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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/372

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bien plus douces que celles des hérauts qui précèdent les magistrats, elles vous appellent sauveur, bienfaiteur, protecteur (les noms de Dieu même), et non avare, orgueilleux, insatiable, mesquin. Je vous en prie, n’ambitionnez pas de telles dénominations, mais celles qui leur sont contraires. Et si ces éloges, proférés sur la terre, rendent déjà si illustre et si glorieux, pensez de quel éclat, de quelle gloire vous jouirez quand ils auront été écrits dans le ciel, et que Dieu les proclamera au jour à venir. Puissions-nous obtenir tous ce bonheur, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XI.


POUR MOI, JE ME METS FORT PEU EN PEINE D’ÊTRE JUGÉ PAR VOUS OU PAR UN TRIBUNAL HUMAIN ; BIEN PLUS, JE NE ME JUGE PAS MOI-MÊME. À LA VÉRITÉ, MA CONSCIENCE NE ME REPROCHE RIEN, MAIS JE NE SUIS PAS POUR CELA JUSTIFIÉ ; CELUI QUI ME JUGE, C’EST LE SEIGNEUR. (CH. 4,3, 4, JUSQU’AU VERS. 5)

ANALYSE.

  • 1. Saint Paul se tient également éloigné de l’orgueil et de la bassesse.
  • 2. Il se peut que notre conscience ae nous reproche rien, et que cependant nous ne soyons pas pour cela, justifiés.
  • 3. Combien les hommes se trompent dans leurs jugements, et qu’ils sont téméraires. – Que l’homme ne se connaît pas, et ne peut se juger lui-même.
  • 4-6. Contre les avares et les impudiques. – Compassion pour les pauvres honteux. – Contre ceux qui insultent aux pauvres. – Sage ménagement pour guérir un avare.


1. Parmi bien d’autres maux, je ne sais comment s’est introduite dans la nature humaine la maladie d’une vaine et inopportune curiosité ; maladie que le Christ a condamnée, en disant : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » (Mt. 7,1) ; maladie qui n’emporte pas même le plaisir qui peut s’attacher aux autres péchés, mais n’attire que peine et châtiment. En effet, quoique accablés nous-mêmes de maux sans nombre, quoique portant des poutres dans nos yeux, nous examinons avec sévérité les fautes de notre prochain, n’eussent-elles que la grosseur d’un fétu ; comme cela arrivait à Corinthe. En effet, les Corinthiens livraient à la risée, expulsaient même des hommes pieux, amis de Dieu, à cause de leur ignorance, et ils entouraient de leur estime des hommes chargés de vices, à cause de leur éloquence. Ensuite assumant le rôle de juges, ils prononçaient inconsidérément leurs arrêts : Un tel a de la valeur ; celui-ci est préférable à celui-là ; l’un vaut moins que l’autre ; un tel est au-dessus d’un tel ; ils jugeaient les autres, sans songer à pleurer sur leurs propres misères, et soulevaient ainsi de dangereux débats. Voyez-vous avec quelle prudence Paul les corrige de cette maladie ? Après avoir dit : « Ce qu’on demande dans les dispensateurs. C’est que chacun soit trouvé fidèle », et avoir paru leur donner un motif d’examiner et de juger la conduite de chacun (ce qui devenait une occasion de trouble) ; afin de les garantir de ce vice, il les détourne d’un sujet si irritant, en disant : « Pour