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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/394

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cette lettre-ci : « Quelques-uns s’enflent en eux-mêmes, comme si je ne devais plus « venir vous voir ; mais je viendrai (18, 19) ». Il avait donc hâte, il avait le désir de venir ; mais comme cela n’était pas possible pour le moment, il les corrige par la promesse de son arrivée, et aussi par l’envoi de son disciple. « C’est pourquoi », leur dit-il, « je vous ai envoyé Timothée ». – « C’est pourquoi » qu’est-ce à dire ? Parce que j’ai soin de Mous comme de mes enfants, parce que c’est moi qui vous ai engendrés. Et la lettre est accompagnée de la recommandation de la personne : « Qui est mon fils bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ». Il dit cela, et pour montrer l’amour qu’il lui porte et pour les préparer à le recevoir honorablement. Il ne dit pas simplement « fidèle », mais « fidèle dans le Seigneur », c’est-à-dire, dans tout ce qui est selon Dieu. Or, si c’est une gloire d’être fidèle dans les choses temporelles, à plus forte raison de l’être dans les choses spirituelles. Et si Timothée est le fils bien-aimé de Paul ; songez à ce que doit être l’amour de Paul pour les Corinthiens, en faveur de qui il s’en sépare ! Mais s’il est fidèle, il réglera tout d’une manière irréprochable. « Qui vous rappellera ». Il ne dit pas : Il vous enseignera, de peur qu’ils ne trouvassent mauvais de recevoir ses leçons. Aussi dit-il à la fin : « Car il travaille comme moi à l’œuvre de Dieu » (16, 10), de peur que quelqu’un ne le méprise. Car il n’y avait pas de jalousie chez les apôtres ils n’avaient qu’une chose en vue, l’édification de l’Église ; et si l’ouvrier était de moindre valeur, ils le soutenaient et l’aidaient avec le plus grand dévouement. C’est pour cela qu’il ne se contente pas de dire ; « Il vous rappellera » ; mais voulant couper court à leur jalousie (car Timothée était jeune) ; il ajoute : « Mes voies » ; non pas les, siennes, mais les miennes, c’est-à-dire, les règlements, les périls, les coutumes, les lois, les prescriptions, les canons des apôtres et tout le reste. Comme il a dit plus haut : « Nous sommes nus, souffletés ; nous n’avons pas de demeure stable », il ajoute : « Il vous rappellera tout cela ainsi que « les lois du Christ », afin de détruire les hérésies.
Puis reprenant son sujet, il continue : « Mes voies en Jésus-Christ » ; rapportant tout au maître, suivant son usage, et voulant rendre digne de foi ce qui doit suivre, car il ajoute : « Selon ce que j’enseigne partout, dans toutes les églises. ». Je ne vous ai rien dit de nouveau : toutes les autres églises m’en rendent témoignage. Il affirme que ses voies sont en Jésus-Christ, pour montrer qu’elles n’ont rien d’humain et qu’avec le secours d’en haut il fait tout en règle. Après avoir dit cela et les avoir guéris, sur le point d’accuser l’incestueux, il reprend le langage de la colère, non qu’il soit réellement fâché, mais dans le but de les corriger ; et laissant de côté le coupable, il s’adresse aux autres, comme s’il jugeait celui-là indigne qu’on lui parlât : procédé dont nous usons nous-mêmes à l’égard de serviteurs qui nous ont grandement offensés. Après avoir dit : « Je vous envoie Timothée », pour prévenir la négligence où ils pourraient tomber, voyez ce qu’il ajoute : « Quelques-uns s’enflent en eux-mêmes, comme si je ne devais plus venir vous voir ». Par là, il les attaque, eux et quelques autres, en ébranlant leur orgueil. Car c’est le propre de ceux qui ambitionnent le pouvoir ; d’être arrogants en l’absence du maître. Quand il s’adresse – à la multitude, voyez comme il cherche à inspirer la honte ; mais quand il s’adresse aulx auteurs du mal, son langage est bien plus violent. À ceux-là il dit : « La balayure rejetée de tous », puis, dans le but de les adoucir : « Ce n’est point pour vous donner de la confusion que j’écris ceci ». À ceux-ci il, dit : « Quelques-uns s’enflent en eux-mêmes, comme si je ne devais plus venir vous voir », montrant que l’arrogance est le fait d’une âme puérile ; en effet, les enfants se relâchent en l’absence du maître. C’est ce qui est indiqué ici, et aussi, que la présence de ce même maître suffit à faire tout rentrer dans l’ordre.
2. Car comme la présence du lion terrifie les animaux, ainsi celle de Paul épouvante les fléaux de l’Église. Voilà pourquoi il ajoute : « Mais je viendrai vers vous bientôt, si le Seigneur le veut ».S’en tenir à ces paroles n’eût paru qu’une menace ; mais promettre lui-même et exiger d’eux la démonstration par les œuvres, voilà qui est d’une grande âme. Aussi, ajoute-t-il : « Et je connaîtrai non quel est le langage de ceux qui sont pleins d’eux-mêmes, mais quelle est leur vertu ». Car leur arrogance avait pris sa source, non dans leurs succès propres, mais dans l’absence du maître : ce qui était un signe de mépris. C’est pourquoi après avoir dit : « Je vous ai envoyé,