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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/41

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C’est d’abord ta persécution du rire qu’ils ont à souffrir tous ensemble, et ce n’est pas peu de chose. En second lieu, ce sont les chefs qui tombent en péril. Ces deux épreuves n’arrivent pas coup sur coup ni au hasard. Les apôtres se signalent d’abord par leurs discours à la multitude, leur puissance éclate ensuite par un grand miracle, et ce n’est qu’après cela, c’est-à-dire quand leur confiance s’est affermie ; qu’ils sont appelés de Dieu à livrer des combats plus difficiles. Mais considérez comment ceux qui ont soudoyé un traître contre Jésus-Christ, en viennent maintenant à mettre eux-mêmes la main sur les disciples, et comment leur audace et leur impudence se sont accrues depuis le crucifiement du Sauveur. C’est que le péché, tant qu’il n’est pour ainsi parler qu’en enfantement, garde une certaine pudeur, et que, quand il est une fois accompli, il accroît l’impudence de ceux qui l’ont commis. Mais pourquoi le capitaine des gardes vient-il aussi ? « Les prêtres », dit le texte, « survinrent avec le capitaine des gardes ». C’était afin de donner à cette affaire le caractère d’un crime d’État, et pour ne pas courir le risque de se faire justice eux-mêmes comme dans une affaire privée. C’est une conduite qu’ils s’appliquent partout à tenir. « Ne pouvant souffrir qu’ils enseignassent le peuple (2) ». Leur dépit venait non seulement de ce que les apôtres enseignaient, mais de ce qu’ils annonçaient la résurrection du Sauveur, et même notre propre résurrection par Jésus-Christ. « Qu’ils enseignassent le « peuple », dit le texte, « et qu’ils annonçassent la résurrection des morts en Jésus-Christ ». Il y a eu tant de vertu dans la résurrection de Jésus-Christ, qu’il est devenu l’auteur de la résurrection des autres. « Et ils mirent la main sur eux, et ils les jetèrent en prison jusqu’au lendemain, parce qu’il était déjà tard (3) ». O impudence ! ils avaient les mains encore toutes pleines du premier sang qu’ils avaient répandu, et leur fureur n’en était pas ralentie, ils voulaient même lés remplir d’un nouveau sang. La présence du capitaine des gardes à cette affaire avait peut-être encore une autre raison outre celle que nous avons donnée ; peut-être craignait-on les disciples qui étaient devenus une multitude. « Il était déjà tard ». Les Juifs agissaient de la sorte et gardaient les apôtres pour lés adoucir, mais ce délai ne servait qu’à ajouter à leur constance. Considérez quels sont ceux qu’on arrête ; ce sont les chefs des apôtres : on veut en faire pour les autres un exemple qui les empêche de se rechercher les uns les autres et d’agir de concert.
« Cependant beaucoup de ceux qui avaient entendu le discours » de Pierre « crurent et le nombre des hommes fut d’environ cinq mille (4) ». Qu’est ceci ? Les voyait-on entourés de considération ? Ne les voyait-on pas, au contraire, chargés de fers ? Qu’est-ce donc qui attirait à la foi ? Voyez-vous éclater la vertu de Dieu ? Tout conspire à ébranler la foi, et c’est le contraire qui arrive. C’est que le discours de Pierre avait jeté la semence divine fort avant dans les âmes, c’est qu’il avait touché les cœurs. Les Juifs étaient irrités de voir que les disciples ne les craignaient pas et qu’ils comptaient pour rien les maux présents. Voici en effet le raisonnement que faisaient les disciples : Si le Crucifié opère de telles œuvres, s’il a fait marcher le boiteux, nous n’avons rien à craindre de ceux-ci. C’était donc là un effet de la divine sagesse. C’était par son action que le nombre des croyants augmentait. Effrayés de cet accroissement, les ennemis de la foi enchaînèrent les apôtres à la vue de leurs disciples, pour intimider ceux-ci. Le contraire de ce qu’ils voulaient arriva.. Ils n’interrogèrent pas les prisonniers devant les fidèles, mais à l’écart, de peur que ceux-ci ne profitassent de la fermeté de leurs réponses s’ils les entendaient.
« Le lendemain les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes, s’assemblèrent dans Jérusalem, avec Ange le grand prêtre, Caïphe, Jean Alexandre et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale (5, 6). Voilà qu’ils se réunissent encore une fois ; car, pour comble de malice, ils n’observaient plus même la loi. De nouveau ils dissimulent leur mauvais dessein sous les formes de la justice, afin de noircir ces innocents par un jugement injuste. « Et ayant fait venir les apôtres au milieu d’eux, ils leur dirent : Par quelle puissance ou au nom de qui, faites-vous ceci (7) ? » Ils le savaient bien. « Ils ne pouvaient souffrir », dit le texte, « qu’ils annonçassent en Jésus-Christ la résurrection des morts ». C’était pour cela même qu’ils les avaient arrêtés. Pourquoi donc les interrogent-ils ? Ils espéraient les faire rétracter, et ils comptaient bien tout réparer par ce moyen. Voyons donc