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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/340

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==HOMÉLIE VI.==
POUR MOI, MES FRÈRES, LORSQUE JE SUIS VENU VERS VOUS POUR VOUS ANNONCER LE TÉMOIGNAGE DE DIEU, JE N’Y SUIS POINT VENU AVEC LE LANGAGE ÉLEVÉ DE L’ÉLOQUENCE OU DE LA SAGESSE. CAR JE N’AI POINT FAIT PROFESSION DE SAVOIR AUTRE CHOSE PARMI VOUS QUE JÉSUS-CHRIST, ET JÉSUS-CHRIST CRUCIFIÉ. (CHAP. 2, VERS. 1, 2, JUSQU’AU VERS. 5)

ANALYSE.

  • 1. Que saint Paul n’a point usé de l’éloquence humaine dans sa prédication.
  • 2 et 3. Réponse à cette objection : Mais si la prédication doit l’emporter sans le secours de la sagesse humaine, pourquoi ne voit-on plus maintenant de miracles. – Au lieu des miracles, il y a maintenant des prophéties qui s’accomplissent. – On remarquera combien cet argument de saint Chrysostome s’est encore fortifié depuis lui jusqu’à nous, car les prophéties dont il parle s’accomplissent encore.
  • 4. Que c’est la corruption des mœurs des chrétiens qui empêche les infidèles de se convertir.


1. Rien de plus ardent au combat que l’âme de Paul ; non pas que l’âme de Paul (car ce n’est pas lui qui a inventé ceci), mais que la grâce sans égale qui opère en lui et triomphe de tout. Ce qu’il a dit plus haut suffirait à abattre l’orgueil de ceux qui se glorifiaient de leur sagesse ; une partie même aurait suffi. Mais pour faire ressortir l’éclat de la victoire, il entreprend, de nouvelles luttes, en foulant aux pieds les adversaires qu’il a terrassés. Examinez, en effet : il a rappelé la prophétie qui dit : « Je détruirai la sagesse des sages » ; il a montré la sagesse de Dieu qui a abattu, au moyen d’une folie apparente, la philosophie profane ; il a fait voir que la folie en Dieu est plus sage que les hommes ; il a démontré que Dieu n’a pas seulement enseigné par des ignorants, mais encore appelé des ignorants ; maintenant il prouve que le sujet même et le mode de la prédication étaient propres à causer du trouble, et n’en ont cependant point causé, non seulement, dit-il, les disciples étaient ignorants ; mais, moi qui prêche, je le suis aussi. De là ces paroles : « Pour moi, mes frères » (il leur donne de nouveau le nom de frères, pour adoucir la rudesse de son langage), « je ne suis point venu avec le langage élevé de l’éloquence pour vous annoncer le témoignage de Dieu ». Eh ! dis-nous, Paul, que serait-il arrivé si tu avais voulu venir avec le langage élevé de l’éloquence ? L’aurais-tu pu ? Non : quand je l’aurais voulu, je ne l’aurais pas pu ; mais le Christ l’aurait pu, s’il l’avait voulu. Et il ne l’a pas voulu, pour rendre la victoire plus éclatante. C’est pour cela qu’indiquant plus haut que le Christ avait agi en cela et avait voulu que la parole fût prêchée par des ignorants, il disait : « Le Christ ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour évangéliser, non toutefois par la sagesse de la parole ». Or, que ce soit là la volonté du Christ et non celle de Paul, c’est beaucoup plus grand, c’est infiniment plus grand. Par conséquent, dit-il, ce n’est pas pour faire parade d’éloquence, ni armé de discours profanes, que je viens annoncer le témoignage de Dieu. Il ne dit pas : la prédication ; mais : « Le témoignage de Dieu » : ce qui était encore bien propre à inspirer de l’éloignement ; car c’était la mort qu’il prêchait partout. Aussi ajoute-t-il : « Je n’ai point fait profession de savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ». Et il disait cela parce qu’il n’y avait absolument rien en