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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/317

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avec la verge, ou en esprit de charité et de mansuétude ? » (1Cor. 4,18-21) Et encore « Cherchez-vous à mettre à l’épreuve le Christ qui parle en moi ? » (2Cor. 13,3) Du reste, il les accuse implicitement quand il emploie ces termes : « Il vous confirmera », et celui-ci : « Irréprochables », puisqu’il fait voir par là qu’ils sont encore flottants et non exempts de péché. Mais considérez comme il les rattache sans cesse au nom du Christ, ne faisant mention d’aucun homme, d’aucun apôtre, d’aucun maître, mais toujours de ce bien-aimé, dans le but, dirait-on ; de les guérir d’une sorte d’ivresse. En effet, dans aucune autre de ses épîtres, on ne voit tant de fois paraître le nom du Christ ; ici on le lit plusieurs fois en quelques versets, et il forme en quelque sorte tout le préambule. Relisez en effet dès le commencement : « Paul, appelé apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui sont sanctifiés en Jésus-Christ, qui invoquent le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; grâce et paix à vous de la part de Dieu le Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je remercie mon Dieu de la grâce qui vous a été accordée dans le Christ Jésus comme le témoignage de Jésus-Christ a été confirmé en vous : attendant la révélation de Notre-Seigneur Jésus-Christ : qui vous rendra fermes et irrépréhensibles au jour de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés en société de Jésus-Christ son Fils, Notre-Seigneur. Je vous supplie par le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Voyez-vous cette insistance à répéter le nom de Jésus-Christ ? Les moins intelligents peuvent comprendre clairement qu’il n’agit point ici sans raison et au hasard, mais que, par la répétition de ce beau nom, il cherche à guérir leur enflure et à les purger du poison de la maladie.
« Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés en société de son Fils ». Oh ! quelle grande chose il exprime là ! Quel don magnifique ! Vous avez été appelés en société du Fils unique, et vous vous livrez à des hommes ! Quelle misère est plus grande que la vôtre ! Et comment avez-vous été appelés ? Par le Père. Comme souvent, en parlant du Fils, il avait dit « par lui » et « en lui », de peur qu’ils ne crussent que le Père lui était inférieur, c’est le Père qu’il mentionne ici. Ce n’est point, dit-il, par un tel ou par un tel, mais par le Père que vous avez été appelés, par lui que vous avez été enrichis. Encore une fois, vous avez été appelés, vous n’êtes point venus de vous-mêmes. Mais que veut dire ceci : « En société de son Fils ? » Écoutez-le s’expliquant plus clairement ailleurs : « Si nous persévérons, nous régnerons ensemble ; « si nous mourons ensemble, nous vivrons ensemble ». (2Tim. 2,12) Ensuite comme il a avancé une grande chose, il en donne une preuve certaine, irréfragable, en disant : « Dieu est fidèle », c’est-à-dire vrai. Or, si Dieu est vrai, il tiendra sa promesse, et il nous a promis de nous associer à son Fils unique ; c’est même pour cela qu’il nous a appelés ; et ses dons et ses grâces sont sans repentir, aussi bien que sa vocation. Et il place tout cela au début de son discours, de peur que des reproches trop vifs ne les jettent dans le désespoir. Car tout ce que Dieu a dit s’accomplira, à moins que nous ne soyons absolument rebelles, comme les Juifs qui, étant appelés, refusèrent les biens offerts.
Et ceci n’était point imputable à Celui qui les avait appelés, mais à leur ingratitude : car lui voulait réellement donner ; eux, en ne voulant point accepter, se perdirent eux-mêmes. S’il les eût appelés à quelque chose de difficile et de pénible, encore qu’ils eussent été inexcusables de s’y refuser, du moins auraient-ils eu quelque prétexte. Mais quand ils sont appelés à la purification, à la justice, à la sanctification, à la rédemption, à la grâce, au don, à des biens tout prêts que l’œil n’a pas vus, que l’oreille n’a pas entendus, et que c’est un Dieu qui les appelle et qui les appelle par lui : Quel pardon peuvent-ils espérer, s’ils n’accourent avec empressement ? Qu’on se garde donc d’accuser Dieu. L’infidélité ne vient pas de lui, mais de ceux qui résistent. On dira peut-être : Il fallait les amener malgré eux. Non certes : Dieu ne force personne, il n’impose aucune nécessité. Amène-t-on, malgré eux et enchaînés, ceux qu’on invite aux honneurs, aux couronnes, aux festins, aux solennités ? Jamais ; ce serait leur faire injure. Il envoie malgré eux les réprouvés en enfer ; il n’appelle au royaume que des hommes de bonne volonté ; il précipite dans le feu les victimes liées et hurlant de désespoir ; mais il agit autrement avec ceux qu’il appelle à ses biens infinis ; car il rendrait ces biens odieux, s’ils n’étaient de telle nature qu’on coure à