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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/31

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ou trois enfants vertueux à un plus grand nombre méchants et vicieux ?
D’ailleurs, ne savez-vous pas que peu entreront dans le royaume des cieux, et que beaucoup tomberont dans l’enfer ? Eh ! quel avantage me procurerait un grand nombre de mauvais chrétiens ? aucun, ou plutôt leur exempte serait pernicieux aux autres. Ce serait comme si un chef, ayant le choix entre dix soldats valides et mille autres malades et infirmes, voulait les réunir tous ensemble. Certes, un tel mélange ne produirait aucun bon résultat ; et de même je ne devrais en attendre que de la honte pendant nia vie, et d’affreux supplices après ma mort, car le grand nombre ne me justifiera point devant le Seigneur, et la stérilité de mes œuvres me condamnera. N’est-ce pas même la réponse que nous font les païens, quand nous leur disons : Voyez comme nous sommes nombreux ? Oui, vous êtes nombreux, disent-ils, mais mauvais.
Aussi je le déclare encore une fois à haute voix et du ton le plus sévère : J’éloignerai et j’exclurai de l’église tous ceux qui n’obéiront pas à cet ordre, et tant que je serai assis sur ce trône, je n’admettrai là-dessus aucune excuse. Si l’on m’en fait descendre, je n’aurai plus la responsabilité de votre conduite ; mais aussi longtemps que je serai votre pasteur, je serai ferme et vigilant, moins par la crainte du supplice que par le désir de votre salut. Ah ! que je le souhaite ardemment ! et combien, pour l’obtenir, je me répands en douloureux gémissements ! mais obéissez à votre pasteur, afin que sur la terre et dans le ciel votre obéissance soit magnifiquement récompensée, et que nous obtenions tous les biens éternels, par la grâce et la miséricorde du Fils unique, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant, toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE IX.


OR, PIERRE VOYANT, CELA, DIT AU PEUPLE : HOMMES D’ISRAËL, POURQUOI VOUS ÉTONNEZ-VOUS DE CECI, OU POURQUOI NOUS REGARDEZ-VOUS, COMME SI C’ÉTAIT PAR NOTRE VERTU, OU PAR NOTRE PIÉTÉ, QUE NOUS EUSSIONS FAIT MARCHER CE BOITEUX ? (ACT. 3,12, JUSQU’A LA FIN DU CHAPITRE)

ANALYSE.

  • 1. Après avoir montré la modestie de saint Pierre, qui repousse personnellement la gloire de ce miracle, l’Orateur entre dans le développement de son discours, et y rehausse deux éminentes qualités : la force avec laquelle il reproche aux Juifs leur déicide, et la douceur avec laquelle il leur ouvre la voie du repentir et de la pénitence.
  • 2. Il observe aussi que l’apôtre qui, dans son premier discours, s’était appuyé de l’autorité de David pour prouver la résurrection de Jésus-Christ, allègue ici celle de Moise pour établir que tous doivent croire à sa doctrine, et particulièrement les Juifs, qui sont les fils des prophètes.
  • 3. A l’égard du déicide commis sur la personne de Jésus-Christ, Pierre oppose leur conduite à celle de Pilate qui vouait l’absoudre, et leur fait ainsi sentir l’énormité de leur crime.
  • 4. Quant à la guérison de ce boiteux faite au nom de Jésus, elle prouve que Jésus ego vraiment ressuscité, car comment un mort pourrait-il opérer un tel prodige ?
  • 5. L’Orateur revient ensuite sur la prophétie de Moise, et de nouveau en fait ressortir la gloire de Jésus-Christ, qui est ce législateur que tous doivent écouter.
  • 6. Puis il termine par une vive exhortation à bannir le serment de toutes transactions commerciales et alaires civiles.


1. Ce second discours de l’apôtre respire plus de confiance que le premier. Ce n’est point qu’il cédât alors à un sentiment de crainte, mais c’est qu’un ton moins humble