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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/413

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comme moi ? J’en connais pourtant beaucoup qui trouvent là une très grande consolation, et se croient assez riches quand ils voient punir ceux qui leur ont fait tort. Mais ce n’est pas là que Dieu place votre récompense. Voulez-vous savoir les biens qui vous attendent ? II vous ouvre le ciel tout entier, il vous fait concitoyen des saints, il vous introduit dans leur assemblée, il vous absout de vos péchés, il vous ceint de la couronne de justice. Si en effet ceux qui pardonnent sont pardonnés, quelle, bénédiction n’est pas réservée à ceux qui non seulement pardonnent, mais comblent leurs ennemis de bienfaits ? Ne vous irritez donc point de l’injure, mais priez pour celui qui vous l’a faite ; vous travaillerez ainsi à votre profit. On vous a pris votre argent ? Mais on a pris aussi vos péchés ; comme il arriva dans l’affaire de Naaman et de Giézi. Combien d’argent n’auriez-vous pas donné pour obtenir le pardon dé vos fautes ? Eh bien ! cette faveur vous est accordée ; si vous supportez courageusement l’injustice, si vous ne maudissez pas, vous êtes ceint d’une couronne magnifique. Ce n’est pas moi qui vous parle : vous avez entendu le Christ dire « Priez pour ceux qui vous font du mal ». Puis songez à la grandeur de la récompense : « Afin que vous soyez semblables à votre Père qui est dans le ciel ». (Mt. 5,46) Vous n’avez donc rien perdu, mais vous avez gagné ; vous n’êtes point lésé, mais couronné ; vous êtes devenu plus sage ; vous voilà semblable à Dieu, débarrassé des soucis qui, s’attachent à l’argent, en possession du royaume des cieux. Par toutes ces considérations, ô mes bien-aimés, acceptons les injures en philosophes, afin de, nous délivrer du trouble de la vie présente, de secouer une tristesse inutile et d’obtenir le bonheur futur par la grâce et la bonté, de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui appartiennent au Père, en union avec le Saint-Esprit, la gloire, l’empire, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XVII.


TOUT M’EST PERMIS, MAIS TOUT NE M’EST PAS AVANTAGEUX. TOUT M’EST PERMIS, MAIS JE NE SERAI L’ESCLAVE D’AUCUNE CHOSE. (CHAP. 6,12, JUSQU’AU VERS. 14)

ANALYSE.

  • 1. Saint Paul conseille la tempérance. – Il annonce la résurrection générale.
  • 2. Preuve de la résurrection. – Elle est plus facile à Dieu que la création du monde.
  • 3 et 4. Il ne faut pas vouloir trop pénétrer la sagesse de Dieu. – Ne pas croire la résurrection est la ruine des vertus.


1. Ici il fait allusion aux gourmands. Devant revenir au fornicateur, et la fornication étant le fruit de la volupté et des excès de table, il blâme amèrement ce vice. Il ne parle pas des choses défendues (celles-ci, sont permises), mais des choses qui semblent indifférentes. Exemple : il est permis, leur dit-il, de manger et de boire ; mais il n’est pas avantageux de le faire avec excès. Manière étonnante et inouïe, qui cependant lui est habituelle et qu’il emploie encore, ici : il tourne la chose dans le sens contraire, et montre que le pouvoir de faire, non seulement n’est pas avantageux, mais est moins un acte de liberté qu’un