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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/315

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HOMÉLIE II.
JE RENDS GRÂCES SANS CESSE À MON DIEU POUR VOUS, À RAISON DE LA GRÂCE DE DIEU QUI VOUS À ÉTÉ ACCORDÉE DANS LE CHRIST JÉSUS, PARCE QUE VOUS AVEZ ÉTÉ ENRICHIS EN LUI EN TOUTES CHOSES. (CHAP. 1,4, JUSQU’AU VERS. 9)
ANALYSE.
  1. Il faut rendre à Dieu des actions de grâce.
  2. L’apôtre ne se lasse pas de nommer Jésus-Christ au commencement de cette Épître pour mieux inculquer aux Corinthiens cette vérité que pour ce qui concerne le salut et la vie éternelle tout procède de Jésus-Christ et rien des hommes.
  3. Que les pécheurs n’ont aucune excuse devant Dieu pour pallier leurs désordres. – Que Dieu de sa part a tout fait pour nous exciter à bien vivre. – Réfutation des vains raisonnements des impies.

Ce qu’il engage les autres à faire, en disant « Que vos prières montent vers Dieu en actions de grâce », il le faisait lui-même, nous apprenant à commencer toujours par des paroles de ce genre, et à rendre grâces à Dieu avant tout. Car rien n’est plus agréable à Dieu que de nous voir reconnaissants pour nous-mêmes et pour les autres ; Aussi est-ce la première pensée qu’il met en tête de presque toutes ses lettres ; mais ici c’était encore plus nécessaire qu’ailleurs. En effet, celui qui remercie sent le bienfait qu’il a reçu, et rend grâce pour grâce. Mais la grâce n’est point une dette, ni un retour, ni une récompense : ce qu’il fallait dire partout, mais surtout aux Corinthiens, qui s’attachaient avidement à ceux qui déchiraient l’Église. « À mon Dieu ». Dans l’abondance de son amour, il s’empare, pour ainsi dire, du bien commun, et se l’approprie : Ainsi avaient coutume de faire les prophètes : « Dieu, mon Dieu » ; et il les exhorte à adopter ce langage. En effet, celui qui le tient se dégage de toutes les choses humaines, et va vers celui qu’il invoque avec une grande affection : C’est proprement le langage de l’homme qui s’élève des choses d’ici-bas vers Dieu, le préfère à tout et partout, le remercie perpétuellement non seulement de la grâce qui lui a déjà été donnée, mais encore du bien qui a pu s’ensuivre, et lui en rend également gloire. Voilà pourquoi il ne dit pas simplement : « Je rends grâces », mais : « Je rends grâces toujours pour vous », leur apprenant par là à toujours rendre grâces, mais à Dieu seul.
« À raison de la grâce de Dieu ». Voyez-vous comme il les redresse en tout sens ? Car qui dit grâce ne parle pas d’œuvres, et qui dit œuvres ne parle pas de grâce. Si donc c’est de grâce qu’il s’agit, pourquoi vous enorgueillissez-vous ? De quoi vous enflez vous ? « Qui vous a été donnée ». Et par qui ? Est-ce par moi ou par un autre apôtre ? Nullement, mais par Jésus-Christ ; car c’est là le sens de ces mots : « Dans le Christ Jésus ». Voyez comme il dit trouvent « dans » au lieu de « par » ; l’un n’a donc pas moins de force que l’autre. « Parce que vous avez été enrichis en tout ». Encore une fois, par qui ? « En lui », ajoute-t-il. Et vous n’avez pas simplement été enrichis, mais enrichis « en tout ». Si donc il y a richesse, et richesse de Dieu, et en tout, et par le Fils unique, voyez quel ineffable trésor ! « En toute parole et en toute science » ; en toute parole non du dehors, mais de Dieu. Car il y a une science sans parole et une parole sans science ; beaucoup en effet ont la connaissance, mais n’ont point la parole, comme les hommes sans lettres, par exemple, qui ne peuvent exprimer clairement ce qu’ils ont dans l’esprit. Vous n’êtes point de ce nombre,