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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/456

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tous du prix proposé. Car ce ne fut pas dans la terre de promission que Dieu les traita ainsi, mais au-dehors et bien loin : leur infligeant ainsi un double châtiment, celui de ne point voir la terre promise et celui d’être sévèrement punis. Mais, direz-vous, qu’est-ce que cela nous fait ? Cela nous regarde ; aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Or toutes ces choses ont été « des figures de ce qui nous regarde ». Comme les dons étaient des figures, ainsi les châtiments en étaient-ils ; comme le baptême et la table sainte étaient indiqués d’avance, ainsi les punitions qui suivirent ont-elles été écrites pour nous, à l’effet de nous apprendre que ceux qui se rendront indignes du bienfait seront punis, et pour nous rendre plus sages par de tels exemples. Aussi l’apôtre ajoute-t-il « Afin que nous ne convoitions pas les choses mauvaises comme eux les convoitèrent ». Car comme, en ce qui regarde les bienfaits, la figure a précédé et la réalité a suivi ; ainsi en sera-t-il pour les châtiments. Voyez-vous comme il nous fait voir que non seulement les coupables seront punis, mais qu’ils le seront plus sévèrement que les Juifs ? Car si d’un côté est la figure et de l’autre la réalité, il faut nécessairement que la punition soit beaucoup plus grande, comme l’a été le bienfait.

Et voyez sur qui il frappe d’abord : Sur ceux qui mangent des viandes immolées aux idoles. Après avoir dit. « Afin que nous ne convoitions pas les choses mauvaises », ce qui était général, il en vient à l’espèce, en, montrant que tout péché vient d’un désir coupable, et il dit en premier lieu : « Et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : Le peuple s’est assis pour manger et boire, et s’est levé pour se divertir ». Entendez-vous comme il les appelle idolâtres ? Ici il se contente d’affirmer ; plus tard il prouvera. Il donne la raison pour laquelle on courait à ces tables : c’était par gourmandise. C’est pourquoi après avoir dit : « Afin que nous ne convoitions pas les choses mauvaises », en ajoutant : « Et que vous ne deveniez point idolâtres », il indique l’origine de ce crime, à savoir la gourmandise. « Car le peuple s’est assis pour manger et boire » ; puis il donne la fin : « Et s’est levé pour se divertir ». Comme les Juifs, dit-il, passèrent de la bonne chère à l’idolâtrie, il est à craindre qu’il ne vous en arrive autant. Voyez-vous comme il fait voir que ces prétendus parfaits sont plus imparfaits que les Juifs ? Et il les blesse en montrant non seulement qu’ils ne soutiennent pas la faiblesse des faibles, mais encore en faisant voir que ceux-ci pèchent par ignorance et eux par gourmandise ; et il dit que les forts paieront par leur punition la perte des faibles, et il ne leur permet point de se décharger de leur responsabilité, mais les déclare coupables de leur propre perte et de celle des autres. « Ne commettons point la fornication comme quelques-uns d’entre eux la commirent ».

Pourquoi mentionne-t-il encore la fornication, après en avoir déjà tant parlé ? C’est l’usage de Paul, quand il accuse de beaucoup de péchés, de les disposer par ordre et de les suivre en détail ; puis, à propos des derniers, de revenir aux premiers ; comme Dieu lui-même dans l’Ancien Testament, reprochait le veau d’or aux Juifs à l’occasion de toutes leurs fautes et en ramenait sans cesse le souvenir. Ainsi Paul fait ici : il rappelle la fornication, pour montrer qu’elle était aussi l’effet de la bonne chère et de la gourmandise. C’est pourquoi il ajoute : « Ne commettons pas la fornication comme quelques-uns d’entre eux la commirent, et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour ». Et pourquoi ne parle-t-il pas de la punition de l’idolâtrie ? On parce qu’elle était claire et connue ; ou parce qu’elle ne fut pas aussi grande alors que du temps de Balaam, quand les Juifs furent initiés aux mystères de Béelphégor et que les femmes madianites se montrèrent sur le champ de bataille pour les provoquer à la débauche, selon le conseil de Balaam. Que ce mauvais conseil provînt de Balaam, Moïse nous l’apprend quand il dit à la fin du livre des Nombres : « Dans la guerre contre Madian, ils tuèrent Balaam fils de Béor parmi les blessés. Et Moïse se fâcha et dit : Pourquoi avez-vous pris les femmes vivantes ? Ce sont elles qui sont devenues une pierre d’achoppement pour les enfants d’Israël selon le conseil de Balaam, de sorte qu’ils firent défection et méprisèrent la parole du Seigneur à cause de Phégor ». (Nom. 31,14-16) « Ne tentons point le Christ comme quelques-uns d’entre eux le tentèrent, et ils périrent par les serpents ».

4. Par ceci il fait allusion à un autre grief dont il parle encore à la fin, les accusant de disputer sur les signes, et de murmurer à