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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/359

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complété le bienfait, et non celui qui l’a accordé de son fonds. Il ne dit pas : « Qui vous amènent à la foi, mais : « Par qui vous avez reçu la foi » ; leur accordant par là davantage, et faisant voir que les prédicateurs sont des ministres. Mais s’ils n’ont été que des ministres, comment s’attribuent-ils l’autorité ? Considérez qu’il ne les accuse point d’avoir usurpé l’autorité, mais de l’avoir cédée ; car la cause de la faute était dans le peuple ; si les uns se fussent tenus à l’écart, les autres se seraient désistés. Il prend donc, deux sages mesures pénètre là où il fallait détruire le mal, et il agit sans animosité, sans exciter davantage leur jalousie. « Selon le don que le Seigneur a départi à chacun ». Car ce faible avantage ne vient pas d’eux ; mais c’est un don de Dieu. De peur qu’ils ne disent : Quoi ! nous n’aimerons pas ceux qui nous servent ? vous les aimerez, répond-il, mais il faut savoir jusqu’à quel point : car ils n’ont rien d’eux-mêmes, tout leur vient de Dieu. « Moi, j’ai planté, Apollon a arrosé, mais Dieu a donné la croissance ». C’est-à-dire : J’ai le premier semé la parole ; de peur que la semence ne fût desséchée par les tentations, Apollon y a mis du sien, mais le tout a été l’œuvre de Dieu.
« C’est pourquoi ni celui qui plante n’est quelque chose, ni celui qui arrose ; mais « celui qui donne la croissance, Dieu ». Voyez comme il les console, de peur qu’ils ne s’aigrissent, en entendant dire : Qui est celui-ci ? qui est celui-là ? Car il ne leur était pas moins pénible d’entendre dire : Ni celui qui plante, ni celui qui arrose n’est quelque chose, que d’entendre dire : Qui est celui-ci ? qui est celui-là ? Mais comment les console-t-il ? En ce qu’il attire le mépris sur sa propre personne, quand il dit : « En effet, qu’est-ce que Paul ? qu’est-ce qu’Apollon ? » et aussi en ce qu’il rapporte tout au don de Dieu. Car après avoir dit qu’un tel a planté, et que celui qui plante n’est rien, il ajoute : « Mais celui qui donné la croissance, Dieu ». Il ne s’arrête même pas là ; il applique encore un autre remède en disant : « Or, celui qui planté et celui qui arrose sont une seule chose ». Son but est d’empêcher que l’un se glorifie vis-à-vis de l’autre. Il dit qu’ils sont une même chose, en ce sens qu’ils ne peuvent rien sans Dieu qui donne la croissance : Après avoir dit cela ; il ne permet pas même que ceux qui ont beaucoup travaillé se pavanent devant ceux qui ont moins travaillé, ni qu’ils aient de la jalousie les uns envers les autres. Et comme cette conviction que ceux qui avaient beaucoup travaillé ire faisaient qu’une seule chose avec ceux qui avaient moins travaillé, pouvait amener le relâchement, voyez quel correctif il y met, en disant : « Mais chacun recevra sa propre récompense selon son travail ». Comme s’il disait : Ne craignez point parce que j’ai dit qu’ils sont une seule chose : cela est vrai, si on les compare à l’œuvre de Dieu ; cela ne l’est plus, si on les juge d’après leurs travaux mais chacun d’eux recevra son propre salaire. Il prend même encore un largage plus doux, dès l’instant qu’il a atteint son but ; il est généreux là où il est permis de l’être : « Car nous sommes les coopérateurs de Dieu ; vous êtes le champ que Dieu cultive, l’édifice que Dieu bâtit ».
Voyez-vous quelle œuvre considérable il leur attribue, après avoir d’abord établi que tout appartient à Dieu ? Comme il recommande toujours d’obéir aux chefs, il ne les rabaisse pas trop. « Vous êtes le champ que Dieu cultive ». Ayant d’abord dit : « J’ai planté », il persiste dans sa métaphore. Or, si vous êtes le champ de Dieu, il est juste que vous portiez son nom, et non celui des laboureurs. En effet, un champ porte le nom de son propriétaire et non de celui qui le laboure. « Vous êtes l’édifice que Dieu bâtit ». La maison appartient au propriétaire, et non à l’ouvrier. Que si vous êtes un édifice, il ne faut pas vous diviser, mais vous faire un rempart de la concorde. « Selon la grâce que Dieu m’a donnée, j’ai, comme un sage architecte, posé le fondement ». Ici il s’appelle sage, non par vaine gloire, mais pour leur donner un modèle et leur montrer qu’il est d’un sage de ne poser qu’un seul fondement. Du reste, voyez sa modestie. S’il se dit sage, il ne permet pas qu’on le lui attribue ; il ne se donne ce nom qu’après s’être rapporté à Dieu tout entier : « Selon là grâce que Dieu m’a donnée, j’ai, comme un sage architecte, posé le fondement ». Il fait voir en même temps que tout appartient à Dieu, et que la grâce consiste surtout en ce qu’il n’y a pas de division, mais que tout reposé sur un seul fondement. « Un autre a bâti dessus ; que chacun donc regarde comment il y bâtira encore » Ici il me semble les engager à combattre pour régler leur conduite, puisqu’il les a unis en un