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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/450

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qu’il avait eue avec les Athéniens, à l’occasion de l’inscription d’un autel, et que c’est pour cela qu’il dit : « Avec ceux qui étaient sans loi, comme si j’eusse été sans loi ». Ensuite, pour qu’on ne crût point voir là un changement d’opinion, il ajoute : « Quoique je ne fusse pas sans la loi de Dieu, mais que je fusse sous la loi du Christ » ; c’est-à-dire, quoique je ne fusse pas sans loi, mais que je fusse sous une loi, et une loi plus sublime que la loi ancienne ; sous la loi de l’Esprit et de la grâce ; c’est pourquoi il ajoute : « Du Christ ».

Après les avoir ainsi rassurés sur ses sentiments, il rappelle le fruit de sa condescendance, en disant : « Afin de gagner ceux qui étaient sans loi ». Partout il donne la raison de cette condescendance ; il ne s’en tient même pas là, car il dit : « Je me suis rendu faible avec les faibles, pour gagner les faibles ». Il dit ceci pour eux et en dernier lieu ; et c’est la raison même de tout ce qu’il a dit. Le reste était beaucoup plus important, mais ceci était plus personnel ; c’est pourquoi il le place en dernier lieu. Il en a fait autant avec les Romains, quand il les blâmait à propos d’aliments, et aussi en beaucoup d’autres circonstances. Ensuite pour ne pas perdre le temps en trop longs détails, il dit : « Je me suis fait tout à tous pour en sauver au moins quelques-uns ». Voyez-vous l’hyperbole ? « Je me suis fait tout à tous », non dans l’espoir de les sauver tous, mais pour en sauver au moins un petit nombre. J’ai déployé un zèle, j’ai subi un ministère qui auraient dû suffire à les sauver tous, sans espoir cependant de triompher d’eux tous : grande entreprise d’une âme ardente. En effet, le semeur semait partout et ne sauvait pas toute sa semence, mais il faisait tout son possible. Après avoir parlé du petit nombre de ceux qu’il a sauvés, il ajoute ce mot : « Au moins », pour consoler ceux qui s’affligeraient en pareil cas. Car s’il n’est pas possible de sauver toute la semence, il n’est pas possible non plus qu’elle périsse toute. Aussi ajoute-t-il : « Au moins », parce qu’il faut de toute nécessité qu’un si grand zèle ne soit pas sans résultat. « Ainsi je fais toutes choses pour l’Évangile, afin d’y avoir part », c’est-à-dire, pour paraître y avoir contribué de moi-même et prendre part à la couronne réservée aux fidèles. Comme il disait plus haut : « Vivre de l’Évangile », c’est-à-dire, aux frais de ceux qui croient, ainsi dit-il ici : « Afin d’y avoir part », c’est-à-dire, afin de partager avec ceux qui auront cru à l’Évangile. Voyez-vous son humilité ? Comment, après avoir travaillé plus que tous les autres, il se range parmi la foule pour avoir part à la récompense ? Il est clair que sa part sera plus grande. Pourtant il ne se juge pas digne du premier rang ; il se contente de partager la couronne avec les autres. Et s’il parle ainsi, ce n’est pas qu’il ait agi en vue d’un prix quelconque, mais afin de les attirer et de les déterminer par ces espérances, à tout faire pour leurs frères. Voyez-vous sa prudence ? Voyez-vous l’étendue de son zèle, comment il a fait plus que la loi n’exigeait, en ne recevant rien, quand il lui était permis de recevoir ? Voyez-vous son extrême condescendance ? Comment étant sous la loi du Christ, sous la loi suprême, il a été comme sans loi avec ceux qui étaient sans loi ; comme Juif avec les Juifs, paraissant le premier de tous dans ces deux points et triomphant de tous ? Faites-en autant, et ne croyez pas déchoir de votre haute position quand vous vous résignez à quelque chose de bas en faveur d’un frère ; car ce n’est pas là déchoir, mais condescendre. Celui qui tombe est à terre, et a peine à se relever ; celui qui descend, remontera et avec beaucoup de profit ; comme Paul qui est descendu seul, et est remonté avec le monde entier, non pas pour avoir agi en hypocrite, car s’il eût été hypocrite, il n’aurait pas travaillé au bien de ceux qu’il a sauvés. L’hypocrite cherche la ruine des autres ; il se masque pour recevoir et non pour donner. Il n’en est pas ainsi de Paul mais comme le médecin s’accommode à son malade, le maître à son élève, le père à son fils, pour faire du bien et non pour nuire, ainsi fait-il.

4. Pour preuve que son langage n’était point hypocrisie, et rien ne l’obligeait à parler ou à agir avec dissimulation, mais seulement l’expression de ses dispositions et de sa confiance, entendez-le dire : « Ni vie, ni mort, ni anges, ni principautés, ni puissances, ni choses présentes, ni choses futures, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus Notre-Seigneur ». (Rom. 8,38-39) Voyez-vous cet amour plus brûlant que le feu ? Aimons le Christ ainsi ; et c’est facile, si nous le voulons. Car Paul n’était pas tel par nature. Sa première