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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/341

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lui de la sagesse du monde, comme il l’exprimait plus haut : « Je ne suis pas venu avec le langage élevé de l’éloquence ».
Il est cependant évident qu’il aurait pu l’avoir : car si ses vêtements ressuscitaient les morts, si l’ombre de son corps chassait les maladies, à bien plus forte raison son âme aurait-elle pu recevoir le don de l’éloquence mais l’un s’obtient par l’étude ; l’autre est au-dessus de toute industrie humaine. Or celui qui savait le plus, pouvait encore mieux savoir le moins. Mais le Christ ne le permit pas, car c’était inutile. Il a donc raison de dire : « Je n’ai pas fait profession de savoir quelque chose » ; car je veux ce que veut le Christ. Il me semble que, pour réprimer leur orgueil, il leur parle avec plus d’humilité qu’aux autres. Ces mots : « Je n’ai pas fait profession de rien savoir », sont dits par opposition à la sagesse profane. Je ne suis pas venu pour enchaîner des raisonnements ou des sophismes ; je n’ai qu’une chose à vous dire, à savoir que Jésus-Christ a été crucifié. Ceux-là vous disent mille choses, vous font de nombreux et longs discours, construisent des raisonnements et des syllogismes, combinent des sophismes sans fin ; pour moi je suis venu simplement vous dire que le Christ a été crucifié, et je les ai tous dépassés : preuve incontestable de la puissance de Celui que je prêche. « Et tant que j’ai été parmi vous, j’y ai été dans un état infirmité, de crainte et de tremblement ». Autre point capital, non seulement ceux qui croient sont des ignorants, non seulement celui qui parle est ignorant lui-même, non seulement le genre de prédication est dépourvu de toute science, non seulement le sujet de la prédication est propre à jeter le trouble : car c’est la croix et la mort qu’on annonce ; mais à ces obstacles d’autres s’ajoutaient encore : les périls, les embûches, la crainte de tous les jours, l’expulsion. Souvent il appelle la persécution infirmité, comme en cet autre endroit « Vous ne m’avez point méprisé à cause de l’infirmité que j’ai éprouvée dans ma chair ». (Gal. 4,13-14) Et encore : « S’il faut se glorifier, je me glorifierai de mon infirmité ». (2Cor. 11,30) De quelle infirmité ? « Celui qui était gouverneur de la province pour le roi Arétus faisait faire garde dans la ville de Damas pour m’arrêter prisonnier ». (Id) Et encore : « C’est pourquoi je me complais dans mes infirmités ». Et pour en désigner quelques-unes, il ajoute : « Dans les outrages, dans les nécessités, dans les détresses ». Et c’est là ce qu’il entend ici ; car après avoir dit : « J’ai été dans un état d’infirmité », il ne s’arrête pas là ; mais pour faire voir que par infirmité, il entend les périls, il ajoute : « J’ai été parmi vous dans un état de crainte et de grand tremblement ».
Que dites-vous ? Quoi ! Paul craignait les dangers ? Oui, il les craignait et il tremblait fort : car tout Paul qu’il était, il était homme. Et ce n’était point sa faute, mais l’infirmité de la nature ; bien plus, c’est là l’éloge de sa bonne volonté, d’avoir craint la mort et les coups, et de n’avoir rien fait d’indigne à cause de cette crainte : en sorte que prétendre qu’il n’a pas craint les coups, ce n’est point l’honorer, mais lui ravir une grande partie de l’honneur qui lui est dû. Car s’il n’avait pas craint, quelle gloire, quelle philosophie aurait-il eu à supporter les périls ? Quant à moi, c’est en cela que je l’admire : que craignant, et non seulement craignant, mais tremblant en présence des dangers, il ait néanmoins parcouru sa carrière en recueillant des couronnes ; et que, sans reculer devant aucun danger, il ait purifié le monde et semé la parole sur terre et sur mer. « Et je n’ai point employé, en vous parlant et en vous prêchant, les discours persuasifs de la sagesse humaine » ; c’est-à-dire, je n’avais point la sagesse profane. Si donc la prédication n’avait rien de sophistique, si ceux qui étaient appelés étaient des ignorants, si celui qui prêchait l’était lui-même, si la persécution était là, s’il y avait crainte et tremblement ; dites-le-moi, comment ont-ils vaincu ? Par la puissance de Dieu. Aussi, après avoir dit : « Je n’ai point employé, en vous parlant et en vous prêchant, les discours persuasifs de la sagesse humaine », ajoute-t-il : « Mais les effets sensibles de l’Esprit et de la vertu ».
2. Voyez-vous comment ce qui paraît folie en Dieu est plus sage que les hommes ? Comment la faiblesse l’emporte sur la force ? Les ignorants qui prêchaient ces choses, étaient jetés dans les chaînes et proscrits, et ils triomphaient de ceux qui les repoussaient. Comment cela ? N’était-ce point parce qu’ils inspiraient la foi par l’Esprit ? Et ceci même en est une démonstration évidente. Qui donc, je vous prie, en voyant les morts ressuscités et les démons chassés, ne se serait pas rendu ? Mais comme