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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/40

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de mille autres. Moi, je ne jure point, et cependant vous me croyez de préférence à ceux qui ont toujours le serment à la bouche.
Mais, m’objecterez-vous, vous êtes prince et évêque. Sans doute et même quelque chose de plus. Car, répondez-moi en toute franchise :, Si j’avais la criminelle habitude de jurer en toute circonstance, respecteriez-vous beaucoup ma dignité ? Nullement. Ma, dignité est donc en dehors de la question. Et maintenant, je vous le demande, que gagnez-vous à jurer ainsi ? L’apôtre savait endurer la faim ; et à son exemple, vous devriez préférer la pauvreté à cette criminelle violation de la loi divine. Vous restez incrédule : eh bien ! ne néglige aucun moyen, et souffrez même, s’il le faut, pour, vous corriger ; est-ce que Dieu ne vous en récompensera pas ? Et Celui qui nourrit chaque jour les parjures et les blasphémateurs, vous laisserait-il mourir de faim parce que vous auriez obéi à sa parole ?
O vous donc, qui êtes ici réunis, prenez tous l’engagement de ne plus jurer, et déjà célèbres par votre foi, distinguez-vous encore par là des autres églises de la. Grèce, et même de tous les autres peuples. Ce sera un sceau céleste qui nous désignera en tous lieux comme le royal troupeau de Jésus-Christ. Notre langage et nos paroles nous feront distinguer des autres fidèles comme un accent étranger fait reconnaître un barbare d’avec un Grec. Eh ! dites-moi, qui distingue les perroquets des autres oiseaux ? N’est-ce pas leur aptitude à parler ? Et de même, comme autrefois les apôtres, nous nous ferons connaître à notre parole, si nos entretiens sont tout angéliques. Lorsqu’on vous dira : Prêtez serment ; répondez : Jésus-Christ le défend et je ne le prêterai pas. C’en sera assez pour vous affermir dans toutes les vertus chrétiennes, vous ouvrir les voies de la piété, vous initier à la véritable philosophie, et vous faciliter l’exercice des moyens de salut. Soyons fidèles à observer ces règles, et nous obtiendrons les biens du temps et ceux de l’éternité, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
Traduit par M. l’abbé DUCHASSAING.

HOMÉLIE X.


COMME ILS PARLAIENT AU PEUPLE, LES PRÊTRES ET LE CAPITAINE DES GARDES DU TEMPLE SURVINRENT. (CHAP. 4,1, JUSQU’AU VERS. 23)

ANALYSE.

  • 1-3. Les apôtres sont de nouveau arrêtés et menés devant le tribunal des prêtres juifs. – Belle réponse que fait saint Pierre ; l’orateur en montre l’à-propos et la portée. – Pierre qui tremblait naguère devant la servante de Caïphe, parait aujourd’hui avec un visage assuré devant Caïphe lui-même.
  • 4 et 5. Exhortation morale contre les théâtres et les jurements. – L’orateur est confondu de ce qu’au lieu de s’élancer dans les hautes régions de l’enseignement évangélique, il soit encore obligé de ramper à terre pour reprendre les préceptes que les prophètes avaient jadis inculqués aux Juifs. – Pour extirper la criminelle habitude du jurement, donnons-nous des surveillants dans toutes les personnes qui nous entourent.


1. Ils n’avaient pas encore eu le temps de respirer après les premières persécutions, que déjà de nouvelles venaient les visiter. Et voyez comment la Providence ménage les événements !