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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/299

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la bonté de son Fils unique, avec lequel, gloire, puissance, honneur, au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LV.


TROIS JOURS APRÈS, PAUL PRIA LES PRINCIPAUX D’ENTRE LES JUIFS DE LE VENIR TROUVER ; ET QUAND ILS FURENT VENUS, IL LEUR DIT : « MES FRÈRES, QUOIQUE JE N’EUSSE RIEN COMMIS CONTRE LE PEUPLE, NI CONTRE LES COUTUMES DE NOS PÈRES, J’AI ÉTÉ FAIT PRISONNIER A JÉRUSALEM, ET MIS ENTRE LES MAINS DES ROMAINS QUI, M’AYANT EXAMINÉ, ME VOULAIENT METTRE EN LIBERTÉ, PARCE QU’ILS NE ME TROUVAIENT COUPABLE D’AUCUN CRIME QUI MÉRITÂT LA MORT. MAIS LES JUIFS S’Y OPPOSANT. J’AI ÉTÉ CONTRAINT D’APPELER A CÉSAR, SANS QUE J’AIE DESSEIN NÉANMOINS D’ACCUSER EN AUCUNE CHOSE CEUX DE MA NATION. C’EST POUR CE SUJET QUE JE VOUS AI PRIÉS DE VENIR ICI, AFIN DE VOUS VOIR ET DE VOUS PARLER ; CAR C’EST POUR L’ESPÉRANCE D’ISRAËL QUE JE SUIS LIÉ DE CETTE CHAÎNE ». (CHAP. 28, VERS. 17-20 ; JUSQU’A LA FIN DU LIVRE DES ACTES)

ANALYSE.

  • 1 et 2. Paul s’entretient avec les Juifs de Rome. – Il leur démontre la vérité du Christianisme par les prophéties.
  • 3. Éloge de saint Paul. – Comparaison de l’éloquence de l’apôtre avec la mer.


1. C’est bien à propos qu’il convie ainsi les principaux d’entre les Juifs à avoir un entretien avec lui. Il désirait à la fois se justifier lui-même et justifier les autres : lui-même, de peur qu’ils ne l’accusassent et que cela ne leur fît du tort ; les autres, de peur qu’il ne semblât que c’était d’eux que dépendait l’issue de toute cette affaire, Car il est vraisemblable que le bruit s’était répandu, qu’il avait été livré par les Juifs ; or, cette circonstance suffisait pour, frapper l’esprit des Juifs de Rome. Il va donc au plus tôt au-devant de cette difficulté, et voyez avec quelle douceur il entame sa propre défense : « Mes frères, quoique je n’eusse rien commis contre le peuple ni contre les coutumes de nos pères, j’ai été fait prisonnier à Jérusalem, et mis entre les mains des Romains ». Après ces paroles, comme il était vraisemblable que quelques-uns de ceux qui l’entendaient allaient dire : « Mais comment croire qu’il ait été livré par eux sans raison ? » il ajoute : « Qui, m’ayant examiné, me voulaient mettre en liberté » ; comme s’il disait : Ils attestent mon innocence, les magistrats des Romains, lesquels m’ont jugé et voulaient me mettre en liberté. – Mais pourquoi donc ne t’ont-ils pas mis réellement eu liberté ? – « Les Juifs s’y opposant », ajoute-t-il. Voyez-vous comme il atténue leurs fautes ? Car s’il eût voulu les aggraver, il n’avait qu’à prendre, à leur sujet, un ton plus vif et plus véhément. Il se contente d’ajouter : « J’ai été contraint d’en appeler à César ». Ainsi tout tourne à l’indulgence et art pardon. Ensuite, de peur que l’on ne dise : « Mais quoi ! est-ce donc pour avoir un prétexte de les accuser, que tu en as appelé ? » Il prévient tout malentendu, en ajoutant : « Sans que j’aie dessein néanmoins d’accuser en aucune chose ceux de ma nation ». C’est-à-dire, j’en ai appelé à César, non pour avoir occasion de les accuser ; criais pour échapper au danger qui me menaçait moi-même. Car c’est à cause de vous que je suis chargé de ces chaînes.