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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/378

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adoucissons-les par la crainte de ces maux. Car, par le tableau de malheurs étrangers, nous leur ferons comprendre qu’ils y sont exposés eux-mêmes. En effet, quand ils apprendront que le fils d’un tel qui fut avare et voleur, que la femme d’un tel qui s’est rendu coupable de nombreuses injustices, après la mort de son époux a souffert beaucoup de mauvais traitements ; que ceux qui avaient été lésés se sont rués sur la femme et les enfants du défunt ; qu’une guerre générale a été déclarée à sa maison : le plus insensible d’entre eux, s’attendant à subir un sort pareil, et le redoutant pour les siens, deviendra plus sage. Le monde est rempli d’exemples de cette nature, et ce genre de correction ne nous fera pas défaut. Seulement quand nous disons cela, que ce ne soit pas par manière d’exhortation ou de conseil, de peur d’être importuns, mais en façon de récit ; passons d’un autre sujet à celui-là ; ramenons continuellement ces exemples sous leurs yeux, en sorte qu’ils ne cessent de dire : Comment la maison d’un tel, si brillante, si magnifique, est-elle tombée ? Comment s’est-elle trouvée si délaissée, que tout ce qu’elle contenait soit passé en d’autres mains ? Combien de jugements, combien de négociations ont eu lieu au sujet de cette fortune ! Combien de serviteurs de ce propriétaire mendient aujourd’hui, ou sont morts en prison ? Et disons tout cela comme par un sentiment de compassion pour celui qui est mort, et de mépris pour les biens de ce monde, afin de toucher un cœur inhumain et par la crainte et par la pitié.
Puis quand nous les verrons devenus sérieux à ces récits, alors parlons-leur de l’enfer, non pour paraître vouloir les effrayer, mais pour déplorer le sort des autres, et disons : À quoi bon parler du présent ? Notre destinée n’est pas limitée à ce terme ; mais un châtiment plus terrible attend des hommes comme ceux-là : à savoir, un fleuve de feu, un ver empoisonné, des ténèbres immenses, des supplices sans fin. Si nous les gagnons par ces récits, nous les corrigerons en nous corrigeant nous-mêmes, nous les guérirons promptement de leur maladie, et, en ce jour-là, nous recevrons des éloges de la bouche de Dieu même, selon ce que dit Paul : « Et alors chacun recevra de Dieu sa louange ». Car la louange qui vient des hommes, a peu de solidité et souvent ne procède pas d’un cœur bien disposé ; mais celle qui vient de Dieu est permanente et brille d’un vif éclat. Quand celui qui sait chaque chose avant qu’elle existe et qui juge sans passion, décerne un éloge, c’est une preuve incontestable de vertu. Convaincu de ces vérités, faisons en sorte de mériter les louanges de Dieu et d’obtenir les biens infinis. Puissions-nous tous y parvenir, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent, au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, la force, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles : Ainsi soit-il. ==