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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/33

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ses prophètes, que le Christ devait souffrir ». C’était presque les absoudre de ce crime, en leur montrant qu’ils n’avaient fait qu’exécuter la volonté de Dieu ; et en disant : « selon ce qui avait été prédit », il leur rappelle indirectement les reproches qu’ils adressaient à Jésus-Christ sur la croix : Que Dieu le délivre, s’il le veut ; car il a dit : je suis le Fils de Dieu. Qu’il se confie donc en lui, et qu’il descende présentement de la croix. (Mt. 27,40 ; Lc. 29,35) Eh quoi ! ô insensés, pensiez-vous qu’il condescendrait à vos amères railleries ? Non, bien certainement. Mais il fallait que ces choses arrivassent pour accomplir les prophéties. Aussi Jésus-Christ ne descendit-il point de la croix, non par impuissance, mais par un acte de sa puissance. C’est donc cette excuse que l’apôtre présente à ses auditeurs, afin qu’ils la saisissent avec empressement ; et en disant : « Dieu vient d’accomplir ainsi ce qu’il avait prédit », il rapporte toutes choses à l’exécution de ses volontés. « Faites donc pénitence », ajoute-t-il, « et convertissez-vous ». Il ne dit point : En renonçant à vos péchés, mais : « Afin que vos péchés, soient effacés », ce qui présente le même sens ; puis il indique quels seront les fruits de cette pénitence : « Quand les temps de repos que la présence du Seigneur doit donner, seront venus ». Pouvait-il mieux leur faire sentir dans quel abîme de maux ils étaient tombés, et de quels malheurs ils étaient affligés ! Il leur adresse donc ces paroles, parce qu’il n’ignore point qu’ils cherchent quelque consolation, et qu’elles sont propres à adoucir l’amertume de leur, douleur.
2. Mais admirez avec quelle sagesse procède l’apôtre. Dans son premier discours, il s’est borné à insinuer la résurrection de Jésus-Christ et son ascension : ici, au contraire, il n’hésite pas à annoncer son second avènement. « Quand le Seigneur », dit-il, « aura envoyé Jésus-Christ prédit longtemps d’avance. Et il faut », c’est-à-dire, il est nécessaire, « que le ciel le reçoive jusqu’au jour du rétablissement de toutes choses ». Pourquoi ne vient-il donc pas aujourd’hui ? la raison en est manifeste. « C’est qu’il faut que tout ce que Dieu a prédit par la bouche de ses saints prophètes, dès le commencement du monde, s’accomplisse. Car Moïse a dit à nos pères : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète semblable à moi, et vous l’écouterez en tout ce qu’il vous dira ». Précédemment Pierre avait cité David, et ici il cite Moïse. « Tout ce que Dieu a prédit ». L’apôtre ne dit pas : « Tout ce que le Christ a prédit » mais : « le Seigneur », afin de les amener insensiblement à la foi au Sauveur Jésus. C’est pourquoi il leur allègue un témoignage irrécusable, celui, de Moïse qui a dit : « Le Seigneur, votre Dieu, vous suscitera d’au milieu de vos frères un prophète semblable à moi, et vous l’écouterez en tout ce qu’il vous dira ». Écoutez maintenant la menace : « Et quiconque n’aura pas écouté ce prophète, sera exterminé du milieu du peuple ». (Deut. 18,15)
« Or tous les prophètes », continue l’apôtre, «.depuis Samuel, et dans les temps postérieurs, ont annoncé ces jours ». C’était révéler clairement à ses auditeurs le châtiment d’Israël. Mais observez que toutes les fois que saint Pierre doit leur annoncer quelque chose d’important, il allègue le témoignage des prophètes, et qu’il en trouve des mieux appropriés aux promesses, non moins qu’aux menaces, comme celui-ci : « Asseyez-vous à ma droite, jusqu’à ce que je place vos ennemis sous vos pieds ». (Ps. 109,2) Dans son admirable concision, ce verset énonce le crime et le genre du châtiment. « Un prophète semblable à moi ». Pourquoi donc vous étonner ! « Car vous êtes les fils des prophètes » ; aussi vous disais-je que toutes ces choses ont été faites pour vous. Les Juifs pouvaient en effet se considérer comme rejetés, du Seigneur à cause de leur déicide ; car il leur paraissait invraisemblable que le Dieu qu’ils venaient de crucifier les aimât comme ses enfants. C’est néanmoins ce qu’avait prédit Moïse : « Vous êtes », avait-il dit, « les fils des prophètes, et les enfants de l’alliance que Dieu a établie avec nos pères, disant à Abraham ; Et en ta race seront bénies toutes les familles de la terre ». (Gen. 12,3) C’est donc pour « vous premièrement que Dieu, a envoyé son Fils, le ressuscitant ». Sans doute, c’est aussi pour tous les autres peuples, mais premièrement pour vous qui l’avez crucifié. « Et il l’a envoyé afin que vous soyez bénis, et que chacun de vous revienne de son iniquité ».
Mais reprenons l’explication de ce discours. L’apôtre veut convaincre les Juifs que ni Jean