Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/467

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

455
Si nous sortons de ce monde après la participation de ce sacrement, nous entrerons avec une confiance entière dans le sanctuaire du ciel, comme si une armure d’or nous rendait invulnérables. Eh ! pourquoi parler de la vie à venir ? La terre même, ici-bas, devient le ciel, par ce mystère. Ouvrez donc, ouvrez les portes du ciel, regardez : du ciel, ce n’est pas assez dire, mais du plus haut du ciel, et vous allez voir ce que je vous ai annoncé. Ce que les trésors du ciel, à sa plus haute cime, ont de plus précieux, je vais vous le montrer, couché sur la terre. Car s’il est vrai que, dans un palais de roi, ce qu’il y a de plus auguste, ce ne sont ni les murs, ni les lambris d’or, mais le roi sur, son trône, ainsi, dans le ciel même, c’est le roi. Eh bien ! vous le pouvez voir ; aujourd’hui, sur la terre. Je ne vous montre ni anges, ni archanges, ni ciel, ni le ciel du ciel c’est, de tout cela le Maître et Seigneur, que je vous montre. Comprenez-vous comment ce qu’il y a dans l’univers de plus précieux, vous le voyez sur la terre ? et non seulement vous le voyez, mais vous le touchez : mais vous faites plus encore, vous vous en nourrissez, vous le recevez, vous l’emportez dans votre demeure ? Purifiez donc votre âme, préparez votre esprit à recevoir ces mystères. Si vous aviez à porter un fils de roi, avec ses riches ornements, sa pourpre, son diadème, vous rejetteriez tout ce qu’il y a sur la terre ; mais maintenant ce n’est pas le fils d’un roi mortel, c’est le Fils unique de Dieu lui-même que vous recevez, et vous ne frissonnez pas, répondez-moi, et vous ne répudiez pas tout amour des choses de ce monde ! Il ne vous suffit pas de cet ineffable ornement ; vous avez encore des regards pour la terre, et vous soupirez après les richesses, et c’est de l’or que vous êtes épris ! Quelle pourrait être votre excuse ? que direz-vous pour vous justifier ? Ne savez-vous pas jusqu’où va, contre la pompe du siècle, l’aversion du Seigneur ? N’est-ce pas pour cela qu’il est né dans une crèche, qu’il a pris pour mère une femme d’humble condition ? n’est-ce pas pour cela qu’il répondit à celui qui lui parlait d’un abri : « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête ? » (Mt. 8,20) Et ses disciples ? n’ont-ils pas suivi la même loi, logeant dans les maisons des pauvres ; l’un, chez un cordonnier ; l’autre, chez un couseur de tentes, et une marchande d’étoffes de pourpre ? Ils ne recherchaient pas la magnificence de la maison, mais les vertus des âmes. Eh bien ! nous aussi, rivalisons avec eux, ne nous arrêtant pas devant la beauté des colonnes et des marbres ; recherchons les demeures d’en haut : foulons aux pieds, avec tout le luxe d’ici-bas, l’amour des richesses, concevons de hautes pensées. Si nous avons la sagesse, toute cette beauté n’est pas digne de nous, encore moins ces portiques et ces lieux de promenade. Aussi, je vous en conjure, embellissons notre âne, c’est là l’habitation que nous devons orner, que nous emporterons avec nous en partant, pour obtenir les biens éternels, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soit, avec le Père et l’Esprit-Saint, la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il. ==HOMÉ