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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/300

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Tant s’en faut que je sois animé de sentiments de haine à votre égard, qu’au contraire c’est pour vous que je suis chargé de chaînes. Et eux, que disent-ils ? Ils sont tellement gagnés par ce discours, qu’ils parlent comme s’ils cherchaient à se justifier eux-mêmes vis-à-vis de lui, et non seulement eux-mêmes, mais encore leurs compatriotes. « Ils lui répondirent : Nous n’avons point reçu de lettres de Judée sur votre sujet, et il n’est venu aucun de nos frères de ce pays-là qui nous ait dit du mal de vous. Mais nous voudrions bien que vous nous dissiez vous-même vos sentiments ; car ce que nous savons de cette secte, c’est qu’on la combat partout (21-22 ». Comme s’ils disaient : Ni par lettres, ni verbalement, ils ne nous ouf ##Rem dit aucun mal de vous : toutefois nous voulons vous entendre vous-même à ce sujet. Et ils prennent, les devant quant à la manifestation de leurs propres sentiments, en ajoutant : Ce que nous savons de cette secte, c’est qu’on la combat partout ». Ils ne disent pas : « Nous la combattons », mais « on la combat », se justifiant ainsi de tout reproche d’opposition. « Ayant donc pris jour avec lui, ils vinrent en grand nombre le trouver dans sa demeure, et il leur prêchait le royaume de Dieu, leur confirmant ce qu’il leur disait par plusieurs témoignages ; et depuis le matin jusqu’au soir, il tâchait de leur persuader la foi de Jésus par la loi de Moïse et par les prophètes. « Les uns croyaient ce qu’il disait, et les autres ne le croyaient pas ». Avez-vous remarqué qu’il ne leur répond pas immédiatement, mais qu’il leur fixe un jour pour venir l’entendre ? Et quand ils sont venus, c’est la loi de Moïse, ce, sont les prophètes, qui sont le point de départ et le fondement de ses discours : « Et les uns croyaient, les autres ne croyaient pas. Et ne pouvant s’accorder entre eux, ils se retiraient. Ce qui donna sujet à Paul de leur dire cette parole : C’est avec grande raison que le Saint-Esprit, qui a parlé à nos pères par le prophète Isaïe a dit : Allez vers ce peuple, et lui dites : Vous écouterez, et en écoutant, vous n’entendrez pas ; vous verrez, et en voyant, vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple s’est appesanti, et leurs oreilles sont devenues sourdes ; et ils ont bouché leurs yeux de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, « que leur cœur ne comprenne, et que, s’étant convertis, je ne les guérisse (23-27) ». Pendant qu’ils se retiraient en disputant les uns contre les autres, il leur cite Isaïe, non pour injurier ceux qui ne croient pas, mais pour confirmer dans leur foi ceux qui croient. Que dit Isaïe ? Vous écouterez, et en écoutant, « vous n’entendrez point ». Voyez-vous comme implicitement il montre qu’ils sont indignes de tout pardon, puisque ; ayant un prophète qui, d’avance, il y a tant de siècles, leur a avancé tout cela, ils ne se sont pas convertis ? Par ces mots : « C’est avec grande raison », il fait voir que c’est bien justement qu’ils ont été exclus du pardon ; de sorte qu’il n’a été donné qu’aux gentils de connaître ce mystère. Et quant à la résistance et à l’endurcissement des Juifs, ils n’ont rien qui doive nous surprendre : Ils avaient été prédits, il y a bien longtemps. Cherchant toutefois à faire naître en eux une sainte jalousie à la pensée de la conversion des gentils, il ajoute : « Sachez donc que ce salut de Dieu est envoyé aux gentils, et qu’ils le recevront. Lorsqu’il leur eût dit ces choses, les Juifs s’en allèrent, ayant de nouveau de grandes conversations entre eux. Paul ensuite demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée, et où il recevait tous ceux qui le venaient voir, prêchant le royaume de Dieu, et enseignant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ avec toute liberté, sans que personne l’en empêchât. Ainsi soit-il (28, 31) ». Ainsi éclate au grand joule la liberté dont il jouit, lui qu’on avait empêché de prêcher en Judée, prêche à Rome sans aucun obstacle, puisqu’il y demeure deux ans s’y livrant sans relâche à la prédication.
2. Mais reprenons. « C’est pour ce sujet, dit-il, que je vous ai priés de venir ici, afin de vous voir », c’est-à-dire, j’ai désiré vous voir, afin d’empêcher que le premier vend ne m’accusât devant vous, en vous disant ce qui lui passerait par l’esprit sur les vrais motifs qui m’ont amené ici. Croyez bien que je n’y suis pas venu pour faire du mal aux autres, en évitant moi-même d’en recevoir. Eux lui répondirent : « Nous voudrions bien que vous nous dissiez vous-même vos sentiments ». Voyez comme ils lui parlent ici avec plus de douceur. « Nous voudrions bien », disent-ils ; et ils sont disposés à rendre compte eux-mêmes de leurs propres sentiments sur ces mêmes choses, et c’est pour cela qu’ils sont venus au jour marqué. Mais c’est là une