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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/406

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HOMÉLIE XVI.


JE VOUS AI ÉCRIT DANS LA LETTRE : N’AYEZ POINT DE COMMERCE AVEC LES FORNICATEURS ; CE QUI NE S’ENTEND PAS DES FORNICATEURS DE CE MONDE, NON PLUS QUE DES AVARES, DES RAVISSEURS, DES IDOLÂTRES ; AUTREMENT VOUS DEVRIEZ SORTIR DE CE MONDE. MAIS JE VOUS AI ÉCRIT DE NE POINT AVOIR DE COMMERCE AVEC CELUI QUI, PORTANT LE NOM DE FRÈRE PARMI VOUS, EST FORNICATEUR, OU AVARE OU IDOLÂTRE, OU IVROGNE, OU MÉDISANT, OU RAPACE, ET MÊME DE NE PAS MANGER AVEC LUI. (CHAP. 5, VERS. 9, 10, 11, JUSQU’AU VERS. 11 DU CHAP. VI)

ANALYSE.

  • 1. Saint Paul fait mention d’une autre lettre aux Corinthiens, écrite avant celle-ci et qui s’est perdue. – Purifiez-vous, leur dit-il, de tous ces vices au sujet desquels je vous ai donné des avis dans une première lettre. – Séparez-vous de tous ces hommes corrompus qui sont parmi vous. – Quant à ceux qui ne sont pas chrétiens, ne les jugez pas.
  • 2. Le retranchement des coupables avait lieu aussi dans l’ancienne Loi, mais d’une manière plus sévère puisqu’on les lapidait. Saint Paul défend aux chrétiens de se faire juger par les tribunaux païens.
  • 3. Les derniers d’entre vous peuvent juger des affaires de ce monde : ne savez-vous pas que vous êtes appelés à juger les anges?
  • 4. Contre la médisance.
  • 5 et 6. Que la passion des richesses renverse tout. – Combien il faut qu’un chrétien évite les procès. – De la patience dans les injures. – Conduite que doit tenir un chrétien quand on lui fait quelque tort. – Contre ceux qui oppriment les pauvres.


1. Comme il avait dit : « Et vous n’êtes pas plutôt clans les pleurs, pour faire disparaître du milieu de vous celui qui a commis cette « action ? » et encore : « Purifiez-vous du vieux levain », il était vraisemblable que les Corinthiens se croiraient obligés de fuir tous les fornicateurs. En effet, si le coupable communique son mal aux innocents ; ce sont surtout les infidèles qu’il faut éloigner ; puisqu’on ne doit pas même épargner un frère de peur qu’il ne répande la contagion, à plus forte raison ne doit-on pas ménager les étrangers. Dans celte hypothèse, il aurait donc fallu rompre avec tous les fornicateurs qui se trouvaient chez les Grecs : chose impossible ; et que les Corinthiens eussent difficilement accepté. Voilà pourquoi l’apôtre met un correctif, en disant : « Je vous ai écrit : n’ayez point de commerce avec les fornicateurs ; ce qui ne s’entend pas des fornicateurs de ce monde » ; et donnant, ces mots : « Ce qui ne s’entend pas », comme chose convenue. De peur qu’ils ne s’imaginent qu’il n’exige point cette séparation parce qu’ils sont trop imparfaits et pour qu’ils ne s’avisent pas de l’opérer en qualité de parfaits, il leur fait voir qu’ils ne le pourraient pas avec la meilleure volonté possible : autrement il faudrait chercher un autre mondé. Aussi ajoute-t-il : « Autrement vous devriez sortie du monde ».
Voyez-vous comme il est peu exigeât, comme il cherche en tout à rendre l’exécution de la loi, non seulement possible, mais facile ? Comment, leur dit-il, serait-il possible à un chef de maison, à un père de famille, à un magistrat, à un artisan, à un soldat, au milieu de tant de grecs, d’éviter les fornicateurs qui se trouvent partout ? Car c’est aux grecs qu’il applique cette expression : « Les fornicateurs de ce monde. Mais je vous ai écrit de ne point avoir de commerce avec celui qui, portant le nom de frère, est fornicateur, et même de ne pas manger avec lui ». Ici il indique d’autres personnes vivant dans l’iniquité. Mais comment un frère peut-il être idolâtre ? Cela arrivait autrefois chez les samaritains, qui n’avaient embrassé la religion qu’à demi. D’ailleurs il pose ici la base de ce qu’il