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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/43

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donc ils s’efforçaient d’arrêter l’Évangile, plus il faisait son chemin. « Que ferons-nous à ces gens-ci ? Car ils ont fait un miracle qui est connu de tous les habitants de Jérusalem ; cela est certain, et nous ne pouvons pas le nier. Mais afin qu’il ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur avec menaces de parler à l’avenir en ce nom-là à qui que ce soit. Et les ayant fait appeler, ils leur défendirent de parler en quelque manière que ce fût, ni d’enseigner au nom de Jésus ».
Voyez leur impudence et la sagesse des apôtres ! « Mais Pierre et Jean répondant, leur dirent. Jugez vous-mêmes s’il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu ; pour nous, nous ne pouvons ne point parler des choses que nous avons vues et entendues. Alors ils les renvoyèrent avec menaces, ne trouvant point de moyen de les punir à cause du peuple ». Les miracles leur fermèrent la bouche, et ne leur permirent pas d’accomplir, leurs menaces ; néanmoins, ils n’avaient pas honte de leur défendre de parler. « Parce que tous rendaient gloire à Dieu de ce qui était arrivé. Car l’homme qui avait été guéri d’une manière si miraculeuse avait plus de quarante ans ». (19-22)
Mais reprenons. « Que ferons-nous », disent-ils, « à ces gens-ci ? » D’abord ils font tout pour la gloire humaine. Ils avaient encore une autre intention : ils ne voulaient pas passer pour des meurtriers, comme on le voit par ce qu’ils disent quelque temps après : « Vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme. – Défendons-leur avec menaces de ne plus parler en ce nom à qui que ce soit ». O démence ! Ils sont convaincus qu’il est ressuscité, par conséquent qu’il est Dieu ; et ils espèrent, par leurs machinations ; retenir dans l’ombre celui que la mort n’a pu garder. Y a-t-il rien d’égal à cette démence ? Cependant, ne vous étonnez pas trop de les voir encore une fois tenter l’impossible. Telle est l’impiété ; elle ne voit rien à rien, elle se trouble de tout, Ils se sont trompés dans leurs calculs, et ils en éprouvent un vif dépit ; c’est l’histoire de tous ceux qui ont éprouvé une déception, une mystification. En effet, les apôtres, malgré la défense qu’on leur avait faite, allaient répétant sans cesse et partout que Dieu avait ressuscité Jésus, que c’était au nom de Jésus que le boiteux était maintenant guéri, preuve éclatante de la résurrection de Jésus-Christ. Quoique les pharisiens eussent eux-mêmes quelque idée de la résurrection, idée incomplète il est vrai et puérile, néanmoins ils tombent dans l’incrédulité et le trouble, ils se demandent ce qu’ils feront à ces hommes. Cependant, n’y avait-il pas dans cette franchise des apôtres de quoi les convaincre qu’il n’y avait rien à faire ? Pourquoi es-tu incrédule, ô Juif, réponds-moi ? Il fallait considérer le miracle accompli et les discours entendus, et non la malice de la multitude. Pourquoi ne les livrent-ils pas aux Romains ? C’est qu’ils s’étaient déjà discrédités auprès d’eux par leur conduite envers le Christ, de manière qu’ils travaillaient contre eux-mêmes en différant de dénoncer les disciples. Envers le Christ, ils n’avaient pas agi de la sorte : ils l’avaient arrêté au milieu de la nuit et conduit aussitôt au supplice, et ils n’avaient pas différé d’agir, parce qu’ils redoutaient le peuple ; mais au sujet des apôtres, ils n’agissent plus avec la même décision, et la même confiance. Ils ne les conduisent pas devant Pilate, le souvenir de la passion de Jésus-Christ les retient, ils craignent de recevoir des reproches. « Le lendemain les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes s’assemblèrent dans Jérusalem ».
3. Voie de nouveau des assemblées à Jérusalem, le sang est répandu sans respect pour la ville sainte. Voici encore Anne et Caïphe. Naguère l’apôtre Pierre avait tremblé devant la servante de celui-ci qui l’interrogeait ; il avait renié son Maître déjà arrêté par le même Caïphe. Maintenant que le voilà lui-même amené en présence des mêmes hommes, voyez comme il parle : « Puisqu’aujourd’hui l’on nous demande raison du bien que nous avons fait à un homme infirme, et que l’on veut savoir par la vertu de qui il a été guéri, nous vous déclarons à vous tous ». Ils disent : « Au nom de qui avez-vous fait cela ? » Pourquoi dites-vous simplement « cela ? » Pourquoi ne pas dire expressément la chose dont il s’agit ? pourquoi la laisser dans l’ombre ? « Au nom de qui avez-vous fait cela ? » Pierre répondit que ce n’était pas eux qui l’avaient fait. Voyez sa prudence ; il ne dit pas simplement : Nous l’avons fait au nom de Jésus-Christ ; mais que dit-il ? « C’est en son nom que celui-ci se tient debout devant vous et guéri ». Il ne dit pas qu’il a été guéri par eux. Cette parole : « Puisqu’aujourd’hui l’on nous demande