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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/391

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s’adressait qu’aux Juifs, l’autre s’adresse au monde entier ; la première sortait d’objets inanimés, la seconde d’une âme douée de vertu.
4. Le propitiatoire était plus splendide que le ciel ; ce n’étaient point des astres divers ni des rayons du soleil qui faisaient son éclat, mais il possédait le soleil lui-même qui de là envoyait ses rayons. Quelquefois des nues en passant attristent notre ciel ; cette poitrine n’a point subi de tels orages ; ou plutôt elle en a souvent subi, mais son éclat n’en, a point été obscurci ;.au milieu des épreuves et des périls elle gardait sa splendeur. Aussi, chargé de fers, s’écriait-il : « La parole de Dieu n’est pas enchaînée ». (2Tim. 2,9) Ainsi, par sa langue, il envoyait toujours des rayons ; jamais la crainte, jamais le danger n’ont assombri sa poitrine. Peut-être cette poitrine semble-t-elle laisser les pieds loin derrière elle ; mais ces pieds sont beaux en tant que pieds, et, comme poitrine, cette poitrine est belle. Voulez-vous voir la beauté de son estomac ? Écoutez ce qu’il dit de lui-même : « Si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair ». (I. Cor. 5,13) Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas boire de vin ou quoi que ce soit qui puisse offenser scandaliser ou affaiblir votre frère. « Les aliments sont pour l’estomac, et l’estomac pour les aliments ». (Id. 6,13) Quoi de plus beau que cet estomac ainsi exercé au calme, à toute espèce de tempérance, à souffrir l’abstinence, la faim et la soif ? Comme un cheval bien dressé et portant une bride d’or, ainsi cet estomac allait en mesure après avoir dompté les besoins de la nature : car le Christ marchait en lui. Il est évident que par cette tempérance tous les autres vices étaient détruits. Maintenant voulez-vous voir ses mains, tes mains d’aujourd’hui ? Ou voulez-vous d’abord voir celles d’autrefois ? Naguère entrant dans les maisons, il traînait hommes et femmes, non avec des mains d’homme, mais avec celles de quelque bête fauve. Mais dès qu’il eut reçu les couleurs de la vérité et la science spirituelle, ses mains ne furent plus celles d’un homme, elles furent toutes spirituelles, enchaînées tous les jours ; frappées elles-mêmes mille fois, elles ne frappèrent plus personne. Une vipère les respecta un jour, car ce n’étaient plus des mains d’homme, aussi, n’osa-t-elle les toucher. Voulez-vous aussi connaître ce dos, si semblable aux autres membres ? Écoutez ce qu’il en dit : « Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups de fouet, moins un ; j’ai été trois fois battu de verges, j’ai été lapidé une fois, trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai été un jour et une nuit dans les profondeurs de la mer ». (2Cor. 11,24-25)
Mais pour ne pas nous jeter dans un abîme saris fond et être ballottés en tout sens, en prenant chacun de ses membres en particulier, quittons son, corps et contemplons une autre beauté, à savoir, celle de ses vêtements que les démons mêmes respectaient au point de s’enfuir, et qui guérissaient les maladies. Partout où Paul apparaissait, tout cédait, tout disparaissait, comme en présence du conquérant de la terre. Et comme ceux qui ont reçu beaucoup de blessures dans le combat, frémissent au seul aspect des armes de leur vainqueur ; ainsi les démons prenaient la fuite, à la seule vue de sa ceinture. Et maintenant où sent les riches, ceux qui s’enorgueillissent de leur fortune ? Où sont ceux qui étalent leurs dignités et leurs somptueux vêtements ? En les comparant à ceux-là, ils verront que tout ce qu’ils possèdent est de l’argile et de la boue. Et que parlé-je de vêtements et de richesses ? On me donnerait l’empire du monde entier, que je croirais l’ongle de Paul plus fort que ma puissance ; sa pauvreté au-dessus de tout plaisir, ses humiliations au-dessus de toute gloire, sa nudité au-dessus, de toute richesse, les soufflets imprimés à sa tête sacrée au-dessus de toute licence, les pierres qu’il a reçues au-dessus de tout diadème. Ambitionnons cette couronne, ô mes bien-aimés, et bien qu’il n’y ait pas de persécution, cependant préparons-nous. Car ce ne sont pas seulement les persécutions qui ont rendu cet homme glorieux ; il disait lui-même : « Je châtie mon corps » (1Cor. 9,27) ; ce qui peut se faire sans persécution. Et il nous exhortait à n’avoir aucun souci de la chair, quant à ses convoitises ; il disait encore : « Ayant la nourriture et le vêtement, contentons-nous-en ». (1Tim. 6,8)
Or, pour cela, il n’y a pas besoin de persécutions. Il engageait aussi les riches à la modération, en disant : « Ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation ». (Id. 9) Si nous voulons ainsi nous exercer et entrer en lutte, nous serons couronnés, et bien qu’il n’y ait pas de persécutions, nous