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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/426

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femme fidèle et la femme infidèle est sanctifiée par le mari ». Pourtant, si celui qui s’unit à une prostituée devient un même corps avec elle, il est évident que celle qui s’unit à un idolâtre, devient aussi un même corps avec lui. Oui, elle devient un même corps, mais elle ne se souille point ; la pureté de la femme l’emporte sur l’impureté du mari, comme la pureté de l’homme fidèle sur l’impureté de la femme infidèle.
3. Pourquoi donc l’impureté est-elle ici vaincue et l’usage du mariage est-il permis, tandis que l’homme n’est point blâmable quand il chasse sa femme adultère ? Parce que là il y a espoir que la partie infidèle sera sauvée par le mariage, et qu’ici le mariage est déjà dissous ; qu’ici encore les deux parties sont viciées, tandis que dans l’autre cas il n’y en a qu’une. Expliquons-nous : la femme qui commet la fornication est certainement impure. Or, si celui qui s’unit à une prostituée devient un seul corps avec elle, celui qui s’unit à une prostituée devient donc impur ; par conséquent, toute pureté a disparu. Mais ici il n’en est pas de même : comment cela ? L’idolâtre est impur, mais la femme ne l’est pas. Si celle-ci communiquait avec lui dans ce qu’il a d’impur, c’est-à-dire, dans son impiété, elle deviendrait impure comme lui ; mais, d’une part, l’idolâtre est impur, et d’autre part, la femme communique avec lui en une chose qui n’est pas impure, car le mariage est l’union des corps et il y a société. Or, il y a lieu d’espérer que la femme, à laquelle il s’unit, le ramènera : mais pour l’autre cas cela ne serait pas très facile. Comment une femme qui l’a d’abord déshonoré, qui s’est livrée à un autre, qui a enfreint les lois du mariage, pourra-t-elle ramener l’époux qu’elle a outragé et qui n’est plus là que comme un étranger ? D’ailleurs, après la fornication l’époux n’est plus époux ; mais ici la femme, quoique idolâtre, ne détruit point la justice dans son mari. Et elle n’habite pas sans raison avec son mari, mais du consentement de celui-ci : c’est pourquoi l’apôtre dit : « Et qu’il consente à demeurer avec elle ».
Quel mal y a-t-il, je vous le demande, si, tout ce qui tient à la religion restant sain et sauf, et la conversion de la partie infidèle offrant quelque espérance, ils continuent à demeurer ensemble dans l’état du mariage, et n’introduisent point chez eux de sujets de querelles inutiles ? Car il ne s’agit pas ici de personnes libres, mais de personnes mariées. L’apôtre ne dit pas : Si quelqu’un veut prendra un infidèle, mais : « Si quelqu’un a une femme infidèle » ; c’est-à-dire, si quelqu’un déjà marié, reçoit l’enseignement de la vraie religion, et que l’autre partie tout en restant infidèle consente néanmoins à rester dans le mariage, qu’il ne s’en sépare point : « Car le mari infidèle est sanctifié par la femme ». Telle est l’excellence de votre pureté. Quoi donc ! Un gentil est saint ? Point du tout. Paul n’a pas dit : Est saint, mais : « Est sanctifié par sa femme ». Et il parle ainsi non pour montrer un saint dans un époux infidèle, mais pour mieux dissiper les craintes de la femme et inspirer à l’époux le désir de la vérité. Car ce n’est pas dans les corps des époux qu’est l’impureté, mais dans la volonté et dans les pensées. Puis vient la preuve. Si vous engendrez étant impure, l’enfant n’est pas de vous seule ; il est donc impur ou pur par moitié ; il n’est donc pas impur. Aussi ajoute-t-il : « Autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints », c’est-à-dire, ils ne sont pas impurs. Il les appelle saints, pour écarter toute crainte et tout soupçon par l’énergie de ses expressions. « Que si l’infidèle se sépare, qu’il se sépare ». Ici, il n’y a pas de fornication. Que signifient ces mots : « Si l’infidèle se sépare ? » Par exemple, s’il vous ordonne de sacrifier et de partager son impiété parce que vous êtes sa femme, ou de vous retirer, il vaut mieux rompre le mariage que de renoncer à la vraie foi. Voilà pourquoi il ajoute : « Notre frère ou notre sœur ne sont plus asservis en pareil cas ». Si chaque jour il faut subir des discussions et des combats là-dessus, le meilleur est de se séparer. Et c’est ce qu’il insinue quand il dit : « Dieu nous a appelés à la paix ». D’ailleurs l’infidèle, comme le fornicateur, a donné lieu à la séparation.
« Car que savez-vous, ô femme, si vous sauverez votre mari ? » Ceci se rapporte à ce qu’il a dit plus haut : « Qu’elle ne se sépare point de lui ». C’est-à-dire, s’il ne vous cause aucun trouble, restez, car il y a profit : restez exhortez, conseillez, persuadez : aucun maître n’a autant d’influence qu’une femme. Il ne lui impose point d’obligation, il n’exige rien d’elle, pour ne pas rendre le fardeau trop lourd, et il ne veut pas qu’elle désespère ;