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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 9, 1866.djvu/468

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LIE XXV.==
MANGEZ DE TOUT CE QUI SE VEND À LA BOUCHERIE, SANS VOUS ENQUÉRIR D’OÙ CELA VIENT, PAR UN SCRUPULE DE CONSCIENCE. (CHAP. 10, VERS. 25, JUSQU’AU VERS. 1 DU CHAP. XI)

ANALYSE.

  • 1 et 2. De la conduite à tenir à la table des infidèles, en ce qui concerne les viandes consacrées aux idoles.
  • 3. Paul imitateur de Jésus-Christ. – Excellence de la vertu de Paul. – Rechercher l’intérêt de tous.
  • 4. Perfection de la vertu, la charité.


1. Après leur avoir dit qu’il est impossible de boire à la fois le calice du Seigneur et le calice des démons ; après les avoir écartés des tables sacrilèges par les exemples des Juifs, par des raisonnements humains, par nos redoutables mystères, par les pratiques des idolâtres ; après leur avoir inspiré une profonde terreur, il ne veut pas les jeter, par cette terreur, dans un autre extrême ; il ne veut pas qu’une inquiétude exagérée les force à se demander si par hasard, du marché ou d’ailleurs, il leur vient quelques mets défendus, et, pour les affranchir d’un excès d’angoisses, il leur dit : « Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous enquérir d’où cela vient, par un scrupule de conscience ». En effet, si vous n’étiez pas avertis, si vous avez mangé à votre insu, vous n’avez pas à redouter le supplice ; la faute en est à l’ignorance, non à la sensualité. Et il ne les affranchit pas seulement de cette angoisse, il dissipe encore d’autres frayeurs, il leur ménage une grande liberté, une grande sécurité ; il ne leur permet pas de discerner, d’examiner, de rechercher si telle viande a été offerte aux idoles, oui ou non ; il leur dit de manger, sans distinction, de tout ce qui vient du marché, de ne pas s’enquérir de ce qu’on leur sert, de telle sorte que mangeant dans l’ignorance ils n’aient rien à craindre. Telles sont, en effet, les fautes qui ne sont pas des fautes par nature, mais qui souillent par l’intention ; de là ces paroles : « Sans vous enquérir ». Car, dit-il, « la terre est au Seigneur avec tout ce qu’elle contient (26) » ; elle n’appartient pas au démon. Si la terre, et ses fruits, et tous ses animaux, appartiennent au Seigneur, il n’y a là rien d’impur. L’impureté provient d’une toute autre cause, à savoir de la pensée, de la désobéissance.
Aussi l’apôtre ne s’est pas borné à la permission qu’il leur donne, mais il ajoute : « Si un infidèle vous prie à manger chez lui, et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce qu’on vous servira, sans vous enquérir d’où cela vient, par un scrupule de conscience (27) ». Voyez, encore ici, sa modération : il ne commande pas, il n’ordonne pas, il ne défend pas non plus de se rendre à l’invitation. Quant à ceux qui s’y rendent, il les affranchit de tout scrupule. Pourquoi ? C’est pour prévenir l’excès d’inquiétude où la crainte jetterait les fidèles. Car cette recherche inquiète est une faiblesse et un effet de la crainte : celui qui s’abstient, après qu’on l’a averti, montre suffisamment son mépris, sa haine, son aversion, en s’abstenant. Ainsi Paul remédie à tout ; il dit : « Mangez de tout ce qu’on vous servira. Si quelqu’un vous dit : Ceci a été immolé aux idoles, n’en mangez pas à cause de celui qui vous a donné cet avis (28) ». Ce n’est pas parce que les idoles auraient une puissance quelconque, mais parce qu’il les faut détester. Donc, ne fuyez pas, comme si les idoles pouvaient vous nuire, car elles n’ont aucun pouvoir ; et d’un autre côté, par cette