Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un tonneau et étalait à tous les yeux les haillons dont il était couvert (Hom. 35). Il critique de même divers autres philosophes grecs.
3° Il combat souvent le : manichéisme (Hom. 7, 28, 29) ; hérésie dont le venin était répandu par tout l’Orient. Le saint Docteur parle encore au commencement de l’homélie quarante-et-unième de certains hérétiques qui soutenaient que nous ressusciterions avec un autre corps que celui avec lequel nous vivons sur cette terre. Je crois que ces hérétiques n’étaient autres que les manichéens. En effet, comme les manichéens attribuaient au démon la création de notre corps, et qu’ils le considéraient comme essentiellement mauvais, l’opinion que nous ressusciterions avec un autre corps, devait nécessairement être la leur. Cette opinion, saint Chrysostome la rappelle encore dans la dixième homélie sur la seconde aux Corinthiens.
4° Ce sont encore les marcionites qui sont en butte à ses attaques, particulièrement lorsqu’il en vient à ce passage difficile à expliquer : « Autrement, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts ? « (1Cor. 15,29) Voulez-vous », dit-il, « que je vous rapporte comment les malheureux qui sont infectés du venin de l’hérétique Marcion, abusent de cette parole ? Je n’ignore pas que je vais vous exciter à rire : je parlerai néanmoins afin de mieux vous détourner de cette peste. Lorsqu’un catéchumène meurt parmi eux, ils font cacher sous le lit du mort un homme vivant, puis s’approchant du mort, ils lui adressent la parole, et lui demandent s’il veut recevoir le baptême. Le mort, bien entendu, ne répond pas, mais la personne qui est cachée sous le lit répond pour lui et dit qu’il veut être baptisé ; et alors on le baptise au lieu de celui qui est mort. Voilà quelle espèce de comédie ils jouent ; tel est l’empire que le diable exerce dans l’esprit des ignorants. Et lorsqu’on leur reproche cette absurde et criminelle pratique, ils répondent en citant cette parole de l’apôtre : ceux qui sont baptisés pour les morts ». Saint Chrysostome combat aussi les pneumatomaques, qui niaient la divinité du Saint-Esprit, dans l’homélie vingt-neuvième. Mais il n’insiste pas beaucoup sur ce sujet.
5° La correction des mœurs occupe aussi une large place dans ces homélies. Les mœurs, à Antioche, étaient fort dissolues ; le paganisme chassé des doctrines s’était retranché dans les mœurs et dans les coutumes. Ainsi, la célébration des mariages se faisait au milieu d’un grand vacarme de cymbales, de fêtes, de danses, de chansons et de quolibets obscènes, en un mot d’un grand déploiement de pompes diaboliques. À la tombée de la nuit, la nouvelle mariée était conduite sur la place, au milieu d’une troupe de vauriens et d’hommes perdus de vices qui vomissaient toutes sortes de propos déshonnêtes entendus des jeunes filles qui faisaient partie de l’escorte. On croyait tout permis ces jours-là. Si, plus tard, d’un tel mariage il naissait un enfant, il donnait lieu à, une multitude de pratiques superstitieuses. Par exemple, on allumait plusieurs lampes auxquelles on appliquait des noms, et l’on donnait ensuite à l’enfant le nom de celle dont la lumière avait duré le plus longtemps. On lui faisait porter en guise d’amulettes, des sistres et un fil de pourpre. Il y avait encore beaucoup d’autres superstitions à propos des naissances, et surtout des décès et des funérailles où l’on voyait des troupes de pleureuses comme chez les anciens païens.
6° Dans l’homélie dix-neuvième, saint Chrysostome, après avoir parlé de la virginité assez au long, renvoie encore à son livre de la Virginité. Dans l’homélie vingt-quatrième, il s’exprime si nettement, si clairement au sujet de la présence de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, il l’affirme si énergiquement et tant de fois, qu’à moins d’être aveuglé par une opinion préconçue sur cette matière, il est impossible de ne pas reconnaître que telle était la croyance de l’Église dans ce siècle. Dans l’homélie quarante-troisième, il dit que nul chrétien ne se mettait en prière avant de s’être lavé les mains, préparation extérieure qui était le signe de la préparation intérieure que demande la prière.

§ III.

– Des homélies sur la seconde aux Corinthiens.


Ces homélies n’ont pas été travaillées avec le même soin que les homélies sur la première. Le style en est moins abondant, moins ample ; le ton en est plus calme et se trouve du reste en rapport avec celui de cette seconde épître, beaucoup moins véhémente que la première. En sorte que dans l’un comme dans l’autre cas l’apôtre a, pour ainsi dire, donné le ton à son commentateur. Savile