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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/386

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au son des instruments, et se mettent à la fenêtre pour voir passer la comédie ?
Et que dire des chants mêmes, qui ne respirent que la licence, ne célèbrent que des amours illicites, des unions illégitimes, des familles détruites, mille scènes tragiques, et où l’on n’entend que les mots d’amant et d’amante, de bien-aimé et de bien-aimée ? Et le pire encore, c’est qu’il y a là des jeunes, filles qui, dépouillant toute pudeur, à l’honneur, ou plutôt à la honte de la mariée, sacrifient leur salut, se conduisent avec indécence parmi des jeunes gens, et, par, un satanique accord, prennent part aux chants impurs et aux paroles coupables. Me demanderez-vous encore d’où viennent les adultères ? les fornications ? les profanations du mariage ? Mais, direz-vous, ce ne sont pas, les vierges bien nées et pudiques qui se conduisent ainsi. Eh ! puisque vous savez cela avant moi ; pourquoi riez-vous de moi ? Si ces coutumes sont bonnes, permettez que celles-ci les pratiquent. Quoi donc ? parce que les autres sont pauvres, ne sont-elles pas aussi des vierges ? ne sont-elles pas obligées d’être chastes ? Est-ce qu’une jeune fille qui danse sur le théâtre, au milieu de jeunes libertins, il vous semble pas plus dégradée qu’une femme publique ? Si vous ajoutez qu’il n’y a que des servantes qui le fassent, je ne vous fais pas grâce peur autant : car à pelles-là encore il ne fallait pas permettre de le faire.
7. Et là est la source de tous les maux : On ne tient plus compte des serviteurs. On a donné un assez grand signe de mépris quand on a dit : C’est un domestique, ce sont des servantes. Et pourtant on entend dire chaque jour : « Dans le Christ, il n’y a plus d’esclave, ni d’homme libre ». (Gal. 3,28) Vous ne méprisez ni un cheval, ni un âne, vous mettez tout en œuvre pour qu’ils ne soient pas vicieux ; et, vous dédaignez des serviteurs qui ont une âme comme vous ? Que dis-je, des serviteurs ? Vous négligez même vos fils et vos filles. Qu’arrive-t-il ensuite ? Qu’il faut gémir quand ils sont tous perdus ; et souvent, pour combe de malheur, après qu’ils ont dépensé des sommes considérables au milieu de la foule et du tumulte. Ensuite si un enfant naît du mariage, nous revoyons encore la même folie, et une four d’usages ridicules. En effet, quand il faut lui donner un nom, on ne le cherche pas parmi ceux des saints, comme le faisaient nos ancêtres ; mais on allume des lampes auxquelles on donne des noms, et celle qui dure le plus laisse le sien au nouveau-né ; c’est une probabilité qu’il vivra longtemps. Et s’il arrive (cas assez fréquent), qu’il meure de mort prématurée, le diable a une belle occasion de rire de s’être joué des parents comme d’enfants niais.
Et que dire des bandelettes et oies clochettes attachées à la main, et du cordon rouge, et de cent autres folies de ce genre, quand on devrait uniquement placer l’enfant sous la sauvegarde de la croix ? Mais cette croix qui a converti le monde entier, qui a fait au démon une si cruelle blessure et a ruiné tout son pouvoir, elle est aujourd’hui un objet de mépris ; c’est à une trame, à une chaîne, à des amulettes que l’on confie le salut d’un enfant. Dirai-je quelque chose de plus ridicule encore ? Que personne ne m’accuse d’importunité, si je vais jusque-là. Car celui qui veut retrancher de la pourriture, ne craint pas de salir ses mains : Quelle est donc cette chose ridicule ? Une chose qui n’a l’air de rien (et c’est de quoi je gémis), mais qui est le principe d’une vraie démence, d’une extrême folie. Des femmes, des nourrices, des servantes, mettent de la boue dans de l’eau de bain, y trempent le doigt et en marquent le front de l’enfant ; et si vous le demandez : Pourquoi cette eau ; sale, pourquoi cette boue ? On vous répond : C’est pour détourner les mauvais regards, la jalousie, et l’envie. Vraiment ! quelle vertu a l’eau sale ! quelle puissance a la boue ! Elle renverse tout l’empire de Satan. Et vous ne rougissez pas ? Vous ne devinez pas enfin les ruses du diable ? Vous ne voyez pas comment il amène peu à peu et dès le premier âge, dans ses filets ? Mais si la boue a tant de vertu, pourquoi ne vous en frottez-vous pas le front, vous homme mûr, et qui avez plus d’envieux qu’un enfant ? Pourquoi ne vous en frottez-vous pas tout le corps ? Si une simple onction sur le front produit de si grands effets, pourquoi ne pas l’étendre au corps entier ? Tout cela est une farce, une comédie satanique, qui ne prête pas seulement, à rire, mais précipite en enfer ceux qu’elle séduit.
Rien d’étonnant que de telles choses se passent chez les gentils ; mais qu’elles aient lieu chez les adorateurs de la croix, chez ceux qui participent aux plus hauts mystères secrets, qui possèdent une si haute philosophie :