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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/349

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Christ ». (1Cor. 2,16) Ce qui signifie avant d’avoir reçu l’Esprit et appris les secrets, ni nous ni aucun des prophètes n’avions compris ces choses. Cela eût-il été possible, puisque les anges mêmes ne les connaissaient pas ? Et que dire, ajoute-t-il, des princes de ce siècle, quand ni homme, ni puissances célestes n’en avaient connaissance ? Or quelles sont ces choses ? Que, par la prétendue folie de la prédication, les nations seront attirées, que Dieu se réconciliera avec les hommes, et que d’immenses bienfaits en résulteront pour nous. Comment l’avons-nous su ? « Mais Dieu nous l’a révélé par son Esprit » ; non par la sagesse extérieure ; car, dédaignée comme une espèce de servante, elle n’a point eu permission d’entrer et de pénétrer les secrets du Seigneur.
4. Voyez-vous quelle distance il y a entre ces deux sagesses ? L’une d’elles nous a appris ce que les anges mêmes ne savaient, pas. Celle du dehors a fait tout le contraire : non seulement elle n’a point enseigné, mais elle a empêché, elle a formé obstacle ; et après même que les faits étaient accomplis, elle les a obscurcis, elle a rendu vaine la croix. L’honneur qui nous est fait ne consiste donc pas à avoir appris, ni même à avoir appris avec les anges, mais à avoir appris par son Esprit. Et pour faire voir la grandeur du don, il ajoute : Si l’Esprit, qui connaît les secrets de Dieu, ne nous les eût révélés, nous ne les aurions pas connus : tant Dieu mettait de soin à rester dans le mystère ! C’est pourquoi nous avions besoin d’un Maître qui sût tout cela parfaitement. « Car l’Esprit pénètre toutes choses, même les profondeurs de Dieu. En effet, qui des hommes sait ce qui est de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi ce qui est en Dieu, personne ne le connaît que l’Esprit de Dieu. Pour nous, nous n’avons point reçu l’esprit de ce monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les dons qui nous ont été faits par Dieu ». – « Pénétrer » ne signifie évidemment pas l’ignorance, mais une connaissance exacte. C’est le terme que l’apôtre emploie encore, quand il dit en parlant de Dieu « Celui qui scrute les cœurs sait la pensée de l’esprit ». (Rom. 8,27) Ensuite, après avoir parlé avec précision de la connaissance de l’Esprit, nous avoir montré qu’elle est identique avec celle de Dieu même, comme celle de l’homme l’est avec lui-même, et que c’est de là que nous avons appris, et nécessairement appris tout ce que nous savons, il ajoute : « Et que nous annonçons, non avec les doctes paroles de la sagesse humaine, mais selon la doctrine de l’Esprit, traitant spirituellement les choses spirituelles ». Voyez-vous jusqu’où il nous conduit en vertu de l’autorité du Maître ? Il y a, entre notre sagesse et la leur, toute la distance qui sépare. Platon de l’Esprit-Saint. Ils ont pour maîtres les rhéteurs profanes, et nous l’Esprit-Saint. Mais que veulent dire ces mots : « Comparant les choses spirituelles aux choses spirituelles ? » Cela veut dire que quand il s’agit de choses spirituelles et douteuses, nous en cherchons l’explication dans les choses spirituelles : par exemple, le Christ est ressuscité parce qu’il est né d’une vierge. Je produis des témoignages, des figures et des démonstrations ; le séjour de Jonas dans le ventre de la baleine, puis sa délivrance ; l’enfantement de femmes jusqu’alors stériles, Sara, Rébecca et autres ; les arbres croissant au milieu du paradis, sans germe, sans pluie, sans labour. Les événements à venir étaient ainsi figurés et tracés en énigme par les événements antérieurs, afin qu’on y crût quand ils arriveraient. Je fais voir encore comment l’homme est né de la terre, et la femme de l’homme seul, sans mélange de sexes ; comment la terre a été faite de rien, la puissance du Créateur suffisant à tout et partout.
Ainsi je compare le spirituel au spirituel, et n’ai nul besoin de la sagesse du dehors, ni de raisonnements, ni de preuves. Eux agitent et troublent l’âme faible ; ils ne peuvent rien démontrer de ce qu’ils avancent ; tout au contraire, ils augmentent le trouble et remplissent tout d’obscurité et de doute. Voilà pourquoi l’apôtre dit : « Comparant les choses spirituelles aux choses spirituelles ». Voyez-vous comme il démontre que cette sagesse est inutile ? Et non seulement inutile, mais contraire et nuisible ? Car c’est là le sens de ces mots : « Afin de ne pas rendre vaine la croix du Christ » ; et de ceux-ci : « Afin que notre foi ne soit pas établie sur la sagesse des hommes ». Ici il fait voir que ceux qui ont confiance en cette sagesse et qui s’en rapportent à elle en tout, ne peuvent rien apprendre d’utile. « Car », nous dit-il, « l’homme animal ne perçoit pas ce qui est de l’Esprit de Dieu ».