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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/379

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HOMÉLIE XII.==
AU RESTE, MES FRÈRES, J’AI PERSONNIFIÉ CES CHOSES EN MOI ET EN APOLLON À CAUSE DE VOUS, AFIN QUE VOUS APPRENIEZ EN NOUS À NE PAS AVOIR DES SENTIMENTS CONTRAIRES À CE QUI EST ÉCRIT. – (CHAP. 4, VERS. 6, JUSQU’AU VERS. 9)

ANALYSE.

  • 1. Ici saint Paul déclare aux docteurs de Corinthe qu’il a fait leur procès sous les noms de Paul et d’Apollon ; et s’adressant tantôt aux maîtres et tantôt aux disciples, il cherche à leur inspirer aux uns et aux autres des sentiments d’humilité,
  • 2. Saint Paul emploie l’ironie pour faire rentrer les Corinthiens en eux-mêmes.
  • 3. Prudence de saint Paul ; son habileté à manier les esprits.
  • 4-7. Contre la passion d’être estimé dans le monde. – Vanité dei louanges des hommes. – Mal que fait la fréquentation des théâtres, des hippodromes et des combats de bêtes. – Que les noces se célèbrent à Antioche d’une manière toute païenne et très condamnable. – Description de ces noces. – Superstitions diverses, telles que les ligatures, les sistres, etc. – Usage des pleureuses de pompes funèbres.


1. Tant qu’il a dû employer un langage sévère, il n’a pas levé le rideau ; mais il parlait comme s’il eût été lui-même un des accusés, afin que la dignité des personnes mises en jeu, faisant contre-poids aux accusations, empêchât tout mouvement de colère. Mais quand il a fallu se relâcher de sa rigueur, alors déchirant le voile et déposant le masque, il met en scène, en prononçant les noms de Paul et d’apollon, les personnages jusqu’alors tenus dans l’ombre. Voilà pourquoi il dit : « Au reste, mes frères, j’ai personnifié ces choses en moi et en Apollon », Et comme quand un enfant malade donne des coups de pied et refuse la nourriture qu’on lui présente de la part des médecins, ceux qui le soignent font venir son père ou son précepteur, et les prient d’offrir eux-mêmes l’aliment reçu de la main des médecins, afin que l’enfant, contenu par la crainte, le prenne et se tienne en repos ; ainsi Paul, se proposant d’intenter des accusations qui regardaient d’autres personnes, dont les unes ont été trop abaissées, les autres trop honorées, ne met d’abord point ces personnes en scène, mais parle en son nom et en celui d’Apollon, afin de faire accepter le remède qu’il veut appliquer, à la faveur du respect que ces deux noms inspirent ; puis le remède une fois accepté, il découvre enfin son but. Or, tout cela n’était point hypocrisie, mais condescendance et ménagement. S’il eût dit ouvertement : Vous jugez des saints, des hommes dignes d’admiration, il les eût irrités et repoussés ; mais en disant : « Pour moi, je me mets fort peu en peine d’être jugé par vous » ; et encore : « Qu’est-ce que Paul ? Qu’est-ce qu’Apollon ? » Il fait accepter sa parole.
C’est pourquoi il dit : « J’ai personnifié ces choses en moi et en Apollon à cause de vous, afin que vous appreniez par notre exemple à ne pas avoir des sentiments contraires à ce qui est écrit », faisant voir par là que s’i leur avait parlé directement, ils n’auraient point appris ce qu’il fallait apprendre, ils ne se seraient point corrigés, mais blessés de son langage. Et maintenant, par respect polir Paul, ils acceptent le reproche sans difficulté. Mais que signifient ces mots : « Contraires à ce qui est écrit ? » Il est écrit : « Pourquoi voyez-vous la paille qui est dans l’œil de votre frère, et ne voyez-vous point la poutre qui est dans le vôtre ? Ne jugez pas, afin que vous ne soyez point jugés ». (Mt. 7,3, 1) Car si nous sommes liés de manière à ne former qu’un corps, nous ne devons point nous