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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/302

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pût faire des miracles ; mais ils n’eussent plus été un objet de foi, et c’était un bien grand miracle que de leur prouver sa doctrine parla loi et les prophètes. Ensuite, pour que vous ne considériez pas comme étrange que les Juifs persistent dans 1eur incrédulité, remarquez qu’il leur cite cette prophétie : « Vous écouterez, et en écoutant vous n’entendrez point ; vous verrez, et en voyant vous ne verrez point ». – Et ces deux choses, semble-t-il leur dire, sont l’une et l’autre encore plus vraies qu’elles ne l’étaient alors. – Ces paroles s’adressent à ceux qui refusaient de croire, et elles n’avaient rien d’injurieux elles se bornaient à prévenir le scandale. « Sachez donc que ce salut de Dieu est envoyé aux gentils, et qu’ils le recevront ». Pourquoi donc avez-vous voulu nous parler ? Est-ce que vous ne saviez pas cela d’avance ? – Oui, sans doute, mais je vous rends compte de tout, pour essayer de vous convaincre et pour ôter tout prétexte de m’attaquer moi-même. « Et Paul demeura deux ans entiers…… enseignant avec toute liberté, sans que personne l’en empêchât ». Ce n’est pas sans raison que ces derniers mots sont ajoutés, car la prédication à parfois lieu librement, bien qu’avec certaines gênes. Rien donc ici ne fait obstacle à la liberté de Paul : il parlait sans aucune espèce d’empêchement. « Et Paul demeura deux ans entiers dans la maison qu’il avait louée », tant il était appliqué et assidu dans l’accomplissement de sa mission, ou, pour mieux dire, tant il avait à cœur d’imiter son Maître en toutes choses, pourvoyant à son logement à l’aide de soir travail, et non par le travail d’autrui ; car c’est là ce que signifient ces mots : « dans la maison qu’il avait louée ». Et que notre divin Maître n’ait pas eu de maison lui appartenant, c’est ce qui ressort de ces paroles qu’il adresse à celui qui lui a dit (sans trop savoir ce qu’il disait) : Je vous suivrai partout où vous irez : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ». (Mt. 8,20) Et c’est ainsi qu’il a enseigné par son propre exemple à venir posséder, et à ne pas attacher son cœur aux biens de ce monde. « Et il y recevait tous ceux qui le venaient voir, prêchant le royaume de Dieu ». – Remarquez qu’il ne dit mien des choses présentes, et ne parle que du royaume de Dieu. Avez-vous fait attention à la marche que suit ici la divine providence ? L’historien arrête ici son récit, et laissé son lecteur tourmenté, pour ainsi dire, par la soif, et obligé de chercher en lui-même ce qu’il veut savoir. C’est ainsi qu’agissent aussi les auteurs profanes ; car, lorsqu’on sait tout, l’esprit se laisse aller à une sorte de mollesse et de somnolence. C’est donc ainsi que procède l’historien sacré : il ne raconte rien des choses qui out suivi, jugeant cela inutile à ceux qui liront les auteurs qui en ont parlé, et qui y trouveront. Le moyen de suppléer à ce qui manque ici. Car ce qui a suivi devait être en parfait accord avec ce qui a précédé. Écoutez Paul lui-même écrivant quelque temps après aux Romains : « Lorsque je ferai le voyage d’Espagne, j’irai vers vous ». (Rom. 10,24)
3. Voyez-vous comme elle sait tout prévoir cette âme sainte, et, pour ainsi dire, divine de Paul, qui, transporté par la sublimité de son génie, au-delà même des cieux, est capable d’embrasser en même temps toutes choses, de ce Paul dont le nom seul, pour ceux qui le connaissent, suffit pour exciter l’âme à la vigilance, pour la réveiller du plus profond assoupissement ? Rome l’a reçu chargé de chaînes, au moment où il vient de traverser les mers ; sauvé du naufrage, il vient pour la délivrer, d’un autre naufrage, celui de l’erreur. Car c’est, pour ainsi dire, comme un roi victorieux à la suite d’un combat sur mer, qu’il a fait son entrée dans cette splendide et royale cité : C’est de cela qu’il voulait parler, quand il écrivait : « Je viendrai, et nous jouirons d’une consolation mutuelle dans la plénitude de la consolation de l’Évangile ». (Rom. 15,29) Et, encore : « Je m’en vais, à Jérusalem pour remplir mon ministère envers les saints ». (Id. 5,25) C’est-à-dire, comme il l’a dit dans notre texte : « Je suis venu pour faire des aumônes à ma nation » : (Act. 22,17) Mais déjà approchait le moment où il devait recevoir la couronne promise : Rome l’a reçu chargé de chaînes : elle le verra couronné, elle entendra son nom proclamé avec honneur. « Là, dit-il, nous jouirons d’une consolation rituelle » (Rom. 15,32) ; en ce moment je pars pour remplir à Jérusalem mon ministère. Tel est le point de départ de la nouvelle carrière qu’il va parcourir glorieusement, et où, invincible par la foi, il élèvera trophées sur trophées. Corinthe le retint deux