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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/415

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le Seigneur ; car le fait a déjà eu lieu : que dit-il donc ? « Dieu a ressuscité le Seigneur », et il n’a pas besoin de preuve. Mais il ne parle pas ainsi de notre résurrection, qui n’a pas encore eu lien : qu’en dit-il ? « Et nous ressuscitera aussi par sa puissance », fermant ainsi la bouche à ses adversaires, puisque la puissance du Dieu qui ressuscite est déjà démontrée. Et s’il attribue au Père la résurrection du Fils, que cela ne vous trouble pas. Ce n’est pas parce que le Christ n’a pas pu se ressusciter lui-même ; puisqu’il a dit : « Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours ». (Jn. 2,19) Et encore : « J’ai le pouvoir de donner ma vie et j’ai le pouvoir de la reprendre ». (Id. 10,13) Et il dit aussi dans les Actes : « Auxquels il se montra vivant ». (Act. 1,3) Pourquoi donc Paul parle-t-il ainsi ? Parce qu’il attribue au Père les actions du Fils et au Fils les actions du Père. « Car tout ce que le Père fait », dit le Christ lui-même, « le Fils le fait pareillement ». (Jn. 5,19) Et c’est tout à fait à propos qu’il rappelle ici la résurrection, pour contenir par cette espérance la tyrannie de la gourmandise, disant presque en propres termes : Vous avez mangé et bu sans mesure : à quoi cela aboutira-t-il ? À rien qu’à la corruption. Vous avez été uni au Christ ; quel en sera le résultat ? Un résultat magnifique, admirable ; cette future résurrection, pleine de gloire et au-dessus de tout ce qu’on en peut dire.
Que personne donc ne refuse de croire à la résurrection ; et si quelqu’un n’y croit pas, qu’il songe combien Dieu a produit de rien, et qu’il eu tire une preuve en faveur de ce dogme. En effet, ce qui existe est beaucoup plus merveilleux et contient un grand miracle. Dieu prend de la terre (et la terre n’existait pas auparavant), il la pétrit et il en fait l’homme. Comment la terre est-elle devenue un homme ? comment a-t-elle été produite, quand elle n’existait pas ? Et comment produit-elle elle-même ces innombrables espèces d’animaux, de semences, de plantes, sans douleurs d’enfantement, sans être arrosée par les pluies, sans culture, sacs bœufs, sans charrue, sans rien qui l’aide en ce travail ? C’est pour vous enseigner tout d’abord le dogme de la résurrection, que tant de variétés de plantes et d’animaux sont sortis d’une terre inanimée et insensible. C’est en effet quelque chose de plus incompréhensible que la résurrection.
Rallumer un flambeau éteint, ou produire un feu qui n’existe pas, ce n’est pas la même chose ; ce n’est pas non plus la même chose de rebâtir une maison détruite ou d’en élever une qui n’existe pas. Dans le premier cas, il y a au moins des matériaux, s’il n’y a pas autre chose ; mais dans le second, on n’aperçoit aucune substance. C’est pourquoi Dieu a d’abord fait ce qui semble le plus difficile, pour vous faire admettre ce qui est le plus facile. Et si je dis plus difficile, ce n’est pas pour Dieu, mais par rapport à nos propres idées ; car rien n’est difficile à Dieu ; mais comme le peintre qui peut tracer une image, en fera facilement dix mille, ainsi Dieu peut créer des mondes par milliers, des mondes innombrables ; ou plutôt, comme il vous est facile d’imaginer une ville et des mondes sans nombre, ainsi, et bien plus aisément encore, Dieu peut les créer. Car enfin cette pensée exige encore de vous un petit espace de temps ; mais il n’en est pas ainsi de Dieu ; autant les pierres sont plus lourdes que les objets les plus légers et que notre propre pensée, autant notre pensée elle-même est au-dessous de la rapidité avec laquelle Dieu crée.
Vous admirez son pouvoir sur la terre ? Songez aussi comment le ciel qui n’existait pas a été fait, et des étoiles innombrables, et le soleil et la lune ; car rien de cela n’était. Ensuite, dites-moi comment et sur quoi tout cela, une fois créé, se maintient ? Quel est leur point d’appui, quel est celui de la terre ? Ce qu’il y a au-delà de la terre ? Et après cela, quoi encore ? Voyez-vous dans quel abîme se perd l’œil de votre intelligence, si vous ne recourez aussitôt à la foi et à la puissance incompréhensible du Créateur ? Que si vous voulez juger d’après les opérations humaines, vous pourrez peu à peu donner des ailes à votre pensée. Quelles opérations, dites-vous ? Ne voyez-vous pas comment les potiers forment un vase d’une matière brisée et informe ? comment ceux qui coupent les métaux font voir que la terre est de l’or, du fer, de l’airain ? comment les verriers transforment du sable en un corps solide et transparent ? Parlerai-je des corroyeurs, dé ceux qui teignent les vêtements en pourpre, comme ils métamorphosent l’objet qui prend la teinture ? Parlerai-je de notre génération ? comment un peu de semence, informe, sans figure, entre dans la matrice qui la reçoit ? D’où vient donc la formation