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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/403

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villes, il est vrai, on fabrique des azymes ; mais c’est un jeu d’enfant plutôt qu’une loi. Partout où la vérité pénètre, les figures disparaissent. Aussi c’est au moyen de cette comparaison que Paul repousse surtout le fornicateur non seulement, dit-il, sa présence ne sert plus à rien, mais elle devient nuisible, en gâtant le corps entier. On ne sait en effet d’où émane la mauvaise odeur quand le nombre pourri est invisible, et on l’attribue au corps entier. Aussi les presse-t-il vivement de faire disparaître le levain : « Afin », dit-il ; « que vous soyez une pâte nouvelle, comme vous êtes des azymes : Car notre agneau pascal, le Christ, a été immolé pour nous ». Il ne dit pas : Est mort ; mais : « À été immolé », pour mieux rendre sa pensée. Ne cherchez clone plus des azymes de ce genre, car vous n’avez plus le même agneau ; ne cherchez plus de ce levain, car vos azymes ne sont pas les mêmes. Il est vrai qu’avec le levain matériel, l’azyme peut fermenter ; et que ce qui est fermenté ne peut plus devenir azyme mais ici c’est le contraire. Cependant il n’exprime pas cette pensée.
Et voyez sa prudence : dans sa première épître, il ne donne point art fornicateur espérance de retour ; il veut que sa vie entière soit consacrée à la pénitence ; il aurait craint de le rendre plus lâche en lui faisant cette promesse. En effet, il ne dit pas : Livrez-le à Satan, afin qu’après avoir fait pénitence, il rentre dans l’Église ; mais : « Afin qu’il soit sauvé au dernier jour ». Il le renvoie à ce temps, pour exciter sa sollicitude ; et, à l’imitation de son maître, il ne lui révèle pas ce qu’il lui accordera après sa pénitence. De même que Dieu avait dit : « Encore trois jours et Ninive sera détruite ».(Jon. 3,4), sans ajouter : Et elle sera sauvée, si elle fait pénitence ; ainsi Paul ne dit pas : S’il fait une digne pénitence, nous lui donnerons des preuves d’amour ; mais il attend qu’il ait accompli son œuvre pour le faire rentrer en grâce. En s’expliquant ainsi dès le commencement, il l’eût affranchi de la crainte ; non seulement donc il ne le fait pas, mais par la comparaison du levain, il lui ôte jusqu’à l’espoir de retour, et le réserve pour le dernier jour, en disant : « Purifiez-vous du vieux levain » ; et encore : « Ne célébrons point la pâque avec du vieux levain ». Quand après la pénitence, il mit le plus grand empressement à le faire rentrer dans l’Église. Pourquoi dit-il le « vieux » levain ? Ou pour désigner notre vie ancienne ; ou parce que la vétusté est voisine de la mort, et fétide et honteuse, comme l’est le péché ; car ce n’est pas sans raison, mais en vue de son sujet, qu’il rejette la vétusté et loue la nouveauté. Car il est dit ailleurs : « Un ami nouveau est du vin nouveau ; il vieillira et vous le boirez avec plaisir » (Sir. 9,15) ; l’écrivain approuvant ainsi l’ancienneté plutôt que la nouveauté dans l’amitié. Et ailleurs : « L’ancien des jours était assis », ce qui présente l’ancienneté comme le titre le plus glorieux. En d’autres endroits l’Écriture en fait un titre de blâme. Comme en effet les diverses choses sont composées de nombreux éléments, les mêmes termes sont employés dans le bon ou le mauvais sens, et non avec la même signification. Voici encore un texte où l’ancienneté est blâmée : « Ils ont vieilli et ont trébuché dans leurs voies » (Ps. 17) ; et cet autre : « J’ai vieilli au milieu de tous mes ennemis » (Ps. 6) ; ou encore : « Homme vieilli dans le mal ». (Dan. 13,52) Le levain lui-même, quoique pris ici dans une mauvaise acception, est souvent employé pour désigner le royaume des cieux ; mais dans ces deux cas, le mot se rapporte à des objets différents.
5. Ce qu’on dit ici du levain, me paraît surtout un reproche à l’adresse des prêtres, qui tolèrent beaucoup de vieux levain à l’intérieur, n’ayant pas soin de rejeter au-dehors, c’est-à-dire, hors de l’Église, les avares, les voleurs, tout ce qui exclut du royaume des cieux. En effet, l’avarice est un vieux levain ; partout où elle tombe, en quelque maison qu’elle entre, elle la rend impure. Si faible que soit le profit injuste, il fait fermenter toute votre fortune. Aussi, souvent un peu de bien mal acquis suffit à renverser une grande fortune honorablement amassée. Car rien de putride comme l’avarice ; vous aurez beau fermer votre coffre-fort de clé, de porte et de verrou, si vous y avez renfermé l’avarice, le plus redoutable des voleurs, qui peut tout vous enlever. Pourtant, dira-t-on, il y a bien des avares qui n’éprouvent pas cela. Ils l’éprouveront, bien que ce ne soit pas sur l’heure ; s’ils y échappent même maintenant, ce n’est qu’une raison de, plus pour vous de craindre ; car ils sont réservés pour un plus grand châtiment. Ou encore, leurs héritiers le subiront peut-être à leur