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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/401

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du Christ, celui qui, devenu fidèle, et empruntant son surnom au Christ, a osé commettre un tel crime. Mais la première leçon me paraît plus vraie.
Et quelle est-elle ? « Vous étant réunis au nom du Christ », c’est-à-dire : le nom de celui qui est votre point de ralliement, vous réunissant. « Et mon esprit ». De nouveau il se place au milieu d’eux, afin que, jugeant comme s’il était présent, ils retranchent le coupable, et que personne n’ose le croire digue de pardon, dans la conviction, que Paul saura ce qui s’est passé. Ensuite ; pour augmenter la terreur, il dit : « Par la puissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Ce qui signifie : ou que le Christ vous donnera la grâce, afin que vous puissiez livrer le coupable au démon, ou que le Christ portera la sentence avec vous contre lui. Il ne dit pas : Le donner, mais n le livrer » à Satan, pour lui ouvrir la porte du repentir et le livrer au démon comme à soir maître. « Un tel », encore une fois, il ne veut absolument pas prononcer son nom. « Pour la mort de sa chair ». Comme il arriva au bienheureux Job, mais non pour la même raison. Là ç’était pour mériter de plus glorieuses couronnes ; ici, c’est en expiation des péchés, pour frapper le coupable de quelque ulcère pernicieux ou d’une autre maladie. Ailleurs il dit : Dans ces souffrances « nous sommes jugés par le Seigneur » ; mais ici, pour blesser plus vivement, il le livre à Satan. Et c’était certainement l’avis de Dieu que le coupable fût châtié dans sa chair ; et la chair est châtiée parce que ses convoitises sont les fruits de la débauche et des voluptés sensuelles.
« Afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus ». C’est-à-dire, son âme : non que l’âme soit seule sauvée, mais parce qu’il est reconnu que quand elle l’est, le corps l’est certainement aussi avec elle. Il est devenu mortel à cause d’elle ; si donc elle agit conformément à la justice ; il jouira, lui aussi, d’une grande gloire. Quelques-uns prétendent que par esprit on entend ici une grâce, qui s’éteint en nous quand nous péchons. Et pour que cela n’arrive pas, qu’il soit puni, dit l’apôtre, afin que, devenu meilleur, il s’attire la grâce et puisse là montrer saine et entière au dernier jour. Ainsi Paul ne tranche pas au hasard, ne punit pas inconsidérément, mais fait plutôt l’office de tuteur et de médecin. Car le profit de la peine est plus grand que la peine ; celle-ci est passagère, celui-là dure toujours. Et il ne dit pas simplement : « Afin que son esprit soit sauvé », mais « en ce jour-là ». Et c’est justement et à propos qu’il leur rappelle ce jour, afin qu’ils appliquent plus promptement le remède, et que le coupable l’accepte mieux, convaincu que ce n’est point là le langage de la colère, mais celui d’un père indulgent et prévoyant. Aussi dit-il : « Pour la mort de sa chair » ; faisant ici une loi au démon et circonscrivant son pouvoir ; comme Dieu avait dit autrefois à l’occasion de Job : « Du reste ne touche point à son âme ».
3. Après avoir ainsi réglé la sentence, brièvement et sans retard, il reprend ses reproches, et s’adresse aux Corinthiens : « C’est bien à tort que vous vous glorifiez ». Il leur fait entendre que jusqu’à ce moment ce sont eux qui ont empêché le coupable de se repentir, en se glorifiant de lui. Ensuite il fait voir qu’il n’agit pas seulement par ménagement pour ce pécheur, mais aussi pour eux, et il ajoute : « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain corrompt toute la pâte ? » C’est-à-dire : bien que la faute lui soit propre, cependant, si vous la négligez, elle peut gâter toute l’Église. Car quand le premier coupable n’est pas puni, d’autres suivent bientôt son exemple. Il parle ainsi pour leur faire vair qu’ils ont à lutter et à courir des dangers, non pas seulement pour un seul homme, mais pour l’Église entière ; c’est pourquoi il se sert de la comparaison du levain. De même, leur dit-il, que le levain, hie n que d’un mince volume, s’assimile toute la pâte ; ainsi ce pécheur perdra tout le reste, si son péché reste impuni. « Purifiez-vous du vieux levain », c’est-à-dire de ce criminel. Du reste il ne parle pas seulement de celui-là, mais il fait allusion à d’autres. En effet, ce n’est pas la seule fornication, mais tout vice qui est du vieux levain. Il ne dit pas : Purifiez-vous, mais : « Purifiez-vous complètement[1] », purifiez-vous avec soin, en sorte qu’il né reste rien,-pas même l’ombre d’un tel mal. En disant donc : « Purifiez-vous », il indique que le mal subsiste encore chez eux ; mais quand il ajoute : « Afin que vous soyez d’une pâte nouvelle, comme vous êtes des azymes », il donne à entendre que le vice ne domine pas chez beaucoup d’entre eux. Et

  1. Il ne dit pas seulement : καθάρατε, mais έχχαθάρατε.