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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/425

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C’est pourquoi l’apôtre dit : « Ne vous refusez point l’un à l’autre ce devoir, si ce n’est de « concert pour un temps, afin de vaquer au jeûne et à la prière » ; mais il entend une prière faite avec plus de soin. En effet, s’il défendait la prière à ceux qui usent du mariage, quand et comment pourrait-on prier sans relâche ? Il est donc possible d’user de sa femme et de prier ; mais la continence donne à la prière une plus grande perfection. Aussi ne dit-il pas simplement : Pour prier, mais : « Afin que vous vaquiez à la prière », puisque par là on se procure du loisir, sans contracter de souillure. « Et revenez ensuite comme vous étiez, de peur que Satan ne vous tente ». Il donne la raison de ce conseil, de peur qu’on ne le prenne pour une loi. Quelle est cette raison ? « De peur que Satan ne vous tente ». Et pour que vous sachiez que le diable n’est pas seul l’auteur de l’adultère, il ajoute : « Par votre incontinence. Or, je dis ceci par condescendance et non par commandement. Car je voudrais que tous les hommes vécussent comme moi, dans la continence ». C’est son usage habituel de se proposer lui-même pour exemple, quand il s’agit de choses difficiles et de dire : « Soyez mes imitateurs. Mais « chacun reçoit de Dieu son on particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre ». Comme il les a vivement accusés en disant « Par votre incontinence », il les console en ajoutant : « Chacun reçoit de Dieu son don particulier », non pour faire entendre qu’une bonne œuvre n’a pas besoin de notre concours, mais pour les consoler, comme je viens de le dire. Car si c’est un pur don et que l’homme n’y contribue en rien, comment ajoute-t-il : « Mais je dis à ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, qu’il leur est avantageux de rester ainsi, comme moi-même ; que s’ils ne peuvent se contenir, qu’ils se marient ? »
Voyez-vous la prudence de Paul, comment il démontre que la continence est l’état le plus avantageux, sans cependant forcer celui qui ne l’embrasse pas, de peur qu’il n’arrive une chute ? « Car il vaut mieux se marier que de brûler ». Il a fait voir la force tyrannique de la concupiscence. Voici ce qu’il veut dire : Si vous éprouvez de violents assauts, une vive ardeur, débarrassez-vous de ces luttes et de ces pénibles efforts, de peur d’être vaincu. « Pour ceux qui sont mariés, ce n’est pas moi, mais le Seigneur qui commande ». Sur le point de lire la loi portée en termes positifs par le Christ ; pour défendre de renvoyer sa femme, sauf le cas de fornication, il dit : « Ce n’est pas moi » ; car ce qui a été dit plus haut, quoique non en des termes exprès, lui semble la même chose. Mais ici ses termes sont formels. Et c’est la différence entre ces mots : « C’est moi », et : « Ce n’est pas moi ». Et pour que vous ne croyiez point qu’il parle par inspiration humaine, il ajoute : « Car je pense que j’ai l’Esprit de Dieu ». Que commande donc le Seigneur aux personnes mariées ? « Que la femme ne se sépare point de son mari. Que si elle en est séparée, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari ; que le mari de même ne quitte point sa femme ».
Comme à propos de la continence ou pour d’autres prétextes, et pour des futilités, il s’élevait des divisions, il eût mieux valu, dit l’apôtre, que cela n’eût pas lieu ; mais puisque cela est, que la femme reste avec son mari, si ce n’est pour user du mariage, au moins pour n’introduire aucun autre homme. « Mais aux autres je dis moi, et non le Seigneur : si l’un de nos frères a une femme infidèle et qu’elle consente à demeurer avec lui, qu’il ne se sépare point d’elle. Et si une femme a un époux infidèle et qu’il consente à demeurer avec elle, qu’elle ne s’en sépare point ». Comme en parlant de la nécessité de se séparer des fornicateurs, pour atténuer la difficulté, il a dit : « Ce qui ne s’entend pas des fornicateurs de ce monde » ; ainsi il s’attache ici à rendre la chose très facile : si une femme a un mari infidèle, qu’elle ne s’en sépare pas ; si un homme a une femme infidèle, qu’il ne la renvoie pas. Que dites-vous, Paul ? si l’époux est infidèle, il doit demeurer avec sa femme, et non s’il est fornicateur ? Cependant, la fornication est un péché moindre que l’infidélité ; mais Dieu a pour vous de grands ménagements. C’est aussi ce qu’il fait à propos du sacrifice, lorsqu’il dit : « Laissez là le sacrifice et allez vous réconcilier avec votre frère ». (Mt. 5,24) Et encore à propos de celui qui devait dix mille talents ; car il ne l’a point puni, tandis qu’il a condamné au supplice celui qui exigeait cent deniers de son compagnon. Ensuite, de peur que la femme ne se crût immonde pour avoir usé du mariage, il dit : « Car le mari infidèle, est sanctifié par la