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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/45

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Le miracle était manifeste ; mais que n’ose pas l’iniquité, de quelle impudence n’est-elle pas capable ? « Défendons-leur avec mes traces ». Que dites-vous ? Vous croyez, par des menaces, pouvoir arrêter la prédication de la vérité ? – Les commencements sont toujours pénibles et difficiles. Vous avez tué le Maître et, vous n’avez rien empêché ; et maintenant vous espérez nous détourner par des menaces ? L’emprisonnement n’a pas intimidé notre voix, et vous l’intimiderez, vous que nous ne comptons pour rien avec toutes vos menaces ? « Jugez devant Dieu s’il est juste de vous obéir plutôt qu’à Dieu ». Ici il dit Dieu pour Jésus-Christ. Voyez-vous l’accomplissement de cette parole : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, ne les craignez point ? » (Mt. 10,16, 26)
4. Ensuite ils affirment la résurrection par ce qu’ils ajoutent : « Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu ».C’est-à-dire : Nous sommes des témoins dignes de foi, et vous qui nous menacez, vous nous menacez encore en vain. Au lieu de se convertir à la vue d’un miracle pour lequel le peuple glorifiait Dieu, ils lancent des menaces de mort. C’était faire la guerre à Dieu lui-même. Après les avoir menacés, ils les renvoyèrent. Les apôtres n’en furent que plus illustres et plus glorieux. « Ma puissance », est-il écrit, « se montre tout entière dans la faiblesse ». Ils avaient montré qu’ils étaient préparés à tout événement. Qu’est-ce à dire : « Nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu ? » C’est-à-dire : Si ce que nous disons est faux, reprenez-nous ; si c’est la vérité, pourquoi voulez-vous nous fermer la bouche ? Voyez ce que peut la sagesse. Les Juifs sont dans l’embarras, les apôtres dans la joie ; ceux-là sont couverts de confusion, ceux-ci agissent en tout avec franchise ; ceux-là sont dans la crainte, ceux-ci dans la confiance. Quels étaient, dites-moi, ceux qui craignaient, de ceux qui disaient : « De peur que cette doctrine ne se répande dans le peuple », ou de ceux qui disaient : « Nous ne pouvons pas ne point parler de ce que nous avons vu et entendu ? » La joie, la franchise, l’allégresse, tels sont les sentiments des apôtres, et ceux des prêtres juifs sont le découragement, la honte et la crainte ; ils redoutaient le peuple. Ceux-là disaient ouvertement ce qu’ils voulaient, ceux-ci ne faisaient pas ce qu’ils voulaient. Quels étaient ceux qui étaient dans les liens et les périls ? N’était-ce pas surtout ceux-là ?
Attachons-nous donc à la vertu. Faites en sorte que nous ne parlions pas seulement pour votre : plaisir et votre consolation. Ce n’est pas ici un théâtre, mon cher frère, où l’on vient voir des comédiens ou entendre des musiciens, où le fruit qu’on retire s’arrête à un plaisir qui ne dure qu’un jour. Et encore, plût à Dieu que ce plaisir fût seul, et qu’il ne fût pas accompagné d’un dommage ! Mais ce lieu-là, on ne le quitte pas sans remporter chez soi quelque chose des ordures qui s’y débitent. Le jeune homme remporte dans sa mémoire tout ce qu’il peut retenir des mélodies et des chants sataniques qu’il y a entendus, et constamment il les répète à la maison. Le vieillard, un peu moins léger, ne fredonne pas les airs, mais il redit les paroles qu’il a entendues. Mais d’ici, vous sortez sans rien remporter. Quelle honte, mes frères ! Nous avons porté une loi, ou pour mieux dire, ce n’est pas nous qui l’avons portée, non : « N’appelez personne votre maître sur la terre », dit le Sauveur. (Mt. 23,8) Le Christ a porté une loi qui défend de jurer. Comment cette loi est-elle observée ? C’est un sujet que je ne me lasserai pas de traiter. « Si je reviens de nouveau », dit l’apôtre, « Je serai sans pitié ». (2Cor. 3,2) Vous êtes-vous occupés de cette affaire ? Y avez-vous songé ? Avez-vous montré quelque zèle, ou bien faut-il que nous recommencions toujours la même exhortation ? Mais, dans tous les cas, je reprendrai encore ce sujet, afin que vous vous occupiez enfin de cette affaire, si jusqu’ici vous n’avez rien fait, et afin que vous redoubliez de zèle si vous en avez déjà montré, et que vous exhortiez les autres. Par où débuterons-nous donc ? Voulez-vous que ce soit par un passage de l’Ancien Testament ? Mais c’est là notre honte que nous n’observions pas même les prescriptions de l’Ancien Testament, lorsqu’il nous faudrait aller bien au-delà. Nous ne devrions pas être obligés de vous prêcher ces préceptes, qui ne convenaient qu’à la faiblesse juive. Voici les exhortations qu’il conviendrait d’adresser à des chrétiens : Rejetez l’argent, soyez ferme, donnez votre vie pour l’Évangile, moquez-vous de toutes les choses de la terre, n’ayez aucune attache à la vie présente. Si quelqu’un vous fait tort, faites-lui du bien ;