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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/42

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ce qu’ils disent : « Au nom de qui faites-vous ceci ? Alors Pierre, rempli de l’Esprit-Saint leur dit » : C’est le moment de se rappeler les paroles de Jésus-Christ et d’en remarquer l’accomplissement : « Lorsqu’ils vous mèneront dans leurs synagogues, ne vous mettez point en peine comment vous répondrez ni de ce que vous direz ». (Lc. 12,11, 12) Ils avaient donc, reçu une grande puissance. Mais écoutons la réponse : « Princes du peuple et sénateurs d’Israël ». Admirez cette sagesse ! l’apôtre est plein de confiance, mais il ne dit rien d’injurieux, il s’exprime respectueusement : « Princes du peuple », dit-il, « et sénateurs d’Israël, puisqu’aujourd’hui l’on nous demande raison du bien que nous avons fait à un homme infirme, et qu’on veut s’informer de la manière dont il a été guéri, nous vous déclarons à vous tous et à tout le peuple d’Israël ». Dès son exorde il fait retentir à leurs oreilles des paroles courageuses et pénétrantes. Il leur rappelle ce qui s’est passé, il leur dit que c’est pour un bienfait qu’on les appelle en jugement. C’est comme s’il disait : Il fallait nous couronner pour cette action, il fallait nous signaler au public comme des bienfaiteurs insignes : et maintenant nous sommes appelés en jugement pour le bien que nous avons fait à un homme, infirme, non pas riche, non pas noble : qui donc en pourrait prendre ombrage ?
2. Ce début est plein de gravité. Il y est montré que les Juifs s’enlacent eux-mêmes dans les filets du malheur. « Nous vous déclarons que c’est au nom de Jésus de Nazareth ». Il ajoute aussitôt la chose qui causait surtout leur dépit. Il faisait ce que Jésus-Christ avait commandé : « Ce que l’on vous dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits des maisons. (Mt. 10,27) C’est au nom « de Jésus-Christ de Nazareth que vous avez crucifié, que Dieu a, ressuscité d’entre les morts, c’est en son nom que cet homme se tient debout devant vous et guéri (8-10) ». Ne croyez pas que nous cachions sa patrie ni le genre de sa mort. « Celui que, vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est en son nom que cet homme-ci se tient debout devant vous et guéri ». Encore la passion, encore la résurrection. C’est lui qui est cette pierre « rejetée par vous, et que vous n’avez pas voulu admettre dans votre édifice, et qui est devenue la principale pierre de l’angle ». Il les fait souvenir d’une parole propre à les effrayer. « Car », dit l’Écriture, « celui qui tombera sur cette pierre, sera brisé, et celui sur qui tombera cette pierre, elle le broiera. (Mt. 21,44) Et il n’y a et point de salut par aucun autre ». Combien de coups pensez-vous que ces paroles leur ont valus ? « Car nul autre nom sous le ciel n’a été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés (12) ». Ici le discours devient sublime. Dès qu’il ne s’agit plus de devoir à remplir, mais seulement de liberté à montrer, Pierre ne ménage plus rien. Les mauvais traitements ne lui faisaient pas peur. Il ne dit pas simplement : Nous ne pouvons être sauvés par un autre ; mais : et Il n’y a point de salut « par aucun autre », montrant ainsi que celui-là peut nous sauver et voulant en même temps effrayer ses auditeurs. « Lorsqu’ils virent la constance de Pierre et de Jean sachant que c’étaient des hommes sans lettres, et du commun du peuple, ils en furent étonnés ; ils savaient aussi qu’ils avaient été disciples de Jésus (13) ». Et comment des hommes sans lettres étaient-ils devenus assez éloquents pour l’emporter sur des lettrés, sur des princes des prêtres ? – Ce n’étaient pas eux qui parlaient, mais la grâce du Saint-Esprit par leur bouche. « Et comme ils voyaient aussi l’homme qui avait été guéri présent avec eux, ils n’avaient rien à leur opposer (14) ». Cet homme ne manquait pas de courage, on le voit, puisqu’il accompagnait les apôtres devant le tribunal ; de manière que si les Juifs avaient dit.: Non, vous n’avez guéri personne, il était là pour leur répondre.
« Ils leur commandèrent donc de sortir de l’assemblée, et ils se mirent à délibérer entre eux ». Voyez-vous leur embarras ? Les voyez-vous agir par une crainte tout humaine ? Autrefois, lorsqu’ils ne pouvaient ni empêcher l’œuvre du Christ, ni en amortir l’éclat, mais que la foi à sa parole croissait en proportion des efforts qu’ils faisaient pour l’arrêter, ils avaient dit : « Que ferons-nous ? » Et voici qu’ils le disent encore aujourd’hui. O démence, de s’imaginer que les mauvais traitements viendraient à bout de l’intrépidité des apôtres ! Ils n’avaient rien pu contre eux dès le commencement, et ils comptaient faire quelque chose après la puissance de parole qu’ils venaient de voir éclater en eux. Plus