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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/455

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il donne son avis en général, et ne traite pas seulement de son sujet actuel, mais de toutes les maladies dont souffrent les Corinthiens.
À propos des combats profanes, il a dit : « Ne savez-vous pas ? » Mais ici il dit : « Car je ne veux pas que vous ignoriez, mes frères ». Il leur fait entendre par là qu’ils ne sont pas très instruits sur ce sujet. Qu’est-ce donc que vous ne voulez pas nous laisser ignorer ? « Que nos pères ont été sous la nuée, et qu’ils ont traversé la mer ; qu’ils ont été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ; qu’ils ont tous mangé la même nourriture spirituelle et bu le même breuvage spirituel (car ils buvaient de la pierre spirituelle qui les suivait ; or cette pierre était le « Christ) ; cependant la plupart d’entre eux ne « furent pas agréables à Dieu ». Et pourquoi dit-il cela ? Pour prouver que comme il n’a servi de rien aux Juifs de recevoir un si grand bienfait, ainsi il leur sera inutile d’avoir reçu le baptême et d’avoir participé aux mystères spirituels, s’ils ne mènent une vie digne de la grâce. C’est pourquoi il rappelle les types du baptême et des mystères. Que veut dire : « En Moïse ? » Nous sommes baptisés dans la foi au Christ et à sa résurrection, et comme devant participer aux mêmes mystères ; (nous sommes baptisés pour les morts, dit-il plus bas [I Cor. 15,29], c’est-à-dire, pour nos corps) ; ainsi les Juifs se fiant à Moïse, c’est-à-dire, le voyant entrer le premier dans les eaux, osèrent aussi y entrer après lui. Mais voulant rapprocher le type de la vérité, il ne s’exprime pas ainsi ; il emploie le langage de la réalité, même en parlant de la figure : car le passage de la mer était le symbole du baptême ; et ce qui suivit, le symbole de la Table sainte. En effet, comme vous mangez le corps du Maître, ainsi les Juifs mangeaient la manne ; et comme vous buvez le sang, ainsi buvaient-ils l’eau de la pierre. Car quoique ces faits fussent sensibles, ils avaient cependant un sens spirituel, non par l’effet de la nature, mais par la grâce du don ; et ils nourrissaient l’âme en même temps que le corps, en la conduisant à la joie. Aussi ne parle-t-il point de la nourriture ; là, en effet, il n’y avait pas seulement changement dans la manière de la donner, mais encore dans la nature : c’était de la manne ; quant au breuvage, comme le mode de production était seul extraordinaire, et avait seul besoin de preuve, c’est pour cela qu’il dit : « Ils buvaient le même breuvage spirituel », en ajoutant : « Or cette pierre c’était le Christ ».
Car la nature de la pierre n’était pas de donner de l’eau, autrement l’eau aurait déjà jailli auparavant ; mais il y avait une autre pierre spirituelle qui faisait tout, c’est-à-dire, le Christ toujours présent au milieu d’eux et auteur de tous ces prodiges. Aussi dit-il : « Qui le suivait ». Voyez-vous la sagesse de Paul, comme il montre le Christ agissant des deux côtés et rapproche ainsi la figure de la réalité ? Celui, dit-il, qui faisait ces, dons aux Juifs est le même qui nous a préparé cette table ; celui qui les a conduits à travers la mer Rouge, est celui qui vous a amenés par le baptême ; celui qui leur fournissait de la manne et de l’eau, vous donne son corps et son sang. Voilà ce qui concerne ses dons ; voyons maintenant la suite, et s’il les a épargnés, quand ils se sont montrés indignes de ses dons. Vous ne sauriez le dire. Aussi ajoute-t-il : « Cependant la plupart d’entre eux ne furent pas agréables à Dieu », bien qu’il leur eût fait un tel honneur. Mais cela ne leur servit à rien et la plupart d’entre eux périrent. Au fait tous périrent ; mais pour ne pas avoir l’air de prophétiser un désastre universel, il dit : « La plupart ». Or ils formaient une grande multitude ; mais le nombre ne leur servit à rien ; tous ces bienfaits étaient des signes d’amour ; mais cela encore leur fut inutile, parce qu’ils ne rendirent point amour pour amour. Comme beaucoup ne croient point à ce qu’on dit de l’enfer, il leur prouve par les faits que Dieu punit les pécheurs, même après les avoir comblés de bienfaits. Si vous ne croyez point à l’avenir, leur dit-il, au moins vous ne refuserez pas de croire au passé.
3. Considérez donc que de bienfaits Dieu leur avait accordés : il les avait délivrés de l’Égypte et de la servitude qu’ils y subissaient, il avait ouvert la mer, il avait fait tomber la manne du ciel, il avait fait jaillir dès sources d’une manière étrange et incroyable : il les accompagnait partout, faisant des prodiges et leur servant de défenseur ; et pourtant, quand ils ne surent pas répondre à tant de bonté, il ne les ménagea pas, mais il les fit tous périr. « Car ils succombèrent dans le désert », dit-il : exprimant d’un seul mot leur ruine universelle, les châtiments divins, et la perte pour