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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/36

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du Christ, et déclarer qu’il avait à cet égard accompli les prophéties dans toute leur étendue. Il semble aussi qu’il eût dû leur dire : Ne vous croyez pas innocents de ce déicide, parce qu’il avait été prédit, et que vous avez agi par ignorance. Toutefois ce langage eût été un peu sévère ; aussi leur dit-il plus doucement : « Faites donc pénitence ». Et pourquoi ? « Afin que tous vos péchés soient effacés », et ceux que vous avez commis en crucifiant le Sauveur, quoique peut-être votre ignorance puisse en partie vous excuser, et tous les autres dont vous vous êtes rendus coupables. Il ajoute ensuite : « Quand les temps de repos seront venus ». C’était parler obscurément de la résurrection, car le temps véritable du repos est celui que désirait saint Paul, lorsqu’il disait : « Pendant que nous sommes dans ce corps, comme dans une tente, nous gémissons sous son poids ». (2Cor. 5,4) Enfin, montrant que Dieu est l’auteur de ce repos, l’apôtre poursuit ainsi : « Quand le Seigneur aura envoyé Jésus-Christ qui vous a été annoncé depuis longtemps ». J’observe aussi que Pierre ne dit point : Afin que votre péché soit effacé, mais : « vos péchés » ; et encore qu’il se contente d’insinuer « l’envoi » ou la mission du Christ, sans entrer dans aucune explication. Il ajoute seulement « qu’il faut que le ciel le reçoive ». Mais pourquoi parler comme au futur, et ne pas dire que le ciel l’a reçu ? C’est qu’il fait allusion aux prophéties anciennes qui annonçaient que tels étaient les décrets et les conseils divins. Au reste, il omet à dessein la génération éternelle du Verbe, et continue à parler de l’économie de son incarnation. « Moïse a dit à vos pères : le Seigneur vous suscitera un prophète ». Précédemment l’apôtre avait dit : « Jusqu’au jour du rétablissement de toutes choses, jour que Dieu à prédit par la bouche de tous ses saints prophètes, dès le commencement du monde ». Et ici il fait enfin paraître Jésus-Christ lui-même. Mais s’il a fait lui-même plusieurs prédictions, et si nous devons l’écouter, qui nous accuserait d’erreur lorsque nous disons que tout a été prédit par les prophètes ?
4. Au reste l’apôtre veut montrer qu’ils ont en effet prédit toutes ces choses ; et un examen attentif nous le prouvera, quoique les prophéties ne laissent pas que d’être quelquefois obscures. Pierre ne parlait donc pas un langage nouveau. « Selon ce qui a été prédit ». Ici encore il effraie ses auditeurs, en insinuant que plusieurs prophéties ne sont pas encore accomplies. Comment donc a-t-il pu dire que le Christ « avait accompli tout ce qu’il devait souffrir ? » Il a dit : « Le Christ a accompli », et non pas. Tout a été accompli, déclarant, par cette manière de parler, que le Christ avait personnellement souffert tout ce qu’il devait souffrir, mais que tout ce qui avait été prédit, comme devant ensuite arriver, n’avait pas encore été accompli. « Le Seigneur Dieu vous suscitera du milieu de vos frères un prophète semblable à moi ». Cette parole ne pouvait que lui concilier la bienveillance de ses auditeurs ; et admirez le double caractère d’humilité et d’élévation par lequel il désigne le Christ ! Et, en effet, le Christ est bien grand puisqu’il monte dans les cieux, et en même temps il est bien humble puisqu’il est semblable à Moïse. Au reste, cette ressemblance était alors très-importante.
Mais en même temps le Christ est bien au-dessus de Moïse, « puisque quiconque ne l’écoutera pas sera exterminé ». A cette première preuve de supériorité, l’apôtre en ajoute un grand nombre d’autres, et il en forme comme un imposant ensemble de témoignages. « Dieu le suscitera du milieu de vos frères ». Moïse lui-même a donc fait entendre de graves menaces contre ceux qui ne l’écouteraient pas, et l’apôtre les résume en quelques mots. « Et tous les prophètes », ajoute-t-il, « depuis Samuel ». Il ne les cite point chacun en particulier, pour ne pas trop allonger son discours, et il les omet à dessein après avoir heureusement allégué le témoignage de Moïse. « Vous êtes », poursuit-il, « les fils des prophètes, et les enfants de l’alliance que Dieu a faite ». Les enfants « de l’alliance », c’est-à-dire les héritiers. Et afin d’éloigner jusqu’à la pensée qu’ils lui étaient redevables de ce bienfait, l’apôtre leur rappelle que depuis longtemps ils avaient acquis ce droit. Et il leur prouve ainsi combien le Seigneur les a aimés.
« C’est à vous que Dieu, ressuscitant son Fils, l’a premièrement envoyé ». Il ne dit point simplement : Dieu vous a envoyé son Fils, mais après l’avoir ressuscité, c’est-à-dire après que vous l’avez eu crucifié. Et pour qu’ils n’attribuassent point cet acte de miséricorde au Fils et non au Père, il ajoute : « Afin qu’il vous bénisse ». Mais si le Christ, qui