dieux était probablement peinte sur ce navire, et ainsi on peut croire que ceux qui le montaient étaient idolâtres. Voyez d’abord les lenteurs de leur voyage, puis comme ils se hâtent d’arriver. « Mais il fut permis à Paul de demeurer où, il voudrait ». Paul était désormais si respectable à leurs yeux, qu’il lui était permis dé demeurer à part ; et cela n’a rien d’étrange car si, précédemment, ils l’ont déjà accueilli avec bonté, à plus forte raison maintenant. « Et le vent du midi s’étant levé, nous arrivâmes en deux fours à Pouzzoles, où nous trouvâmes des frères qui nous prièrent d’y demeurer sept jours ; et ensuite nous prîmes le chemin de Rome. Lorsque les frères de Rome eurent appris des nouvelles de notre arrivée, ils vinrent au-devant de nous, jusqu’au lieu appelé le Marché d’Appius, et aux Trois Hôtelleries ». Qu’ils soient sortis de Rome pour cette rencontre ; parce qu’ils craignaient le danger qu’elle pouvait avoir pour eux dans Rome même, ce qui s’est passé jusqu’ici nous autorise à leur supposer ces sentiments. Remarquez que, dans le cours d’une aussi longue navigation, ils n’ont jamais débarqué dans aucune ville, ruais dans une île ; et que l’hiver tout entier s’écoule dans cette navigation, tout se coordonnant et se concernant pour que ceux qui naviguent ensemble soient amenés à la vraie foi. « Il fut permis à Paul de demeurer où il voudrait, avec un soldat qui le gardait ». Précaution bien opportune, pour que personne ne pût lui tendre des embûches en cet endroit ; quant aux factions, il ne pouvait pas s’en fermer ici. Ainsi, ce soldat ne gardait pas Paul précisément, mais veillait à ce qu’il ne lui arrivât rien de désagréable. En effet, au sein d’une si grande cité, résidence de l’empereur, de l’empereur à qui Paul en avait appelé, il ne pouvait se passer rien qui fût contraire à l’ordre. C’est ainsi que c’est toujours au moyen de ce qui semble être contre nous, qu’arrive tout ce qui est pour nous. – Ayant appelé auprès de lui les premiers d’entre les Juifs, il s’entretient avec eux, et ceux qui ne pouvant, s’accorder ni avec lui, ni entre eux, se retirent, s’attirent de sa part de sévères paroles auxquelles ils n’ont rien à répondre, car déjà il ne leur était plus permis de rien tenter contre lui. Ce quia lieu d’étonner, c’est que tout ce qui nous arrive d’heureux ne se réalise pas à l’aide d’événements qui paraissent concourir à notre sécurité, mais à l’aide d’événements tout contraires.
Pour bien voir cela, remontons plus haut, Pharaon ordonna que les enfants fussent jetés dans le. Nil. Si ces enfants n’y avaient pas été jetés, si Pharaon n’avait pas donné cet ordre, Moïse n’eût pas été sauvé et élevé dans le palais des rois. Au moment où on le sauvait des eaux, il n’était pas élevé en honneur ; il l’a été au moment où il à été exposé. Et Dieu agissait ainsi pour montrer les ressources infinies de sa sagesse et de sa puissance. Un Juif le menaça, en lui disant : « Est-ce que tu voudrais me tuer ? » (Ex. 2,14) Et cela lui fut utile. Ce fut aussi par une permission spéciale, de la Providence, qu’il eut cette vision dans le désert, qu’il philosopha dans ce même désert, et y vécut en sûreté jusqu’au temps marqué par elle. Et il en est ainsi de tous les pièges qui lui sont tendus parles Juifs. De chacune de ces épreuves, il reçoit un nouvel éclat, et c’est aussi ce qui arrive à Aaron ; ils se lèvent contre lui, et ils ne font qu’ajouter par là à sa gloire, car c’est après cet événement, que sa robe sacerdotale se pare de broderies, qu’une tiare couvre sa tête, que tout l’ensemble de son costume devient plus riche et plus orné, et que, par la suite, les lames d’airain de son pectoral excitent l’admiration, comme si c’était à partir de ce moment que le caractère divin de son élévation est au-dessus de toute contestation. Vous connaissez parfaitement tous les détails de cette histoire : je puis donc passer rapidement. Mais si vous voulez, remontons encore plus haut sur le même sujet. Caïn tua son frère : mais par là on peut dire qu’il contribua, à sa glorification. Écoutez ce que dit l’Écriture : « La voix, du sang de ton frère crie et s’élève devant moi ». (Gen. 4,10) Et ailleurs : « Sang qui parle plus avantageusement