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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/356

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leurs espérances dans l’avenir, de déposer le fardeau de leurs anciens péchés pour embrasser ensuite avec joie les difficultés de la vertu, de ne point désirer les choses sensibles, de s’élever au-dessus du monde matériel et de recevoir les dons spirituels ; en sorte que le Perse, le Sarmate, le Maure, l’Indien, connaissent la purification de l’âme, la puissance et l’ineffable bonté de Dieu, la philosophie de la foi, la descente du Saint-Esprit, la résurrection des corps, et le dogme de l’immortalité. Car des pêcheurs initiant aux mystères, dans le baptême, ces peuples barbares et bien d’autres encore, leur ont appris cette philosophie. Fidèles donc à ces principes, tenons-leur ce langage et donnons-leur par notre propre vie une preuve de fait, afin que d’une part nous soyons sauvés et que, de l’autre, nous les attirions à la gloire de Dieu : car la gloire lui appartient dans les siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE VIII.


AUSSI, MES FRÈRES, JE N’AI PU MOI-MÊME VOUS PARLER COMME À DES HOMMES SPIRITUELS, MAIS COMME À DES HOMMES CHARNELS, COMME À DE PETITS ENFANTS EN JÉSUS-CHRIST. JE VOUS AI NOURRIS DE LAIT, ET NON DE VIANDES SOLIDES, PARCE QUE VOUS N’EN ÉTIEZ PAS CAPABLES ; ET À PRÉSENT MÊME VOUS NE L’ÊTES PAS ENCORE, PARCE QUE VOUS ÊTES ENCORE CHARNELS. (CHAP. 3, VERS. 1, 2, JUSQU’AU VERS. 11)

ANALYSE.

  • 1. Que l’on peut encore n’être qu’un homme charnel tout en faisant des miracles.
  • 2. Qu’une vie vicieuse empêche de voir la vérité.
  • 3. Dans l’œuvre du salut les hommes ne sont rien, Dieu est tout.
  • 4. Nécessité de l’union immédiate avec Jésus-Christ. – Danger du désespoir qui est le propre de l’impie.
  • 5. Éviter avec soin les petites fautes, parce qu’elles conduisent aux grandes. – Combien la pénitence est rare.


1. Après avoir détruit la sagesse profane et abattu tout son orgueil, il passe à un autre sujet. Sans doute on lui aurait dit : Si nous prêchions la doctrine de Platon, de Pythagore ou de quelque autre philosophe, vous auriez raison de nous parler si longuement : mais comme nous annonçons celle de l’Esprit, pourquoi ces attaques acharnées contre la sagesse du dehors ? Écoutez comme il répond à ce reproche : « Aussi, mes frères, je n’ai pu moi-même vous parler comme à des hommes spirituels ». C’est-à-dire : quand vous seriez parfaits, même dans les choses spirituelles, il ne faudrait pas ainsi vous enorgueillir : car ce que vous annoncez n’est pas à vous, ni de votre invention ; vous ne le savez même pas comme il faut ; vous êtes des disciples et les derniers de tous. Si donc vous vous enflez de la sagesse profane, il est démontré qu’elle n’est rien, qu’elle nous est même contraire dans les choses spirituelles ; si vous vous enorgueillissez des choses spirituelles, vous n’en avez que la moindre partie et vous êtes au dernier rang. Aussi leur dit-il : « Je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels ». Il ne dit pas : Je ne vous ai pas parlé de peur de paraître agir par jalousie ; mais il détruit de deux façons leur manière de penser : d’abord en leur prouvant qu’ils ne connaissent pas la perfection ; en second lieu, en