Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

signe d’esclavage. D’abord il dissuade par la raison du désavantage, en disant : « Ne m’est pas avantageux » ; et en second lieu, par celle du contraire, en disant : « Je ne serai l’esclave d’aucune chose ». Ce qui signifie : Il est en votre pouvoir de manger ; conservez donc ce pouvoir ; mais prenez garde d’en devenir esclave. Celui qui en usé dans la mesure du besoin, en est le maître ; celui qui va jusqu’à l’excès n’en est plus le maître, mais l’esclave ; la gourmandise exerce sur lui sa tyrannie. Voyez-vous comme il démontre que celui qui croit être le maître est réellement assujetti ? C’est l’usage de Paul, je l’ai déjà dit, de tourner les objections en sens contraire, et c’est ce qu’il fait ici. Examinez un peu, chacun d’eux disait : Il n’est permis de me livrer au plaisir ; lui répond : En le faisant, vous n’exercez pas un pouvoir, vous subissez une servitude. Car vous n’êtes pas le maître de votre estomac, quand vous vous livrez à l’intempérance, mais c’est lui qui vous domine. On en peut dire autant des richesses et d’autres choses encore.
« Les aliments sont pour le ventre ». Par ventre il entend ici non le ventre proprement dit, mais la gourmandise ; comme quand il dit : « Dont le Dieu est le ventre » (Phil. 3,19) ; ce n’est pas de l’organe qu’il parle, mais de la gloutonnerie. Pour preuve, écoutez la suite : « Et le ventre pour les aliments. Or le « corps n’est point pour la fornication, mais pour le Seigneur ». Or le ventre est aussi le corps. Mais il a fait ici deux rapprochements les aliments et l’intempérance qu’il appelle le ventre, le Christ et le corps. Que signifient ces paroles : « Les aliments sont pour le ventre ? » Cela veut dire : Les aliments ont de l’affinité avec l’intempérance, et celle-ci en a avec l’estomac. Elle ne vaut donc nous amener au Christ, mais elle nous entraîne vers les aliments. C’est une passion mauvaise, animale, qui nous rend esclaves et se fait servir. Pourquoi donc, ô homme, vous inquiétez-vous, soupirez-vous pour des aliments ? Car voilà à quoi aboutit ce service, et pas à autre chose. C’est une maîtresse qu’on sert, c’est un esclave permanent, et cela ne va pas au-delà ; il n’y a rien de plus que ce vain ministère. Et les deux sont unis entre eux et périssent ensemble, le ventre et les aliments, les aliments et le ventre ; c’est un cercle qui ne finit pas, comme si les vers naissaient d’un corps putréfié et le dévoraient à leur tour, ou comme le flot qui ; se gonfle et disparaît ensuite sans autre résultat. Or ce n’est pas précisément des aliments et du corps que l’apôtre parle ; mais il veut blâmer, le vice de la gourmandise et l’excès dans la nourriture, comme la suite le prouve : Car il ajoute : « Mais Dieu détruira l’un et l’autre ». Ce n’est pas de l’estomac qu’il dit cela, mais de l’intempérance ; ni des aliments, mais de la volupté. Ce n’est point aux besoins du corps qu’il en veut, puisqu’il les règle, en disant : « Ayant la nourriture et le vêtement, contentons-nous-en » (1Tim. 6,8) ; mais par, là même il désapprouve le vice, et après avoir donné un conseil, il confie le succès à la prière. Quelques-uns disent que c’est ici fine prophétie relative ait siècle futur où l’on né sera plus obligé de manger et de boire. Alors si l’usage modéré doit avoir un terme, c’est une raison de plus pour ne pas abuser. Ensuite pour qu’on ne dise pas que c’est le corps même qui est en cause, que dans la partie le tout est condamné, et encore que le corps est la cause de la fornication, écoutez la suite : Je n’accuse point la nature du corps, dit-il, mais l’intempérance de l’âme. C’est pourquoi il ajoute : « Or le corps n’est point pour la fornication mais pour le Seigneur ». Il n’a point été créé ; pour servir d’instrument à la débauche et à la fornication, pas plus que le ventre pour la gourmandise ; mais pour suivre le Christ, son chef, en sorte que le Seigneur soit la tête du corps entier. Craignons donc, tremblons donc d’être souillés de tant de vices, nous qui avons reçu l’insigne honneur d’être les membres d’un chef assis au ciel ; après avoir ainsi suffisamment blâmé les intempérances, il les détourne encore de ce vice, en disant : « Car Dieu a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera aussi par sa puissance. »
2. Voyez-vous encore une fois la sagesse de l’apôtre ? Toujours, et surtout en ce cas-ci, il prouve par l’exemple du Christ qu’il faut croire à la résurrection. En effet, si notre corps est un membre du Christ, et si le Christ est ressuscité, il faut, que le corps suive la tête : « Par sa puissance ». Comme ce qu’il vient d’affirmer est incroyable et ne peut se saisir par le raisonnement, il attribue à la puissance infinie la résurrection du Christ et en tire une forte démonstration contre les incrédules. Il n’emploie pas cet argument pour la résurrection du Christ ; il ne dit pas : Dieu ressuscitera