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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/301

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preuve qu’ils se condamnent formellement eux-mêmes, qu’ils n’ont eu eux-mêmes aucune confiance. S’ils avaient eu cette confiance ; ils se seraient concertés entre eux pour s’emparer de lui ; mais comme cette ; assurance leur manque, ils mettent une certaine lenteur à se rendre auprès de lui. Et ce qui prouve bien que le cœur leur manquait, c’est qu’ils furent obligés de s’y prendre, à cet égard, à plusieurs reprises. « Et les uns croyaient ce qu’il disait, et les autres ne le croyaient pas, et ne pouvant s’accorder entre a eux, ils se retiraient » ; c’est-à-dire, que ceux qui refusaient de croire s’en allaient. Remarquez qu’en ce moment ils n’ourdissent pas de complots pour leur tendre des embûches, comme ils l’avaient fait en Judée où ils étaient soumis au joug de la tyrannie. Pourquoi donc Dieu avait-il arrêté dans ses desseins qu’il se rendrait ici, pourquoi lui avait-il crié : « Hâte-toi, sors promptement de Jérusalem ? » Pour faire éclater leur méchanceté et la vérité de la prophétie du Christ qui avait annoncé qu’ils ne voudraient pas recevoir ses envoyés ; pour que tout le monde sût que Paul était prêt à souffrir ; et enfin pour que la manière dont il était traité à Rome en ce moment, servît de consolation aux frères qu’il avait laissés en Judée où il avait souffert tant de maux. Et s’il a été exposé à tous ces maux en développant certains points de la doctrine judaïque, comment auraient-ils toléré qu’il leur prêchât tout ce qui concerne la gloire du Christ ?
On ne le supportait pas, quand il se soumettait aux purifications légales.: comment l’eût-on supporté, s’il eût annoncé l’Évangile du Christ ? – Il s’est contenté de se montrer, et cette vue seule les a exaspérés. C’est donc à bon droit que le salut a été procuré aux gentils ; c’est à bon droit que l’apôtre a été envoyé dans les pays lointains pour que les gentils reçussent sa parole. Examinez ce qui se passe : il appelle d’abord à lui les Juifs, et ce n’est qu’après qu’il leur a fait connaître sa mission, qu’il se rend chez les gentils. Ces expressions dont il se sert : « Le Saint-Esprit a dit », n’ont rien qui doive nous surprendre ; car les paroles mêmes du Seigneur sont souvent mises dans la bouche d’un ange : « C’est avec grande raison que l’Esprit-Saint à dit ». Cette expression est permise ici ; elle ne l’est pas quand il s’agit d’un ange. Lorsque nous exposons les paroles qui ont été prononcées par un ange, nous ne disons pas : « C’est avec grande raison que l’ange a dit », mais : « C’est avec grande raison que le Seigneur a dit ». – Ici nous lisons : « C’est avec grande raison que l’Esprit-Saint a dit » ; comme s’il voulait dire : Ce n’est pas à moi que vous refusez de croire, mais à l’Esprit, et c’est ce que, depuis longtemps, Dieu avait prédit. « M’ayant examiné, dit-il, ils voulaient me mettre en liberté » ; c’est-à-dire qu’ils voulaient me renvoyer absous, n’ayant rien trouvé en moi qui fût digne de condamnation. Et alors qu’il aurait fallu qu’ils l’arrachassent des nains des Romains, tout au contraire ils le leur livrent. Il lui restait encore tant de liberté, qu’ils n’ont pas eu le pouvoir de le condamner, et qu’ils se contentent de le livrer encore tout chargé de chaînes.
« J’ai été contraint d’en appeler à César, sans que j’aie dessein néanmoins d’accuser en aucune chose ceux de ma nation ». C’est-à-dire : ce n’est pas pour attirer de mauvais traitements sur la tête des autres, mais pour m’en délivrer moi-même que j’ai agi ainsi, et cela, non de mon propre gré, mais contraint et forcé. Voyez quelle familiarité respire dans ses paroles : loin de s’aliéner leurs cœurs, il les attire au contraire à lui par ce mot : « de ma nation ». Par là il se ménage un accès dans leur esprit pour la propagation de sa doctrine. Et il ne leur dit pas : Je n’accuse pas, mais « sans que j’aie dessein d’accuser », bien qu’il eût tant souffert de leur part en Judée. Voilà pourquoi il ne s’explique pas ouvertement, mais se contente de quelques allusions, et passe outre ; car, en ce moment, tout ce qu’il s’attachait à montrer, c’est que les Juifs de Judée l’avaient livré enchaîné aux Romains. Et maintenant c’était à eux (aux Juifs de Rome) à condamner cette conduite ; c’était à eux, du moins, à l’accuser, et bien plutôt ils les défendent ; mais par les choses mêmes qu’ils mettent en avant pour cette défense, en réalité ils les accusent. « Ce que nous savons, disent-ils, de cette secte, c’est qu’on la combat partout ». – Mais bien que les choses se passent ainsi, vous n’en croyez pas moins partout ». – « Auxquels il exposait le royaume de Dieu…… par la loi et par les prophètes ». Remarquez qu’ici encore ce n’est pas par des miracles, mais par la loi et les prophètes, qu’il leur ferme la bouche, et que c’est ainsi qu’il fait partout, bien qu’il